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Sophie Martin, l’élégance faite chanson

Sophie Martin sur la scène de Viricelles (photo Babette Richard)

Sophie Martin sur la scène de Viricelles (photo Babette Richard)

8 février 2019, Salle des tilleuls, Viricelles (42),

 

C’est un grand risque de s’exposer à un public qui ne vous connaît pas, qui n’est pas spécialement venu pour vous mais pour celui qui suivra. Ça l’est moins quand on est en un tel endroit, à Viricelles, qu’on sait être comme non un sanctuaire de la chanson mais comme un lieu bienveillant, accueillant, au public curieux, exigeant. Et accueillant.

« Je me suis endormie du pied gauche, la lune était à sa fenêtre / Et regardait le monde d’en haut… » Sophie Martin chante depuis longtemps mais, hors sa région savoyarde – particulièrement la salle Le Rabelais, à Meythet -, est peu connue. Si ce n’est dans la sphère du jeune public où, sans être star, elle est des plus réputé(e)s. Difficile d’être à la fois « tout public » et « jeune public » : Henri Dès, Jacques Haurogné ou Aldebert vous le diront… C’eut pourtant été dommage de ne pas écouter ce répertoire-là, sensible, poétique et pour partie intemporel.

Partie seulement, car il a sa part de nostalgie, de mélancolie, de souvenirs. Notamment quand elle chante le quartier Mouffetard du début des années soixante-dix que, gamine, elle connut. Et ce lieu mythique que fut La Mouffe de Georges Bilbille, épicentre s’il est de la chanson : « Maison Pour Tous, maison pour eux / Pour les paumés pour les heureux / Les Mousquetaires de ce temps ci / Remplissaient les caddies / De poésie » (NosEnchanteurs vous a évoqué ce qu’était La Mouffe, à lire ici).

Je tiens la chanson pour ce que sont les petits cailloux blancs que sème le Petit Poucet : c’est fait pour remonter le temps, retrouver nos enfances. C’est dire si Sophie Martin nous aide dans cette tâche, noble mission, elle qui va chercher loin les émotions, les sensations : « Quand on était minots / On y faisait des barrages et des moulins à eau / Avec quelques branchages ». Vaille que vaille, maille après maille, elle « retricote le pull-over de mon enfance ».

Ça pourrait nous indifférer. Mais pas avec elle. Nous voilà complices des bonheurs de Sophie (de quelques petits malheurs aussi), pris au doux piège de ses mots, à chercher aussi en dedans de nous, des bribes de gosses, la légèreté, l’insouciance qui vont avec : ça refonce nos tempes blanchies sous le harnais. C’est chanté avec douceur, avec simplicité. Et je maintiens : avec grande complicité. On pourrait l’écouter chanter des heures entières, ici sur cette scène ou devant un feu de bois, dans l’intimité d’une amitié qui vient de naître. Sophie Martin maîtrise bien les pleins et déliés de la chanson, de comment susciter l’attention, maintenir l’adhésion.

Il y a en Sophie Martin une remarquable musicalité, presque déconcertante, comme si c’était le b.a.ba de son art : d’un public à l’autre, sa simplicité qui n’a d’égale que l’efficacité. Seule avec sa guitare (parfois elle se produit avec deux musiciens), dans son rond de lumière, elle est une part de nous, une part du temps. Précieuse, vraiment.

 

Le facebook de Sophie Martin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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