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Dick Rivers,1945-2019

Dick Rivers (détail d'une pochette de disque)

Dick Rivers (détail d’une pochette de disque)

Tout gosse, cause ou grâce à la garnison américaine basée pas loin de chez lui, Hervé Fornieri ne voit que par Elvis Presley, tant qu’il empruntera son futur pseudo, Dick Rivers, au héros d’un film où figure son idole. Tant qu’à quinze ans, il crée un groupe (ou plutôt on lui impose de le créer) comme il en naît tant en ces années-là. Ça s’appelle les Chats sauvages : il en est le chanteur soliste. Leur Twist à Saint-Tropez résonne sur la scène du Golf Drouot. La concurrence est rude avec Les Chaussettes noires, lancées quelques mois plus tôt, dont le chanteur est Eddy Mitchell. Comme pour ce dernier le groupe n’a qu’un temps et Dick Rivers s’en affranchit vite : son blaze est désormais tout seul en haut de l’affiche. Son répertoire est plus volontiers composé d’adaptations françaises, souvent approximatives, de titres d’Elvis Presley, de Bob Dylan, Gene Vincent, Johnny Cash, Carl Perkins, Roy Orbison et autres. Le succès est au rendez-vous, au moins le temps que vivra le yéyé. Les modes sont versatiles et Dick tente de résister aux vagues qui lui sont alors contraires. On le voit la décennie suivante collaborer avec Bashung et Manset, enregistrer moult grands standards étasuniens, et quelques albums plus perso. Figurer au générique de quelques films dont deux où il tient son propre rôle. On l’a vu aussi au théâtre et dans quelques films tv. Ainsi qu’en librairie, par six livres. La cruelle ironie veut quand même que, tout rockeur qu’il disait être et qu’il fut, c’est avec des slows qu’il caracola dans les cimes du hit-parade. Carrière en dents de scie qui le retrouve à nouveau sous les sunlights le temps d’une tournée commune avec Francis Cabrel, le Rock & Roll show si bien nommé, dans les années 90.

Dick Rivers enregistrera au total 33 albums studio (son dernier album, Rivers, est sorti en 2014) et 5 en live. On l’a vu récemment tout au long de la tournée Age tendre, les idoles (c’était sa seconde participation) : le dos vouté, le regard volontairement ténébreux, pour deux trois chansons seulement, de sa voix inimitable et grave il réveillait sans mal le souvenir qu’on a de lui, qui plus est avec talent.

Dick Rivers a vécu son art souvent à l’ombre, à l’insu, à l’écart surtout du showbiz : trop d’inimitiés réciproques en ont fait un tricard des médias et du métier, certes célèbre, mais tricard quand même. Souvent et à tort comparé à Johnny Hallyday et à Eddy Mitchell, toujours en dernière position dans cet illusoire trio, il en a souffert, avouant pudiquement qu’il préférait qu’on le compare à Alain Bashung.

Il est décédé le jour anniversaire de ses 74 ans.

Le site de Dick Rivers, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

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6 Réponses à Dick Rivers,1945-2019

  1. Frédéric Quinonero 24 avril 2019 à 12 h 50 min

    Merci pour l’article, Michel. Je ne sais pas si Very Dick préférait être comparé à Bashung… Je crois surtout qu’il aurait aimé être vraiment associé à Johnny et Eddy. Humainement parlant. Il aurait sûrement adoré être le troisième larron des Vieilles Canailles, la place lui revenant de droit. Il a dû en être terriblement blessé. Je suis sûr qu’il aurait voulu être leur ami.

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  2. Albert Weber 24 avril 2019 à 13 h 54 min

    Un texte plein de bon sens sur cet artiste et sa carrière « en dents de scie » comme tu le raconte avec justesse, Michel…

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  3. Chris Evans 24 avril 2019 à 15 h 58 min

    En tant que connaisseur et représentant du Rock français des années 60 (et ami de Dick) je me permet de faire quelques rectifications à ton excellent article.
    - Le nom des Chats Sauvages n’a pas été imposé (contrairement aux Chaussettes Noires).
    - Dick et les Chats n’ont jamais joué au Golf-Drouot !
    - Il n’a pratiquement jamais chanté des adaptations française d’Elvis, pas plus que de Johnny Cash, Carl Perkins (bien que sont style en soit proche) ni Bob Dylan.
    - Les années 70 lui valent ses plus grands tubes solo (Maman n’aime pas ma musique; Faire un pont).
    - Il est juste de comparer Dick à Johnny ou Eddy. Ce sont les trois Pionniers du Rock français. Même si le succès de chacun n’est pas du même niveau.
    - Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’il est eu une carrière en dents de scie. Un public plus restraint que Johnny ou Eddy mais un public fidèle pendant 50 ans !

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    • Dominique Céduy 24 avril 2019 à 16 h 14 min

      Alors pourquoi donc figurent « Les Chats sauvages avec Dick Rivers » dans le coffret « Golf Drouot / Le Temple du rock » sorti chez Universal en 2015 ?

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  4. Bertrand B 24 avril 2019 à 16 h 23 min

    Sur Le Figaro aujourd’hui : « Quand, en 1961, Jean-Claude Camus l’a découvert à Nice avec les Chats sauvages et les a fait monter à Paris, l’accueil au Golf Drouot a été plus que frais. Pour le patron de la salle, Henri Leproux, comme pour Johnny et Eddy, Dick n’était pas du cercle. À l’époque, le régionalisme était très fort. Dick Rivers était niçois. Tous les autres, Sylvie, Johnny, Eddy, Jacques Dutronc, Françoise Hardy… étaient des Parisiens et tous du IXe arrondissement. Sheila était l’une des rares à venir de la banlieue. »

    Dick et Les Chats sauvages ont donc joué au Golf Drouot dès 1961

    sur Dick Rivers – Page officielle facebook du 19 septembre 2011 :

    « Souvenir !
    Au Golf Drouot le vendredi 15 octobre 1971 : Dick Rivers n’a pas toujours été en « odeur de sainteté » dans ce temple du rock parisien où les rois étaient Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou les PIrates… Le provincial niçois y était ressenti comme un intrus. Les choses sont rentrées dans l’ordre dans les années 70 et Henri Leproux, maître incontesté des lieux, a fait la paix avec l’ex Chat Sauvage ! »

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  5. Catherine Laugier 24 avril 2019 à 19 h 24 min

    A noter dans l’album « Rivers » de 2014 la chanson « L’amour m’attendait là » signée Bob Dylan musique et textes, adaptation Francis Cabrel, d’après « Make you feel my love »
    https://www.youtube.com/watch?v=AgDxpNA4sxo
    La chanson »(J’ai vu des) rois serviles » est un texte de Moustaki, musique Areski Belkacem, et « (Dans) le rôle du rock », de Francis Cabrel paroles et musique.

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