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Mes Souliers Sont Rouges, made in Normandie

Mes Souliers Sont Rouges (photo Béa Gillot)

Mes Souliers Sont Rouges (photo Béa Gillot)

Damned ! Nous qui pensions être tranquilles et pouvoir jouir d’un repos bien mérité, les doigts de pied en éventail dans un confortable hamac, sirotant sans trop d’effort un de ces cocktails capiteux qui vous poussent à la sieste, bercés par l’intégrale de Georges Moustaki. Oublions illico ces perspectives pépères et inscrivons-nous dare-dare dans une salle de sport pour y perdre au plus vite ces kilos superfétatoires et retrouver le souffle de notre jeunesse : Mes Souliers Sont Rouges reviennent aux affaires !!!

Bien qu’officiellement séparés en 2006, après quinze années d’existence, la scène nous avait permis de les retrouver dix ans plus tard (plus de soixante-quinze dates entre 2016 et 2018). De quoi entretenir leur popularité auprès des amateurs de musique traditionnelle. Mais aujourd’hui, les petits plats sont remis dans les grands : nouvel équipage (aux deux survivants d’origine, Gullivan et Deny Lefrançois, viennent d’adjoindre trois jeunes pousses : Simon Leterrier, Eflamm Labeyrie et Jacky Beaucé), nouvel album (leur septième, le précédent datant de 2005), nouvelle tournée d’envergure.

Après le répertoire des ancêtres québécois, cajuns et irlandais, c’est vers les contrées normandes que se sont à présent tournées les oreilles affinées de nos musiciens-chanteurs. Comme un retour aux sources, le fief du groupe restant la ville de Caen. Une manière d’hommage à tous ceux qui, avant eux, ont apporté joie et fête sur leurs terres natales. Aidé par Yvon Davy, activiste en chef de « La loure » (L’association pour la préservation de la musique et de la culture orale normande), MSSR nous offre donc une collection de six chants traditionnels normands sauvés de l’oubli, revigorés, relookés, rajeunis. Et comme neufs pour les néophytes que nous sommes, ces chansons n’ayant évidemment guère eu l’occasion de franchir les frontières de leur terroir. Ajoutons-y une chanson (adaptée en français) originaire du Michigan, un titre de Haute Bretagne (le belge que je suis demanderait bien s’il y a vraiment une différence avec la Normandie, mais je m’en abstiendrai, étant après tout trop jeune pour déjà mourir…), trois morceaux instrumentaux de la plume des nouveaux venus dans le groupe, et au final, une magnifique version a cappella de leur classique Le bout du banc.

mes_souliers_sont_rougesToutes ces chansons poursuivent comme but premier de répandre de la bonne humeur. Les grincheux passeront leur chemin. Comme dans toute fête qui se respecte, l’alcool est célébré (le refrain du titre d’ouverture est explicite : Non que j’aime donc/ Que la boisson / Sans cesse), les sens sont exacerbés et la grivoiserie n’est jamais loin (je vous laisse deviner de quelles prunes il est question dans la chanson du même nom !). On y tombe amoureux d’une belle barbière pour les yeux de laquelle on monte à Paris, on se fait surprendre par une fille d’honneur bien moins niaise qu’attendu… L’humour peut se révéler noir : La mer farouche nous conte la sombre histoire d’un mari qui se retrouve à la tête d’un harem de quatorze veuves, après en avoir mangé les quatorze maris ! Et bien évidemment, le folklore n’y trouverait pas son compte s’il n’y avait un titre brocardant le clergé (Le Curé d’Argentan).

Les instruments traditionnels (guitares, accordéon, flûte…) et surtout les percussions via la podorythmie (en clair, taper du pied sur un plancher), véritable signature du groupe, s’unissent aux harmonies vocales pour mettre en valeur ces chansons retrouvées. Du travail d’orfèvre, qu’on prend plaisir à découvrir d’une oreille amusée et que l’on relance immédiatement en guise de baume au cœur.

Attention cependant : Ce qui nous lie – c’est le titre de l’album – n’est pas qu’un excellent remède à la morosité. Tout qui l’écoute risque d’être contaminé immédiatement et de voir ses jambes envahies par une colonie de fourmis. Il ne pourra les en déloger qu’en assistant à un concert de Mes Souliers Sont Rouges, la scène étant le véritable lieu de vie de tels morceaux. Qu’on se le dise !

 

Mes Souliers Sont Rouges, Ce qui nous lie, Antal Productions, 2019. Le site de Mes Souliers Sont Rouges, c’est ici.

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