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Joel Favreau, qui fait un Neuf fait un boeuf

Joël Favreau (photo Vincent Capraro)

Joel Favreau (photo Vincent Capraro)

Pour toujours, jusqu’à la fin des temps, il est et sera pour nous la deuxième guitare de Brassens sur disques et quand celui-ci passait à la télé. Nous avons ainsi fixé le visage et le talent de Joel Favreau sans trop nous apercevoir, distraits que nous sommes, du temps qui passe. C’est qu’il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis : pensez, Brassens a cassé sa pipe depuis bientôt quatre décennies… Tant que le jeune Favreau s’approche lui-même de ses quatre-vingt piges. Je ne devrais pas vous dire ça mais, de toute façon, ça ne s’entend pas à l’écoute de ce nouvel album, son neuvième de l’après-Brassens : Favreau a toujours une voix de jeune homme, définitivement intemporelle, tant que c’en est étonnant, que c’en est ravissant.

Ce qui est bien ici, c’est que c’est un disque sans enjeu : Favreau n’y risque pas sa carrière et doit se soucier comme d’une guigne des plateaux télé qu’il ne fera pas forcément. Un disque libre, des chansons légères sur certains titres, plus soucieuses sur d’autres, où le moindre brassensophile s’amusera à reconnaître les emprunts faits au maître (parfois c’est fastoche, parfois moins) qu’on prendra, c’est le cas, pour autant d’hommages à celui qui prétendait savoir mieux fumer que chanter.

cd favreau neufNul besoin cependant d’être connaisseur pour apprécier comme il se doit ce nouveau set de onze chansons, perfusées de musiques du monde dans un rendu classique, acoustique, aux arrangements signés de son fils Lucien : pardi, ça faisait vingt ans que Favreau ne nous avait pas fait le coup d’un nouvel opus et, quitte à faire, il ne nous donne ici que le meilleur de lui, des petites chansons bien troussées qui s’inscrivent pleinement dans l’idée d’un art populaire, de ces titres qui peuvent se reprendre aux lèvres du passant, se répandre aux oreilles accueillantes.

Le disque s’ouvre avec, sinon une ode à la terre, au moins des excuses à son endroit : « O ma terre, ma mère / Tu nous as tout offert / On s’est pris pour les propriétaires / On n’a jamais compris, jamais réalisé / Que sur toi, on est juste invités ». Et se poursuit pour un titre qui célèbre, lui, le cynisme avec lequel le marché s’adapte à tout : « La peur y’a rien de meilleur / Pour faire de bonnes affaires » susurre-t-il tel un chanteur de charme. S’il s’en donne à cœur joie contre les sectes de tout poil (« Coucou coucou / Y’a plein de loups-gourous embusqués partout »), s’il s’émerveille de ces milliards de cellules en lui, s’il prône le lâcher-prise (remarquez que Cloclo aussi…), il s’en revient, au moins une plage sur deux, sur le thème qu’il semble affectionner entre tous : l’amour, où il met toute son énergie, parfois des facéties : « En frottant quelques muqueuses / On s’offre un petit plaisir / Mais l’énergie fabuleuse / Qui invente le désir / Si on ose lui faire confiance / Si on peut l’apprivoiser / Elle peut nous donner la chance / D’un éclair d’éternité ». Ce Neuf, tout neuf, est un beau message d’humain, comme un cadeau inattendu. Donc précieux. Le genre de disque que tout amateur de chansons pensera d’abord à s’offrir puis, pour le plaisir du partage, à offrir à autrui. C’est d’ailleurs fait pour ça.

 

Joël Favreau, Neuf, Le sourire du chat 2019. Le site de Joël Favreau, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander cet album et le livre, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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