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Aubercail 2019. Hommage à Higelin, embarquement pour les étoiles ! [1/2]

Visuel (extrait) du dernier disque d'Higelin.

Visuel (extrait) du dernier disque d’Higelin

Mercredi 22 mai 2019, ouverture Festival Aubercail, Soirée Higelin

 

Une nouvelle édition du  festival Aubercail, c’est toujours un événement ! Une soirée d’ouverture, c’est plus fort encore ! Alors, imaginez une soirée d’ouverture du festival  Aubercail totalement dédiée à ce funambule solaire de Jacques Higelin, même Télérama disait que c’était un moment inratable, c’est vous dire.. !  Bien plus qu’un hommage compassé (en un seul mot…), c’est une délicieuse fête fraternelle (et sororale) qui nous a été offerte, avec une fougue, une tendresse et une générosité que n’aurait pas reniés Maitre Jacques… Un concert tellement riche qu’il méritera bien deux papiers successifs, tiens…

Après des années dans le cadre cosy du splendide chapiteau Magic Mirrors, c’est donc à nouveau à l’Embarcadère, belle salle moderne et spacieuse, que le festival tient ses assises.  Pour combien de temps encore ? Longtemps, espérons-le, mais il semblerait que certains partenaires institutionnels ne jouent plus le jeu comme leur mission devrait le pousser à le faire, fragilisant un peu plus un équilibre que nous sommes nombreux à rechercher avec du cœur mais, hélas, avec trois bouts de ficelles… Le prix de la liberté, sans doute ?

Quoi qu’il en soit, c’est bien d’un spectacle entre amis qu’il s’agit ce soir, une création unique et sans lendemain, pas de pathos, que des potos !  Rideaux grands ouverts, le décor bleuté encore désert à des allures de dernière Cène sur scène : face au public, une longue table, tout de velours rouge diaprée, accueille ce qui semble être les reliefs d’une bacchanale effrénée, festin partagé au milieu des restes d’une fête oublié, parsemée  de hanaps renversés, d’aiguières argentées et de constellation de guirlandes lumineuses scintillantes… Lentement apparus comme autant de convives fantomatiques, tous les artistes entonnent un sépulcral  Minimum de circonstance : Juste quand tu démarres, le minimum / Juste ce que tu sais faire / Avant de mettre à pleine gomme / Juste ce que tu sais faire, le minimum, suivi d’un tonitruant Je veux cette fille qui rappellera bien des souvenirs aux chanceux qui vécurent la version 1981 à Mogador (Mais si, avec cet hallucinant monologue de 17 minutes à propos de morpions et de gonocoques…). La force de la soirée consistera, entre autres, à panacher avec fluidité et grâce les différentes périodes higelinesques. C’est ainsi à un titre relativement récent, 7e ciel, que s’attaque sans trembler le fantasque Askehoug, parfait comme à son habitude en insecte grandiloquent et dégingandé à la présence magnétique…

Le visuel de Puyalto

Le visuel de Puyalto

L’élégant François Puyalto déploie ensuite, seul à la basse, son timbre grave et bien posé sur la mélodie épurée de Sa dernière cigarette. Et pour un instant, pour un instant seulement, il semble par un étrange renversement ressembler à son personnage de BD tel qu’on le voit sur les visuels de ses concerts…. Sans conteste, maintenant le coq chante, et le coq lui répond. La suite s’emballe de belle façon avec les flamboyantes Armelle Dumoulin et Sarah Olivier qui s’emparent toutes affaires cessantes de l’hymne martial et saccadé de Ah la la quelle vie qu’cette vie !, rap rapide qui râpe tout sans coup férir, allié aux terminaisons de ses allitérations irrationnelles et porté par les volutes grasses de la basse de Puyalto. C’est sur ce troisième titre de la soirée que seront signalés au commissariat d’Aubervilliers les tous premiers danseurs se déhanchant dans la salle. Il y en aura d’autres… Profitons-en pour rendre un hommage appuyé aux quatre musiciens campés aux quatre coins de la scène et mettant avec discrétion leurs grands talents au service des facéties de leurs petits camarades de jeu : Michel Kanuty au piano et claviers, Alexis Maréchal à la guitare, Anthony La Rosa à la basse et Yvan Descamps à la batterie. Des pointures, vraiment. Morceau de bravoure ensuite avec l’entrée en scène de la divinement déjantée Sarah Olivier, toute de lamé doré court vêtue, parfaite en Queen Kong s’en prenant à la pudeur offusquée de Mona Lisa Klaxon. Un tout petit peu moins convaincante, avouons-le, Ottilie B. délivre ensuite sa prière désincarnée sur le très beau Il n’y a pas de nom (pour le repos de son âme), d’une voix parfois un peu juste lorsqu’elle la pousse.  Mais voici que s’installe la narquoise Chloé Lacan, assise sur la table du banquet, la boite à frisson blotti en son giron, pour une tendre et merveilleuse version de la Ballade pour Izia. La chanson qui suit, sobrement intitulée Chanson, nous est offerte par le maitre de céans et de cérémonie lui-même, Thomas Pitiot très élégant en redingote de velours. Ma voisine, qui se reconnaitra, en frissonne encore… Chloé Lacan, restée en scène, s’improvise choriste et danseuse de charme et de choc, tout du long de cette belle folie contagieuse qui s’empare insidieusement de la scène et de la salle. Eh oui, la preuve est faite, et bien faite, que les étoiles sont indifférentes au chagrin… Ces mêmes étoiles, nous le retrouvons piquetées dans le velours sombre du fond de scène pour accueillir Laurent Madiot dans une version guitare/voix tout en sobriété du magnifique Je ne peux plus dire je t’aime. Sans contredit, la marque d’un grand. Pour la première fois de la soirée, la figure tutélaire (et tout en l’air) de Brigitte Fontaine semble s’inviter sur les planches à l’occasion de l’interprétation fiévreuse par Armelle Dumoulin et Kacem Mesbahi de La grippe, duo mythique entonné a cappella. Un véritable tour de force, certes un peu bancal et décousu, mais véritablement plein de charme. C’est une autre genre d’icone qui apparait ensuite : sur Je suis amoureux d’une cigarette, le taciturne et flamboyant Dimoné adopte une rock-attitude à la Bashung, saute à pieds joints sur la table, ruine allègrement la décoration et incite la public à tousser en chœur sur le refrain bronchitique du morceau.  Tousse ensemble, tousse ensemble, tousse, tousse !  Mais déjà vient le moment d’un Champagne d’anthologie entonné par mister Pitiot himself, tandis que les farfadets, chimères et gorgones, qui se reconnaitront, apparaissent et disparaissent à tour de rôle de dessous les brocards mordorés de la longue table d’apparat appariée. Et bientôt sautent en direction de la salle les bouchons de champagne ruisselants en une lupercale insensée qui aurait bien fait plaisir à Jacquot..!

Quelle plus belle façon d’annoncer un entracte bien mérité, et de vous annoncer à vous, chers Enlecteurs, une petite pause dans votre lecture et la suite très prochaine du déroulement de cette belle et roborative soirée. Car demain est un autre jour…

[La suite de cet article est à lire ici]

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Jacques Higelin, c’est ici.

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