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Alain Chamfort, soi-disant soixante-dix ans…

Alain Chambort à Bruxelles (photos Ghislain Dubailleul)

Alain Chambort à Bruxelles (photos Ghislain Debailleul)

Bruxelles, le W:Halll, 23 mai 2019.

 

Il débarque avec Le désordre des choses sous le bras, son dernier et magnifique album (on ne répétera jamais assez combien il s’agit d’un grand disque !), qui lui a valu un justifié regain médiatique et public. Voici donc Alain Chamfort. 70 berges au compteur, la peau parcheminée mais toujours l’allure d’un jeune homme, le sourire omniprésent, la timidité naturelle qui transparaît. La classe incarnée, le charme fait homme. Et des tubes à la pelle dans son sac à dos. Tout était donc réuni pour une soirée d’exception. Le bruit s’en était d’ailleurs visiblement répandu, le concert affichant complet depuis des mois !

Formule réduite pour l’accompagner, mais ô combien efficace : un batteur, un guitariste, un claviériste. Et lui-même derrière son piano à de nombreuses reprises. Aucun décor, juste une énorme toile blanche qui couvre le fond de la scène, réceptacle de l’arc-en-ciel de couleurs que les éclairages déclineront tout au long du show. Au fond, pas besoin de plus pour mettre le feu, quand on dispose d’un tel répertoire…

Le concert s’ouvre sur Exister, le plus bel extrait de son dernier opus. Exister ça te tombe dessus / Comme un grain un soir d’automne. Le constat réaliste d’un homme revenu de tout. Derrière son pied de micro, élégant comme toujours dans un costume-cravate, Alain Chamfort nous enchante d’emblée. Il enchaîne avec deux autres nouvelles chansons, Le désordre des choses, évocation du véritable maître du jeu qu’est le hasard (C’est dans le désordre des choses / Des bouquets d’atomes qui explosent / Des répulsions et des symbioses / L’univers je suppose, qui compose) et En attendant, leçon de sagesse ou de stoïcisme (Il faut bien qu’on vive en attendant / La vie nous arrive en attendant quoi / On ne sait pas bien exactement / Alors on attend en attendant). Trois titres qui se répondent et dont le rythme entraînant ne cache nullement la profondeur.

Avec sa fille

Avec sa fille Tess

Après ces nouveautés, place à quelques morceaux incontournables et attendus de tous : La fièvre dans le sang et Traces de toi (1986), Palais royal (1979), qu’il chante un ton en dessous, sa voix actuelle ne lui permettant plus d’atteindre les aigus comme jadis, Bambou (1981), Qu’est-ce que t’as fait d’mes idées noires ? (1997), Ensemble (2015)… L’éventail est large, l’artiste passant sa longue carrière en revue sans faire d’impasse sur aucun album (ou presque), allant même rechercher un titre rare, Je laisse couler, extrait de son album Tendres fièvres de 1986. Mention spéciale à son Ennemi dans la glace (1993), offert ici dans une émouvante version piano-vibraphone.

Le concert se déroule ainsi en alternant nouveaux morceaux et titres de gloire, nous menant à une première apothéose qui voit s’enchaîner Tout est pop – presque un manifeste ! – et l’inévitable Manureva, au succès intact. C’est le moment pour le public, qui n’attendait que cela, de se lever pour danser et chanter. Comme un géant, qu’Alain Chamfort interprète au piano en invitant la salle à l’accompagner, calme un peu les ardeurs, avant la surprise du jour : la montée sur scène de sa fille, Tess Le Govic (qui habite Bruxelles, nous apprendra son papa), pour une version en duo et toute en émotion des Microsillons. Est-il besoin de souligner la résonance de ce texte, déjà brillant (Passe ton doigt sur les microsillons / Autour de mes yeux le long de mon front / Les entends-tu bien toutes les chansons / Que le temps a gravé au plus profond ?), lorsque père et fille s’unissent pour le chanter ? Pour nous remettre, Le temps qui court viendra encore électriser l’atmosphère, avant la conclusion par l’étrange et envoûtant Linoleum.

Alain Chamfort sur scène, c’est 21 chansons pour 2 heures de plaisir. L’homme est affable, heureux d’être là devant un public enthousiaste qui le lui rend bien. Fidèle à son image de chanteur classieux, il pratique le second degré (il nous gratifie ainsi d’une anecdote très drôle sur la relativité de la notoriété) et use des ficelles du métier tout en nous priant de ne pas être dupe, quand il avoue avoir recours à « un vieux truc de chanteur ». Vous l’aurez compris, Chamfort sur scène, c’est comme Chamfort sur disque : du plaisir, du rythme, de l’émotion, de l’intelligence. Ils ne sont pas si nombreux à couvrir une telle palette.

 

Le site d’Alain Chamfort, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Les microsillons », avec Tess Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Alain Chamfort, soi-disant soixante-dix ans…

  1. Pichault 30 mai 2019 à 13 h 20 min

    j’<3

    Répondre

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