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Renan Luce, opération à cœur ouvert

Renan Luce (photo Julien T. Hamon)

Renan Luce (photo Julien T. Hamon)

Petite intro people : Renan Luce a épousé Lolita Séchan (oui, la fille de) en 2009. Ensemble, ils ont eu une fille en 2011. Le couple s’est séparé en 2016.

Ce n’est guère dans les habitudes de NosEnchanteurs de donner dans le ragot mondain, me direz-vous. Pourquoi alors cette mise au point ? Parce que les déboires sentimentaux sont au centre du nouvel album de l’auteur de La lettre. Disque qu’il dédie d’ailleurs à « Héloïse, où que tu t’endormes le soir » et à « Lolita, pour le vent fou qu’on aura soufflé ». Inutile dès lors de jouer les vierges effarouchées : Renan Luce a décidé de nous livrer une œuvre personnelle et intime, dont l’impudeur apparente est compensée par l’universalité du propos. C’est toujours en parlant de soi que l’on raconte le mieux les autres…

L’album n’a pas de titre, si ce n’est le nom du chanteur, en grand sur la pochette. Une photo en noir et blanc nous révèle un Renan Luce barbu, fixant l’objectif, la main sur le cœur. Loin de l’image proprette du gendre idéal que nous pouvions avoir de lui. L’homme a mûri (il vient de fêter ses 39 ans) et les épreuves qu’il a traversées semblent l’avoir rendu plus fort, plus déterminé, moins que jamais enclin à emprunter le chemin balisé sur lequel il s’était peut-être un peu fourvoyé.

Ses envies artistiques du moment ne sont guère dans l’air du temps. Pas de boucles électro, ni de duo avec un rappeur de service, mais de la musique ample portée par un orchestre symphonique, qui nous ramène tout droit dans les années 60. Bossa-nova, boléros, tangos… autant de rythmes latinos ou cubains élégants, qu’on croirait sortis d’une salle de casino grand siècle. De la variété lyrique et poétique, comme la chanson française a pu en produire à la grande époque des Bécaud, Brel ou Aznavour. Nostalgique forcément, mélancolique assurément. Le célébrissime Jardin d’hiver de Salvador n’est pas loin…

Nouvel-album-41Cette magnificence musicale habille des chansons intimes, aux textes travaillés et sensibles, à la rime recherchée. De la belle ouvrage à l’ancienne. On savait déjà l’écriture de Renan Luce riche et raffinée, légère sans vulgarité, drôle et pleine d’esprit. Des qualités toujours présentes dans cet opus, auxquelles on ajoutera une profondeur inédite. La première chanson, Au début, donne le ton : si l’on nous offrait la possibilité de reprendre à zéro une histoire d’amour, agirions-nous pareillement ? Est-ce qu’on peut reprendre au début / Reboire le vin qu’on avait bu ? / Est-ce qu’on peut reprendre à la source / Poser les pierres qui changent sa source ?

Le désamour habite d’autres morceaux, comme On s’habitue à tout (Mais ne plus dire je t’aime / S’en remet-on quand même ?) ou Le vent fou (Un vent fou s’est levé / Mais qu’est-ce que tu m’apportes, qu’est-ce que tu me veux ? / C’est trop tard pour les braises, trop tard pour le feu). La rupture est également abordée sous l’angle de l’enfant partagé (Mais nous c’est pas Berlin / Il n’y a rien qui nous sépare / Où que tu t’endormes le soir), de l’envie de solitude (Dans les lointaines lassitudes / Dans les quarantièmes décourageants / Etre avec exactitude / Le plus loin des gens), du souvenir embelli des bagarres conjugales (J’adore nos disputes / Et quand on a tout dit / J’en aime surtout la chute / Au lit), du temps consolateur (Je peux voir une silhouette qui de loin te ressemble / Mon cœur ne s’emballe plus en pensant que c’est toi)… Le disque s’achève toutefois sur une note d’espoir (A bientôt, renouveau), puisqu’il est écrit que rien ne dure toujours : A bientôt, haute mer / Le chant des chimères / Grisant et gracieux.

Ce quatrième album de Renan Luce est une jolie réussite. Bien que l’on puisse regretter que son chant, resté juvénile, ne soit pas toujours au diapason des ambiances musicales, l’artiste réussit la gageure de se renouveler sans rupture. Ceux qui l’aimaient déjà apprécieront qu’il ait vaincu sa réserve naturelle pour nous livrer son cœur avec une pudique générosité, sans ostentation aucune. Ceux qui ne connaissent de lui que l’image du fantaisiste gentillet et souriant découvriront un chanteur attachant et mature, en pleine possession de son art. Tout le monde est gagnant.

 

Renan Luce, sans titre, Barclay, 2019. Le facebook de Renan Luce, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Au début
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On s’habitue à tout
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