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Off Avignon 2019. Agnès Bihl, une heure pour la vie d’une femme

Agnès Bihl ©Vincent Capraro photo d'archives

Agnès Bihl ©Vincent Capraro photo d’archives

9 juillet 2019, l’Arrache-Cœur,

 

Une heure quand 36 heures ne suffisent pas à combler la journée d’une femme… Je n’ai pas dit de La femme, quoique…
Agnès, si on ne la connaissait pas, on la prendrait pour une poupée, avec son sourire espiègle, ses cheveux blonds, sa « petite robe noire » aux manches de dentelle. Ne vous y fiez pas, elle en a sous la dentelle, de la pugnacité, de la révolte, de l’humour et de la tendresse. « Ni parfaite ni refaite, je suis telle que la vie m’a faite ». Et du franc-parler, encore une fois pas vulgaire même si elle appelle un cul un cul et un « Merde ! » un mot. Un cul et un cœur « parfaitement imparfaits ».
A la quarantaine,  elle commence à compter les années derrière –« Ma jeunesse est une vieille copine » - les années devant – « Ho la la , ça va pas fort » et nous chante dans un train d’enfer une chanson mi Ouvrard – « J’ai la grippe a, b, c, d » mi Marie-Paul Belle,  entre hypocondrie « Une santé de fer ça finit par rouiller » et déni de la mort « Moi vivante en tout cas je ne décéderai pas. » Marie Lou Nézeys l’accompagne en courant, c’est une métaphore, au piano.

Ce qui nous rassure sur son état de santé, c’est qu’elle n’a rien perdu de sa rage contre les politiques qui remplacent les promesses par la chasse aux boucs émissaires, « Bla bla bla » sur une Marche turque (Mozart) endiablée. Chanson déjà ancienne dont l’actualité se fait plus pressante au fur et à mesure que le temps passe, entre expulsions et retraites amputées, la vie d’ordure… Lettre au Président  goguette de Vian, où le déserteur est devenu un immigré, un « Rien, rien, rien » ; chanson sur les élèves sans papiers renvoyés « chez eux », « Plus que 29 élèves dans une classe de 30 gamins (…) pour Mehdi l’école est finie. »
Elle, on l’a bien compris, elle préférerait que celui qui parte s’appelle Manu, merci Renaud.

Et que ceux qui restent soient juste des gens biens, de droite ou de gauche, peu importe, avec ou sans Bon Dieu, mais qui laissent s’aimer Roméo et Julien.

Agnès Bihl à l'Arrache-Cœur ©Alain Fabre

Agnès Bihl à l’Arrache-Cœur ©Alain Fabre

Mais une femme, un être humain, c’est aussi de l’amour. Pour l’homme qui vous quitte. Une  séparation, à laquelle elle ne se fait pas – « Il me faudra du temps pour oublier tes mains » – qui lui inspire  sur une mélodie si mélancolique, où la contrebasse  de James Sindatry pleure sous l’archet, de fulgurants jeux (tristes) de mots et de maux : « Si tu trouves mieux ailleurs je te rembourse la différence » ou « Je ne suis sûre de rien, pas même de mes doutes / Et je passe haut la main le code de la déroute ». Amour pour sa mère, qui est la plus belle comme chacun sait, ou pour  sa fille.

Voilà tout ce qu’on aime chez Agnès Bihl : la voix douce et l’émotion au sommet, l’action réaction, la douce complainte aux femmes victimes de violence Il était une femme : « elle avait qu’à pas se faire violer » . Qui un jour se réveille. « La femme objet s’est enragée ».
Et soudain l’humour désopilant et sans tabou : « Chassez le naturel, il revient au goulot » (Gueule de bois). Ce qui lui a fait trouver un slogan percutant « Moins de réseaux sociaux… plus de rosé social ! ».
Ou ces « chansons réalistes » actualisées, celle de la boulangère qui ne vend que des spécialités et refuse  de vendre  une baguette,
l’anthropophage qui se venge de son séducteur en le découpant en morceaux avant de le déguster, ou La pauvre orpheline homosexuelle, juive et noire avec un œil en moins…  

Toute la vie d’une femme, soumise en aux injonctions de perfection, qui doit tout caser, « top chrono », travail, maison, séduction, enfants. « Même si c’est pas franchement le bagne, on n’ est pas franchement libérées. »

 

Il était une femme, Agnès Bihl, 13 rue du 58° RI-Porte Limbert 06 83 45 57 71, Salle Moustaki, jusqu’au 29 juillet à 13h30, durée 1 heure, relâche le 23.

Pour préparer ce beau spectacle Agnès Bihl a été accueillie en résidence au Petit Duc  à Aix-en-Provence.

Encore quelques heures pour financer l’album d’Agnès Bihl qui doit sortir début 2020, c’est ici.
Mise à jour du 19 juillet : l’album a été financé et on attend sa sortie avec impatience !


Le site d’Agnès Bihl c’est ici
; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.


Pas encore de vidéo du prochain album.

Bla bla bla
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Ca va Manu
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