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Véronique Pestel, la poésie contre les vents mauvais

Véronique Pestel

Véronique Pestel (photo Claudine Ripoll)

Intérieur avec vue, fenêtre sur cour, fenêtre sur jardin, fenêtre sur la vie, sur les autres. « Je suis une femme qui écris devant sa fenêtre » dit-elle. D’où la chanson-titre de ce nouvel album. Le rythme de la nature va, imperturbable, dans un jardin où Véronique Pestel semble privilégier l’hiver, aux tristes parterres vides, eau gelée, branches fatiguées, toits de neiges… Là où se prépare en secret la renaissance du printemps. Le jardin est biosphère, le monde l’est tout autant que l’artiste observe pareillement. La focale tantôt s’élargit à la planète entière et aux Épidermes qui la peuplent (« C’est caramel ou cannelle / Noire ébène d’Angola […] / C’est chicorée ou réglisse / Chair, peau de pêche ou cachou / C’est pomelo, pamplemousse / Miel, maïs ou jaune franc… », chanson de Jean Duino qui trouve, plus loin, l’écho de Métisson Métissa, aux goût de pains d’épices et de chocolat), aux rejetés de l’économie (superbe reprise de Rime orpheline, de Rémo Gary : « Pauvre ça ne rime à rien… »), aux colères qu’il nous faut exprimer…

Si ce n’est ce texte de Gary, dont Pestel avait composé la musique, et encore que la pauvreté soit de tous temps, notre chanteuse se tient, comme souvent, à distance de l’actualité immédiate, prenant le recul de l’observation, de la poésie. Comme le ferait un peintre, fidèle à une nature pas si morte que cela, dont il ajouterait avec autant de parcimonie que de justesse, de justice, quelques touches colorées, de celles qui tranchent singulièrement sur la froide saison du blanc. Une poésie faite de mots simples, doux, qui, selon les chansons, sont calme ou tempête. « Je vous fis trois pour former une digue / Contre les flots qui vont vous assaillir / L’un vigilant, l’un rêveur, l’un prodigue / Croissez unis pour ne jamais faillir / Mes trois échos ! »

Interieur avec vue Veronique PestelC’est, encore une fois chez Véronique Pestel, dans un monde d’oppression et de folle déraison, un disque de grande sérénité, de plénitude… Où, à boire à cette source de sagesse, on peut y étancher sa soif et reprendre des forces. Le monde en a besoin autant qu’il a besoin d’une telle poésie, faite de rimes solidaires. Et de limpides musiques où guitares et accordéon donnent le ton, prédominent, comme dans cette chanson-titre qui valse à la manière d’un manège forain. Et ces autres titres qui parfois tangotent, feignent d’être boîte à musique, se balladent. Comme dans Le parc de Sceaux, un des deux seuls titres où Véronique Pestel retrouve son piano.

Marceline Desbordes-Valmore, Jean-Michel Piton, Jean Duino, Rémo Gary, les enfants de l’école maternelle de Domency, en Haute-Savoie, Louis Aragon et Véronique Pestel, c’est un générique de bon sens, de grande vigilance, qui signe ce dixième album de Pestel. Un album indispensable s’il sait être relayé, partagé, s’il fait contre-courant au « vent mauvais qui détourne les âmes ».Véronique Pestel a l’âme d’un Don Quichotte qui fourbit paroles et musiques pour les combats présents et à venir, fussent-ils envisagés par la seule poésie.

 

Véronique Pestel, Intérieur avec vue, La Lettre et l’air/Éditions et productions Jean-Claude Barens 2019. Le site de Véronique Pestel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là

Véronique Pestel présentera ses nouvelles chansons à La maison de l’eau, Théâtre d’Allegre les Fumades ce dimanche 20 octobre à 16h. En première partie: Jean Duino

Pas de vidéo pour l’instant sur tout ou partie de ce nouvel album. Par défaut, une vidéo sur son précédent CD, Faire autrement, de 2016 : Image de prévisualisation YouTube

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