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Izïa à l’assaut de sa citadelle

Izïa Higelin (photo non créditée)

Izïa Higelin (photo non créditée)

On connaît Izïa depuis toujours. Tout du moins est-ce le cas pour les amateurs de son Jacquot de père, qui, dans son album Illicite (1991), proposait une Ballade pour Izia, avant de nous préciser dans sa chanson Ce qui est dit doit être fait : « Le vingt-quatre / neuf / quatre-vingt-dix / Ma p’tite gonzesse a vu le jour / Dans la nuit ». Avoir sa date de naissance chantée pour l’éternité, la classe !

Mais, objecterez-vous, pourquoi parler du père alors qu’il va être question d’un disque de la fille ? Déjà que son frérot Arthur, depuis ses débuts, doit à chaque interview passer par la question obligatoire sur son géniteur, est-il besoin de récidiver avec la cadette ? Difficile pourtant de faire l’impasse, tant la figure de l’autre Grand Jacques hante l’opus, tant la relation fusionnelle entre ce père et sa fille traverse l’album, mélange de confession impudique et d’affirmation de soi. C’est ce Dragon de métal qui veille sur elle (Ton cœur comme un soleil / Irradie autour de toi / Ta liberté souveraine / Accompagne mes pas / Tant, tu me manques tant), cette Idole qui réconforte (Rien n’est plus beau / Que mon idole), ces souvenirs d’enfance en Corse (Je me souviens / Tes deux bras tendus qui me soulèvent / Quelle vie irrésistible auprès de toi / Calvi, vivants les souvenirs de nos voix), sans oublier la voix du défunt qui retentit dans le court morceau Eidarri.

Mais Citadelle – ainsi se nomme le disque – est aussi l’album de la maturité pour la chanteuse bientôt trentenaire. L’artiste s’y dévoile, vide son cœur, nous fait part de ses peurs, ses regrets, ses espoirs. Cela donne un (auto ?)-portrait d’une jeune fille à fleur de peau (Tes émotions qui montent trop vite / Les sensations retombent trop vite / Passer du rire aux larmes si vite), un hymne à une liberté révolue (Où est passé le vrai désir d’être vivant ? / Sous les pavés, la plage / Sous le sable le ciment), une croyance dans l’amour absolu (C’est le cosmos, à cause du cosmos / Que l’on s’assemble / C’est le cosmos qui nous rassemble)… L’album se clôt sur une exhorte à son nouveau-né : « Je veux que tu saches / Garder l’amour / Je veux que tu saches / Rien ne s’efface / L’amour te garde / Quoi que tu fasses ». Mort du père, naissance du fils, le cycle de la vie comme parcours artistique.

70632697_10157260706956539_1939374306207203328_oTout en saluant le frangin de passage dans le tribal et excitant Sentiers, notons encore les deux duos de l’album. L’impérial Dominique A prête sa voix grave au solennel et glaçant Esseulés, tandis que Jeanne Added rivalise d’énergie dans l’euphorique Chevaucher. Deux ambiances différentes pour deux belles réussites.

La renommée d’Izïa est probablement davantage due au cinéma qu’à la musique. Ses 3 disques précédents n’ont en effet guère marqué les mémoires, même si tout qui l’a déjà vue arpenter les planches sait quelle bombe scénique elle peut être. Il est probable que Citadelle change la donne. Cohérent de bout en bout, réalisé avec amour par Bastien Burger, variant les atmosphères, les rythmes et les orchestrations, l’album est un écrin sonore permettant au chant d’Izïa d’explorer tous les territoires. Un disque addictif, meilleur à chaque nouvelle écoute. Celui d’une artiste appelée à devenir grande.

Quoi d’étonnant ? Son papa ne nous avait-il pas avertis ? « Rien de tout ce qui m’inspire en toi / N’est plus doux que le grain de ta peau, de ta voix / Dont la magie providentielle / M’ensorcelle et m’escorte jusqu’aux portes du ciel ».

 

Izïa, Citadelle, Barclay/Universal, 2019. Le site d’Izïa, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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