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La Féline, le futur est son royaume

FELINETroisième album pour la philosophe-journaliste lyonnaise Agnès Gayraud, qui officie en tant que chanteuse sous l’élégant et mystérieux pseudo de La Féline. Un disque résolument porté vers l’avenir, avec son hublot de fusée portatif ornant la pochette et son titre qui claque comme une déclaration de foi : Vie future.

Nourrie de la science-fiction d’Arthur C. Clarke et de Ray Bradbury, inspirée des univers cinématographiques de David Lynch et de Stanley Kubrick, l’artiste ambitionne de nous faire voyager, de quitter les limites terrestres pour les infinis sidéraux, d’explorer ces contrées lointaines qu’on ne connaît qu’en rêve. C’est que le monde actuel, celui de notre triste réalité, semble bien proche de sa fin : « 2034, effet de serre, toute la terre, cimetière assuré », nous chante-t-elle dans le titre d’ouverture, Palmiers sauvages. Une terre surpeuplée et assourdissante, où le silence est devenu denrée rare (La terre entière / Résonne / Des hommes / T’es jamais tout seul / Dans le bruissement constant d’autres humains qui veillent). Un monde que l’on cherche paradoxalement à fuir à coup de décibels, comme dans le mini-film Effet de nuit, superbe chanson éthérée sur une après-soirée de transe musicale.

a1808163425_2Ce sombre futur de l’humanité vogue de conserve avec le cycle de la vie. Celui qui voit mort et naissance se télescoper. Mort d’un proche, évoquée pudiquement à deux reprises. Où est passée ton âme ? est un constat lucide (Il n’y a rien après la mort / Elle va t’emporter / Il n’y a rien que des corps) assorti d’une pulsion de vie (Je veux vivre / Et danser). Tandis que Tant que tu respires est une bouleversante déclaration d’amour à celui qui part (Demain quand tu te réveilleras / Dans ton lit de l’au-delà / Promets-moi / De ne pas pleurer pour nous en bas).

LE CONCERT . Bruxelles, Cirque royal, 14 décembre 2019. L’occasion nous a été donnée d’applaudir La Féline, programmée à Bruxelles en première partie de Renan Luce. On sait combien il est difficile d’imposer un univers quand on ne dispose que d’une petite demi-heure, en lever de rideau de la vedette, devant un public qui ne vous connaît guère et ne vous attend pas. Le défi fut pourtant relevé haut la main. C’est seule, munie de sa guitare et de séquences enregistrées, que La Féline se présente à nous, vêtue d’une splendide combinaison comme en portent dans les films les voyageurs de l’espace. Tout sourire, le verbe facile (« J’essaie de prolonger mon show avec des moments de stand-up », nous avoue-t-elle en riant), elle arrive sans peine à convaincre le public par ses quelques chansons, forcément plus incarnées en live que sur le disque. Belle présence, bon contact, très jolie voix un peu brisée, de quoi nous donner envie de la revoir pour un concert complet. Rendez-vous dès que possible. (photo Thomas Guerigen)

LE CONCERT
.
Bruxelles, Cirque royal, 14 décembre 2019,
L’occasion nous a été donnée d’applaudir La Féline, programmée à Bruxelles en première partie de Renan Luce. On sait combien il est difficile d’imposer un univers quand on ne dispose que d’une petite demi-heure, en lever de rideau de la vedette, devant un public qui ne vous connaît guère et ne vous attend pas. Le défi fut pourtant relevé haut la main.
C’est seule, munie de sa guitare et de séquences enregistrées, que La Féline se présente à nous, vêtue d’une splendide combinaison comme en portent dans les films les voyageurs de l’espace. Tout sourire, le verbe facile (« J’essaie de prolonger mon show avec des moments de stand-up », nous avoue-t-elle en riant), elle arrive sans peine à convaincre le public par ses quelques chansons, forcément plus incarnées en live que sur le disque. Belle présence, bon contact, très jolie voix un peu brisée, de quoi nous donner envie de la revoir pour un concert complet. Rendez-vous dès que possible.
(photo Thomas Guerigen)

En même temps, plus forte que tout, survient la vie. Maman depuis peu, La Féline aborde le thème par trois fois. Alors qu’il est question dans la chanson Fusée d’une naissance souhaitée ou fantasmée (Lentement / Dans mon esprit / Ce sentiment qui monte / Ce sentiment / De ce qu’on appelait la vie), la cosmique Voyage à Cythère a pour sujet l’indestructible fusion mère-enfant (Car près de toi/ C’est chez moi / Chez moi). Osmose à nouveau évoquée dans Visions de Dieu, sans religiosité aucune toutefois.

Depuis le ciel, étrange histoire à double point de vue sur une mystérieuse traque, clôt cette Vie future. Dix morceaux qui forgent un cohérent univers de pop aérienne, à la fois intime et universel. L’électro doux qui préside à l’ambiance rêveuse et atmosphérique est rétro-futuriste, à grands coups de synthés et de réverbs rappelant la musique du futur telle qu’on l’imaginait dans les années 80. L’ensemble a donc le charme et le confort du déjà-entendu. Pas révolutionnaire, mais assurément séduisant.

 

La Féline, Vie future, Kwaidan Records, 2019. Le site de La Féline, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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