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Guillo, l’homme, l’animal

Guillo ©L'œil dans la boîte

Guillo ©L’œil dans la boîte

Troisième album pour Guillo, coup de cœur du Prix Charles-Cros pour le précédent, Soulage, en 2016 (réédité au printemps suivant, dans un très bel ouvrage paru chez LamaO-Éditions). Celui-ci, Macadam animal, mérite tout autant notre attention, peut être plus encore. A l’écouter, il nous semble être la jonction idéale entre chanson et variété, l’addition entre des textes solides et des mélodies et orchestrations qui pourrait ravir bien des programmateurs : encore faut-il qu’ils daignent l’écouter ce qui est, on le sait, autre paire de manches. Toujours est-il que Guillo ne déparerait pas aux cotés de Chedid père, Cabrel ou Bénabar. Histoire de sensibilité, du talent de narration.

Chaque chanson vous tient, vous retient. Pas un mot n’y est superflu, pas une rime de trop. Des chansons qui chaque fois amènent l’émotion, la compassion, l’affirmation, la résolution… Aucune, entre ses lignes, ses notes, n’est absente d’intention. Toutes appellent débat.

Comme ce premier titre, Nous aimions la terre. S’il faut élire la chanson plus belle encore qu’une autre dans cet album, celle qu’on entendrait bien dans le poste, qu’on verrait bien reprendre en chant choral, qui nous parle d’aujourd’hui, s’il est encore temps, ce serait celle-ci : « Un âge d’or prend fin / Sur ce continent / Jours évanescents / Que sera demain ? / Nous aimions la Terre / Nous y étions nés / Nous aimions la Terre / Mais n’avons pu rester ».

Toutes sont estimables : Guillo a cet art, cette force, de nous prendre dans sa toile, de nous impliquer. Même quand il chante cette maison cédée : « Vendue, elle est bien vendue / Sur ce panneau en grosses lettres / Perdu, paradis perdu… » Mélancolie, souvenirs, « innocence perdue / et le parfum des jours de fête », des pans entiers de vie. Superbe !

a0606076876_16Même quand il tente l’émotion, pariétale mais presque, du chasseur-cueilleur au temps de la Grotte Chauvet : « Une arche minérale / D’après Néanderthal / Belle sous la canopée / Un gouffre d’émotion / Au milieu des poissons / Berceau d’humanité [...] Je veux nager au Pont d’Arc / Nu comme un ver ».

Et ce cœur qui lâche (« Il aurait dû faire des merveilles de toi / Oh mon petit frère / Loin de tout combat »)… Et l’évocation des indiens (« Libres, nous étions libres / Sauvages, nous allions si loin / Nous pouvions vivre, sans fusils, sans or et sans trains »), des indigènes… Chaque sujet, fût-il caillou, fût-il neige, fruit de textes qui se sont trouvé la juste et séduisante mélodie…

Chaque chanson est tableau scénarisé, chacune est fresque, est destin. Avec des humains qui s’y meuvent comme ils peuvent, s’y émeuvent. Sous une pluie soutenue de batterie, Le bruit des balles achève ce disque, au sens qu’il le clôt. Terrible, angoissant, implacable « parcours de santé / aux abords des bunkers / on entend siffler / on compte les points des snipers ». Il nous faut ensuite souffler, nous calmer, avant d’appuyer sur replay. Compte-tenu de certains sujets abordés, le terme est sans doute mal choisi de ma part, mais je le dis : c’est magnifique !

 

Guillo, Macadam animal, Absilone/Lyliprod 2019. Le site de Guillo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

(Noyé que je suis sous des piles de disques, remettant aux lendemains qui chantent bien des chroniques, je n’ai pas été bien rapide à poser des mots, une appréciation sur ce disque. Mes excuses à l’artiste ainsi qu’à nos lecteurs)

Nous aimions la terre

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