CMS

Cyril Adda, appréhender le monde et ses saisons

Cyril Adda (photo non créditée)

Cyril Adda ©Benjamin Chauvet

C’est un chanteur de l’entre-deux. Entre l’idée d’une chanson inaltérable et celle qu’on se fait à présent de la « pop », entre classique et moderne, chanson et variété. Non qu’elle soit variée mais qu’elle tente de séduire un plus large auditoire, celui de Vianney, de Bénabar peut-être, deux dont il a des accents dans la voix, et pas forcément par mimétisme.

C’est un album mûrement réfléchi, travaillé. Le public qui suit de près cet Adda datera précisément chaque titre, selon l’orientation, l’esprit, les ingrédients. Des choses différentes, complémentaires, qui font un album cohérent, l’ordre des titres devant y être pour quelque chose. Au trio qu’Adda (guitare, piano et programmations) forme avec Xavier Roumagnac (batterie) et Bertrand Beruard (contrebasse et basse), s’adjoignent parfois d’autres instruments : scie, cor et, sur quatre titres, l’Ensemble DécOuvrir d’Etienne Champollion.

Tout est de la plume de Cyril Adda, les mots comme les notes. Tout y est à sa place, judicieusement, précisément. On peut considérer l’ensemble mais c’est chaque chanson, séparément, qui vaut attention. De ce taulard de la première plage, qui attend un jugement décent pour un crime dont il se dit innocent, qui s’évade en pensée dans le lit de sa bien-aimée, à cet ours polaire du septième titre, qui voit la banquise se morceler, fuit la fonte pour rejoindre la foule d’un zoo.

l-ilot-cyril-addaUne des chansons traite des Actualités, de ces idées de solidarité, d’implications qui vous traversent l’esprit, soupçons d’empathie, avant de reprendre votre quotidien, bonnes intentions qui se heurtent à la crainte de perdre tout, et d’abord le confort. Mais c’est tout le disque qui, à sa façon, traite de l’actualité, pas forcément celle qui dégueule de votre écran plasma, mais la vôtre. Ce que vous êtes, comment vous le vivez. C’est flot d’idées et de doutes qui se bousculent : « Appréhender la monde et les saisons (…) Au fond de soi chercher la solution ». C’est une disque moderne, douze titres qui se posent les questions du moment : « Réfléchissons un instant / Nageons à contre-courant ».

On peut l’écouter de manière dégagée, pour le plaisir des mots qui se cognent à des sonorités, des instruments qui percutent aux bons moments, pour des déhanchements qui peuvent survenir. On peut aussi s’attarder sur chaque pièce, en tirer enseignement, presque philosophie. Sous les mots de Cyril Adda, discrètement, presque à l’insu de son plein gré, se cachent des idées, des petites graines, des germes. De tout foutre en l’air (deux titres ont pour sujet la démission). S’y cachent aussi des peurs, du fatalisme, de l’injustice, de l’impuissance, comme dans cet Oreste, tête de turc dans son collège…

Idéaliste ou soumis, l’homme que décrit Adda est faible, fragile. Ce que nous sommes souvent. Le dire, l’entendre, le chanter c’est déjà ça. Il y a, c’est vrai, du Souchon dans les chansons de ce Cyril, comme une mélancolie un peu désespérée.

 

Cyril Adda, L’îlot, All by myself/Inouïe distribution 2020. Le site de Cyril Adda, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Concert de sortie aux Trois Baudets à Paris le 25 mars 2020 

Image de prévisualisation YouTube
Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives