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Les décalés idéaux des Facteurs Chevaux

Facteurs Chevaux (photo non créditée)

Facteurs Chevaux (photo Julien Benard)

On connaît le dicton : « la mode, c’est ce qui se démode ». Nul doute que jamais Facteurs Chevaux ne sera confronté à cette réalité, tant le duo, composé de Fabien Guidollet et Sammy Decoster, découvert en 2016 avec son premier album La Maison sous les eaux, semble n’avoir que faire du moment présent. L’intemporalité est définitivement son royaume.

Son nouvel opus, disponible en téléchargement depuis le 8 mai et en CD et vinyle à partir du 12 juin, s’intitule Chante-Nuit. Un titre opportun : le chant y est mis en valeur par les arrangements acoustiques et épurés, et la nuit est sans aucun doute la période idéale pour s’y plonger. C’est que Facteurs Chevaux ne nous propose pas de ces musiques industrielles qu’on écoute distraitement tout en vaquant à ses occupations, mais bien de la chanson en circuit court, à haute teneur contemplative, qui demande le calme et la quiétude pour être appréciée. Zen, soyons zen, comme le chantait telle autre…

Le livret est ornementé d’une splendide fresque signée Noémie Boullier, convoquant dans un bleu nocturne d’étranges personnages et un bestiaire d’apparence andine. On y apprend que l’album a été écrit et composé lors d’une résidence artistique au Palais idéal du Facteur Cheval. Comme une évidence. Comme si l’art du bâtisseur fantasque rejoignait celui du duo, dans leur amour commun de la nature, dans leur maîtrise artisanale, dans leur goût du peaufinement… L’enregistrement, quant à lui, a eu lieu sous la férule de Jean-Baptiste Brunhes (compagnon de route de Bertrand Belin, Emily Loizeau ou Arthur H), dans un atelier désaffecté de la manufacture Bohin, fabricant à l’ancienne d’aiguilles et épingles. Rien d’étonnant quand on sait la volonté du groupe d’aller chanter dans les lieux ruraux et désertés du show-biz : ateliers, moulins, granges… Anecdotique ? Plutôt révélateur de la cohérence du projet artistique et humain qui anime nos deux artistes.

FacteursChevaux_ChanteNuit_HDPour le reste, nul besoin de revêtir un pantalon de velours côtelé et de ne se nourrir que de quinoa estampillé bio pour apprécier ce Chante-Nuit. Il suffit d’avoir l’esprit ouvert et d’être disposé à s’abandonner. Les aiguilles de l’horloge tourneront à l’envers et vous serez ramené en des temps lointains, celui des trouvères et troubadours. Le folk des Facteurs Chevaux, à l’instar de celui d’un Angelo Branduardi, semble venir de si loin qu’il s’est paré des atours de l’éternité. Les textes, tout en poésie sylvestre, évoqueront le ciel et les étoiles, les montagnes et les rivières, la brume et les rivières… Il y sera question de voyage, de monde perdu, de contrée mystérieuse à gagner, de maison où attendre… Des paroles aux allures de contes ou de paraboles, qui parlent à la chair plus qu’à l’esprit. Voix et notes se mêlent et s’entremêlent, dans la sérénité et l’harmonie, loin de l’agitation des hommes et des tourments du siècle. Après quelques minutes d’acclimatation, qu’il est doux de s’abandonner à ce pèlerinage en soi-même.

Les chansons de Facteurs Chevaux paraîtront certes anachroniques aux tenants de la modernité. Dame, des mélodies soyeuses qui se contentent de l’essentiel, pures et lisses comme un galet ! Deux guitares et deux voix, sans gimmick ajouté ou programmation surproduite. Des chansons calmes et lentes, qui n’incitent guère à taper du pied. Démodé ? Plutôt hors mode. On en revient au dicton du début.

 

Facteurs Chevaux, Chante-Nuit, La Grange aux Belles/Modulor, 2020. Le facebook de Facteurs Chevaux, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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