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A la recherche du chanteur perdu

Didier Tronchet (Ed. Dupuis / Photo non créditée)

Didier Tronchet (Ed. Dupuis / photo non créditée)

Une fois n’est pas coutume, parlons bande dessinée sur NosEnchanteurs et offrons-nous une escapade dans le pays du 9ème art. L’occasion ? Un livre paru début mars 2020, intitulé Le chanteur perdu. Titre prédestiné pour figurer dans votre web-magazine favori, non ?

Son auteur ? Didier Tronchet. Nul besoin de le présenter pour les bédéphiles amateurs d’humour, qui le vénèrent et le placent bien haut dans leur panthéon rigolo. Dame, c’est qu’il est l’auteur de 2 séries qui en auront expédié plus d’un au septième ciel de la poilade. D’une part, l’inénarrable et surréaliste Raymond Calbuth, sauveur de l’humanité depuis ses pantoufles et son appartement à Ronchin. D’autre part, le tombé de ces dames number one, expert ès râteaux et roi de la lose, le bien nommé Jean-Claude Tergal. A ces deux séries-phare, on ajoutera une multitude d’albums, tous hautement recommandables. A l’instar de son dernier ouvrage, qui mérite amplement une place de choix dans toute bibliothèque qui se respecte. Et si l’amateur de bandes dessinées se double d’un amoureux de la chanson, il fera deux fois mouche.

117229105_1407476752778732_4928345874679452138_nLe chanteur perdu nous narre l’histoire de Jean, bibliothécaire en burn-out. Voulant redonner un sens à sa vie, il décide de partir à la recherche de Rémy Bé, chanteur de sa jeunesse, dont plus personne ne semble connaître l’existence. Pour ce faire, un seul indice : la photo de la pochette du 33 tours de l’artiste, qui le représente avec le viaduc de Morlaix en arrière-plan. Maigre départ pour une enquête qui le mènera au final à Madagascar, retrouvant la piste du disparu par une analyse attentive des paroles de ses chansons, remontant à la source au fil des rencontres avec ceux qui l’ont côtoyé le temps de sa courte carrière.

Nul besoin d’être fin connaisseur de la chanson pour apprécier cette histoire captivante, riche en rebondissements et gorgée d’émotion sous un mince vernis d’humour. On suit avec autant d’intérêt que de tendresse les soubresauts de l’enquête menée de main de maître par ce bibliothécaire si attachant, au regard ironique sur les choses et sur lui-même, tentant de retrouver son idole sans être dupe de la vanité de cette quête. On apprécie les personnages secondaires rencontrés en chemin, pittoresques sans être caricaturaux. On rit de quelques traits saillants d’humour noir (« Je suis venu pour l’enterrement de ma sœur. Elle faisait de l’accompagnement de mourants, mais là, elle est allée trop loin, je trouve… »). On écrase même une larme sincère sur la scène finale, tout en émotion retenue.

LE CHANTEUR RÉAPPARU Sous ses dehors de fiction, l’histoire du Chanteur perdu prend appui sur la réalité. L’enquête de Jean, Didier Tronchet l’a vécue dans les grandes lignes. Sauf que ce chanteur, qui l’avait tant marqué dans sa jeunesse, ne se nomme pas Rémy Bé, mais Jean-Claude Rémy. C’est un auteur-compositeur qui, de 1975 à 1978, a publié deux 33 tours et un 45 tours, produits par Pierre Perret. Pas de ventes spectaculaires, mais un succès d’estime certain, qui laissait augurer du meilleur. Sauf que l’intéressé a tout laissé tomber pour partir à l’autre bout du monde, aux Comores, et devenir moniteur de plongée. Laissant ici des admirateurs désappointés, tel le héros du livre, qui se transmettaient des copies de ses disques, comme un précieux trésor, un secret bien gardé. Miracle de l’internet, on trouve aujourd’hui sans difficultés ses chansons sur Youtube, qui poursuivent de plus belle leur une vie souterraine. On peut y écouter également des titres récents, car Jean-Claude Rémy – devenu slameur amateur – n’a jamais laissé tomber sa plume. Le chanteur-culte fera-t-il de nouveaux adeptes ?

LE CHANTEUR RÉAPPARU
Sous ses dehors de fiction, l’histoire du Chanteur perdu prend appui sur la réalité. L’enquête de Jean, Didier Tronchet l’a vécue dans les grandes lignes. Sauf que ce chanteur, qui l’avait tant marqué dans sa jeunesse, ne se nomme pas Rémy Bé, mais Jean-Claude Rémy.
C’est un auteur-compositeur qui, de 1975 à 1978, a publié deux 33 tours et un 45 tours, produits par Pierre Perret. Pas de ventes spectaculaires, mais un succès d’estime certain, qui laissait augurer du meilleur. Sauf que l’intéressé a tout laissé tomber pour partir à l’autre bout du monde, aux Comores, et devenir moniteur de plongée. Laissant ici des admirateurs désappointés, tel le héros du livre, qui se transmettaient des copies de ses disques, comme un précieux trésor, un secret bien gardé.
Miracle de l’internet, on trouve aujourd’hui sans difficultés ses chansons sur Youtube, qui poursuivent de plus belle leur une vie souterraine. On peut y écouter également des titres récents, car Jean-Claude Rémy – devenu slameur amateur – n’a jamais laissé tomber sa plume. Le chanteur-culte fera-t-il de nouveaux adeptes ?

Le passionné de chanson – celle des années 70 surtout – trouvera dans la lecture du livre un plaisir supplémentaire. N’y voit-on pas le narrateur, dans sa jeunesse rebelle, écouter Jean-Michel Caradec ? N’assiste-t-on pas à un duo aviné sur l’air de Je suis malade de Serge Lama ? L’enquête de Jean lui fait découvrir à titre posthume l’œuvre de Raoul de Godewaersvelde et lui permet de rencontrer Pierre Perret, en chair, en os et en malice. Quant à l’ombre de Brassens, elle plane sur le récit, fantôme bienveillant et tisseur de liens d’amitié, même à l’autre bout du monde.

Le chanteur perdu, en sus d’être surprenant de bout en bout, nous berce d’une douce nostalgie pour un temps révolu. Il nous rappelle l’importance des chansons dans la construction de sa personnalité, l’immortalité des passions de jeunesse, l’importance des paroles, pour l’auteur comme pour l’auditeur. Toutes choses que les lecteurs de NosEnchanteurs savent déjà, mais qu’il est bon de remettre en mémoire de temps à autre.

 

Didier Tronchet, Le chanteur perdu, Aire Libre 2020. Sur le site de l’auteur, la page spécialement consacrée au chanteur perdu, c’est ici. Et pour en savoir plus sur Jean-Claude Rémy, c’est là.

 

Jean-Claude Remy « Les corniauds » : Image de prévisualisation YouTube

 

 

 

 

 

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