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Annie Cordy, 1928-2020

Annie Cordy (détail d'une pochette de disque)

Annie Cordy (détail d’une pochette de disque)

On a tous en nous un peu d’Annie Cordy. Mais laquelle ? À NosEnchanteurs, on a tous la sienne, et parfois plusieurs à la fois. Parce qu’on est plus jeune ou plus âgé ; parce qu’on est belge, les autres non ; parce qu’on est « revue à grand spectacle » ou pas, un peu « séries télé » ou plus « cinéma », carrément « variété »… Pour moi, ce sont les soirées télé des Carpentier et de Guy Lux, ou le midi chez la grande nunuche que fut Danièle Gilbert. C’est La bonne du curé, derrière le presbytère : « J’voudrais bien / Mais j’peux point… »

Annie Cordy, ce fut selon les époques tout et son contraire. Mais d’abord et avant tout une femme de scènes (pour le coup, ça se conjugue au pluriel), de shows, une grande dame de nos divertissements familiaux, opérette ou variétoche. C’est et ça restera une exemplaire et enthousiasmante légende du showbiz.

Léonie Cooreman – c’est elle – est née en juin 1928 à Laeken, en Belgique. C’est à l’écoute de la TSF, fond sonore de toute son enfance, qu’elle prend goût à la chanson, la fait sienne. S’enchaînent des concours, des radio-crochets. Tant qu’on la remarque, que les professionnels la découvrent… Elle débute au Bœuf sur la toit, à Bruxelles ; est vite engagée au Lido, à Paris, comme meneuse de revue. Puis c’est le Moulin rouge. Longtemps, elle mène une carrière faite tant de comédies musicales (comme dans La route fleurie, avec Georges Guétary et Bourvil) que de chanson de variété : ce sont parfois, souvent, des chansons extraites de ces comédies qui deviennent les grands tubes du moment : Les trois bandits de Napoli, La ballade de Davy Crockett, Hop diguidi… Les titres se suivent, chefs d’œuvre ou navets, qui, pour la plupart, s’inscrivent dans notre mémoire : Hello le soleil brille, Salade de fruit… Elle enregistrera plus de cinq cent titres, chantera plusieurs dizaines d’opérettes…

Caricature de Lebon

Caricature de Lebon

La télévision la demande, elle y sera une des vedettes les plus présentes, dans ce rôle de clown, de fantaisiste qu’on lui connaît mais qui n’est pas forcément le meilleur d’elle, quoique. Qu’importe, elle est woman-show, marchande de bonne humeur, elle qui, d’une simple apparition dans l’écran cathodique, nous guérit de la grisaille du quotidien. Elle présentera même des émissions tv, en Belgique comme en France.

Annie Cordy tâte aussi, avec succès critique et public, au métier d’actrice. Au théâtre, au cinéma (Le passager de la pluie de René Clément, Le chat de Pierre Granier-Deferre, Rue Haute d’André Ernotte, Elle court elle court la banlieue de Gérard Pirès… Les souvenirs de Jean-Paul Rouve, où, en 2015, elle tient le rôle principal, puis Le cancre, de Paul Vecchiali).

Ainsi mène-t-elle sa carrière, avec des hauts, pas de bas. En 1998, sur la scène de L’Olympia, elle fête tant ses soixante-dix ans que ses cinquante ans de carrière. Puis enchaîne des galas et des pièces de théâtre, pour de nombreuses autres tournées. Elle aime tant la scène qu’elle participe par trois fois aux saisons de la tournée Âge tendre et tête de bois. Son dernier album original sort en 2012, avant de faire, deux ans plus tard, un album de chansons de Noël : elle a alors 86 ans.

Ultimes passages en studios en 2015, où elle y fait un duo avec Michou, participe au disque collectif Joyeux anniversaire m’sieur Dutronc. Et enregistre, en duo avec Cyrille Gallais, une reprise de L’Indifférence de Gilbert Bécaud. Ce même Cyrille Gallais qui a mis en chantier un film sur Annie Cordy, dont il nous disait au début de l’été qu’il avait pris un peu de retard mais qu’il devrait être terminé pour l’automne. Sa copine Annie n’en verra pas la version finale…

Revisiter en un article l’ensemble de l’exemplaire carrière d’Annie Cordy est utopique : l’artiste fut comme un diamant, avec des tas de facettes dans lesquelles se mire la lumière. Pour aller plus loin, on se contentera de lire ou relire Que la vie est belle, son autobiographie de 2013.

Au revoir et encore merci, madame Cordy !

 

« Hello Dolly » : Image de prévisualisation YouTube

opérette « La route fleurie » avec Georges Guétary : Image de prévisualisation YouTube

« La bonne du curé » : Image de prévisualisation YouTube

« L’indifférence » en duo avec Cyrille Gallais : Image de prévisualisation YouTube

4 Réponses à Annie Cordy, 1928-2020

  1. NosEnchanteurs 5 septembre 2020 à 18 h 32 min

    Lu sur la page facebook de Marcel Amont :

    Annie Cordy vient de nous quitter.
    Nous avions le même âge et, venus l’un comme l’autre à Paris tenter notre chance au début des années 50 , nous avons croisé les mêmes personnages, fréquenté les mêmes artistes, parcouru les mêmes scènes ; mais ce n’est pas ce qui nous rapprochait le plus ; je l’admirais car, sans jamais y perdre de son élégance, elle s’inscrivait avec talent dans la pure tradition des fantaisistes du music-hall de papa -ceux dont l’ambition est d’apporter de la bonne humeur aux publics les plus variés- (distraire les braves gens, leur faire oublier passagèrement leurs soucis, ce n’est déjà pas si mal, pour un artiste !). Annie communiquait la joie de vivre, même quand elle était elle-même dans les soucis, voire le chagrin. Qu’elle en soit mille fois remerciée…
    Nous nous téléphonions souvent et, quand elle passait par Paris, sa gentillesse et sa bonne humeur coutumières faisaient de ces rencontres des moments privilégiés.
    Adieu Annie, ma grande sœur, comme tu vas nous manquer !
    MARCEL AMONT

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  2. Claire Sylvie Vincensini 5 septembre 2020 à 19 h 13 min

    Son talent c’était sa jeunesse permanente.
    J’étais plutôt catastrophée par Tata yoyo and Co….
    C’était une femme solaire pétillante émouvante
    Grosse vedette évidemment.
    Ton papier est très tendre, Michel, comme tu as raison.

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  3. Michel Ogulinac 7 septembre 2020 à 13 h 49 min

    Une grande dame qui elle aussi à marqué des générations, des jeunes années de la Libération, à il n’y a pas si longtemps, populaire au vrai sens du terme, elle a enflammé nos fêtes estivales, nos concerts, par son dynamisme, son optimisme, elle rejoint Edith, Yvette, bref un bon trio des arrivées de tours de France… Au revoir Annie.

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  4. el bihane 7 septembre 2020 à 17 h 47 min

    Annie,

    Poétesse toute en simplicité,
    regard aimant, aimant de l’humilité,
    savoureuse rose et bonheur partagé,
    je pleure ton départ et souris à ta pensée !

    Affectueusement
    Keke

    Répondre

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