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Du Dac au Dac

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Que voilà une excellente initiative de la part de notre label favori EPM ! Quoi d’étonnant d’ailleurs de la part de cette fine équipe, si soucieuse à la fois de sauvegarder notre patrimoine et de promouvoir une certaine chanson de tradition ?

Voici donc que nous arrive un triple CD, quasi une intégrale, pour nous remettre dans les oreilles la voix d’un chansonnier un peu oublié aujourd’hui, totalement inconnu des jeunes générations, mais dont l’influence fut incontestable sur des artistes comme Coluche, Jean Yanne ou Pierre Desproges. Le meilleur de Pierre Dac, tel est le titre de la chose. Un intitulé qui claque comme un slogan publicitaire, sans qu’il y ait tromperie sur la marchandise.

Qu’a surtout retenu la postérité de l’œuvre foisonnante de Pierre Dac ? Quelques pensées et aphorismes d’une drôlerie et d’une efficacité sans âge : « Un homme parti de zéro pour arriver à pas grand-chose n’a de merci à dire à personne » ; « Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir » ; « En hiver, ce n’est pas parce qu’on dit « fermez la porte, il fait froid dehors », qu’il fait moins froid dehors quand la porte est fermée »… Un sketch avec son comparse Francis Blanche, enregistré lors d’une soirée bien arrosée de 1962 : Le Sar Rabindranath Duval. Quelques chansons enfin, connues dans leurs versions enregistrées par Les Quatre Barbus : Honneur aux Barbus, La pince à linge, Chant d’allégresse, La Tyrolienne haineuse (reprise par Juliette voici quelques années) et – sur l’air du Boléro de Ravel – son célébrissime Parti d’en rire.

Tout cela se retrouve bien évidemment dans ce mini-coffret et en justifie déjà l’acquisition. Il serait toutefois bien sot de s’en contenter. Le 1er CD exhume en effet de véritables documents, à la fois artistiques et historiques. Y figurent des sketches des années 30, enregistrés sur scène ou à la radio (dont Pierre Dac fut l’un des pionniers et une des stars dans les années 50 avec son mythique feuilleton Signé Furax). Y sont surtout reprises quelques-unes de ses interventions à Radio-Londres, qui nous replongent en 1943-1944. Le chansonnier résistant, réfugié en Angleterre – non sans mal, puisque son périple l’avait d’abord amené à goûter aux charmes des prisons espagnoles – , y descendait allègrement les collabos, sur des chansons connues ou traditionnelles réadaptées (Les gars de la vermine, au lieu de ceux de la marine…) ou au gré de fausses interviews ou conférences. L’humour peut être une arme redoutable. Pourtant, c’est sur un texte poignant que s’achève ce premier volume, avec Bagatelles sur un tombeau. Pierre Dac, accusé par Philippe Henriot de ne rien connaître de la France en raison de sa judéité, y réplique avec dignité au collaborateur, rappelant la mort de son frère au champ d’honneur durant la grande guerre et lui promettant in fine un trépas par fusillade (qui arriva d’ailleurs deux mois plus tard).

Les deux autres CD nous proposent, outre ses faits d’armes les plus connus évoqués ci-avant, d’autres sketches et monologues, enregistrés en solo ou en duo avec Francis Blanche ou Paul Préboist. On notera aussi une curiosité : une charmante chanson, Monsieur Maurice, interprétée par Francis Lemarque, qui nous fait regretter que le chansonnier n’ait pas davantage creusé cette veine poétique.

De 50 à 90 ans plus tard (le premier enregistrement date de 1930, le dernier de 1970), l’humour loufoque de Pierre Dac tient-il toujours la rampe ? Il serait illusoire de prétendre que ces différents sketches n’ont pas pris une ride. Certaines œuvres sont indéniablement frappées d’obsolescence. Car si les traits d’esprit ironiques et les calembours n’ont pas d’âge, il est difficile aujourd’hui de supporter 23 minutes de dialogues récités d’une voix monocorde, aussi fins et littéraires soient-ils ! Mais heureusement restent toujours les fulgurances, les formules-chocs intemporelles, les traits surréalistes… Et un personnage hiératique, débitant absurdités et loufoqueries d’une voix sans effets et avec le plus grand sérieux (son sketch sur le Biglotron est un modèle du genre). Rock‘n Roll ? D’une certaine manière, comme un Boris Vian peut toujours l’être !

Pierre Dac ? Un auteur aussi indémodable que démodé.

 

Intéressé par cet artiste polyvalent ? Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme vous propose, jusqu’au 28 février 2021, une exposition intitulée Pierre Dac. Du côté d’ailleurs. Une plongée dans sa vie publique et privée, un survol complet de sa riche carrière dans tous ses aspects. Vivement la réouverture des musées ! Renseignements ici.

Pierre Dac, Le meilleur de Pierre Dac, EPM/Universal, 2020.

« Le parti d’en rire » : Image de prévisualisation YouTube

«  L’humoriste juif Pierre Dac cloue le bec au propagandiste de Vichy Philippe Henriot  » : Image de prévisualisation YouTube

« Les Quatre Barbus : Tyrolienne haineuse » : Image de prévisualisation YouTube

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