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AnneliSe Roche… La force de la douceur

AnneLise Roche (photo Anne-Marie Panigada)

AnneliSe Roche (photo Anne-Marie Panigada)

D’AnneliSe beaucoup aura déjà été dit ici, et la place qu’elle occupe dans le cœur de NosEnchanteurs est grande, en témoigne celle qu’elle prit dans notre palmarès des concerts 2019 devant bien des artistes confirmés. Nous avons salué à maintes occasions la qualité de son parcours sans faute, la pertinence de son écriture, la justesse de sa présence. D’Agend’Arts à Pourchères, du Théâtre Clavel à Thou Bout d’Chant, elle aura marqué le public, suscité l’émotion. A l’heure où de grandes voix de la chanson se sont tues – Anne Sylvestre, Morice Bénin… – elle en assume l’héritage sans jamais les trahir, se trahir, avec sincérité et authenticité.

C’est donc avec bonheur, dans cette période où les salles restent obstinément obscures, qu’arrive ce petit opus, six titres comme autant de traits de lumière, pour nous consoler d’être privés de ce si doux sourire, de son éclat. Après Portraits sorti en 2017 où elle nous faisait découvrir les multiples facettes qui façonnent son identité, mêlant souvenirs d’enfance, impressions poétiques et détails du quotidien, AnneliSe nous convie cette fois dans ce 6 rue du chêne, maison qui fut celle de sa jeunesse. Avec cette âme de conteuse, qu’elle tient de belle lignée, elle nous y fait entrer à pas feutrés. Dans ce lieu, nul besoin d’effraction, on y pénètre sur son invitation pour une promenade sereine dans son jardin secret. Là est tout le charme d’AnneliSe, la douceur de sa voix, la finesse du trait et une force d’évocation qui donne vie à chaque objet, chaque lieu, chaque pièce pour un voyage dans une intimité qui, par magie, fait écho à notre chemin personnel.

Avec elle, les mots sont déjà de la musique mais elle ne se contente pas de dire, elle sait aussi les chanter, les arranger avec justesse. Ainsi AnneliSe continue le parcours avec un joli portrait chinois (Si j’étais je serais) florilège d’images délicates qui se conclut ainsi : Si j’étais une part d’impossible/ Je serais légère et éloignée/ Si j’étais un regret terrible/ Je serais des mots à effacer. Non ici rien n’est à effacer, toute la place est pour la beauté, que ce soit dans cette mystérieuse présence cachée dans les petites choses qui fait danser la vie sur des accents de musique traditionnelle ou dans cet hommage rendu à l’ondée, à l’averse, plein de fraicheur, tour à tour ludique et mélancolique (Ma pluie).

CD AnneliSeAnneliSe est rêveuse, de toute évidence, mais sait aussi nous faire frissonner avec un appel vibrant (Faites-moi pleurer), l’envie de se laisser submerger par l’émotion, le cœur à vif, de s’abandonner : Faites-moi lâcher/ Mes meutes d’émotion/ A trop fuir le frisson/ On a peur d’éprouver. Au détour d’un portrait (Maryline), elle s’engage et s’indigne de la condition des femmes, de ce harcèlement ordinaire, de cette oppression quotidienne et sonne, avec humour, l’heure de la résistance.

Quant aux musiques, qu’elles soulignent le texte ou accompagnent la voix, enjouées ou nostalgiques, elles habillent avec soin chaque titre lui donnant son rythme, sa tonalité, son humeur. Il faut dire qu’AnneliSe ne se contente pas d’être conteuse, chanteuse mais est aussi musicienne, passant de la guitare au piano, ponctuant parfois les mots d’un solo de clarinette. Elle possède aussi un sens du collectif, du partage, du compagnonnage et s’est entourée ici d’une fort belle équipe : Pierre Chéneau (guitare), Louis Roudaut (guitare), Teddy Merchadier (basse), Laurent Machabert (accordéon), Fanny Claire (violoncelle), Jean-David Rochoux (flûte traversière), Jonathan Mathis (accordéon, percussions), Yves Marie Bellot (chœurs) et Anouk (bruitages, rires). Saluons aussi la réalisation graphique de la jaquette de l’album par l’Atelier Mycellium, illustration signée Alexia Bastet, pleine de fantaisie et de poésie qui, bien avant l’écoute, nous ouvre le chemin vers le monde d’AnneliSe.

Tous ceux qui ont eu le bonheur de la voir en scène ont vécu ces instants comme rares, eu la sensation d’assister à une éclosion. Ce disque est une confirmation. Quelle maturité derrière cette apparente fragilité ! Quelle force sous cette douceur ! Je ne sais si « la beauté sauvera le monde » mais elle peut, en quelques instants, le rendre plus vivable. Et cela est déjà un miracle !

 

AnneliSe Roche, 6 rue du chêne, autoproduit 2021. Le site d’AnneliSe Roche c’est ici (où on peut se procurer l’album) ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Fais-moi pleurer » : Image de prévisualisation YouTube

« 6 rue du chêne » : Image de prévisualisation YouTube

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