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Les Abeilles aussi : le contrepoint arrive à point !

Anne et Françoise (photos Collection personnelle Anne Pia)

Anne et Françoise (photos Marie Baudin)

Les Abeilles aussi (Anne Pia et Françoise Tettamanti), 26 mars 2021, MJC de Pacé (Ille-et-Vilaine),

 

Certes des masques, certes de la distance « sociale », mais de vrais fauteuils, de vrais gradins, une vraie salle de spectacle. Même si c’est en après-midi, sur invitation, tout au plus une trentaine de personnes… Un an que cette pandémie a anéanti nos habitudes de spectateurs… un an de culture réduite au silence, au bricolage seul à la maison pour une diffusion sur sa page Facebook en direct de sa cuisine ou de son salon… C’est dire si, là, quand le noir se fait, quand les projecteurs s’allument et que les premières notes du piano se font entendre, c’est autrement magique ! On oublie tout et on plonge dans l’univers de ces deux femmes complices. Cheveux rouges et habits noirs pour Françoise, cheveux blancs et robe rouge pour Anne, tout a été travaillé ! Un décor à la fois minimaliste et chaleureux nous autorise le voyage. Ça commence d’ailleurs par un départ :  » Je Te quitte, je te plante … là ! « … tout en laissant avant de partir les instructions pour le jardin :  » le plan des fleurs « . Le ton est à l’humour, la légèreté, le quotidien revisité ! De l’ampoule à changer en passant par la cocotte minute. On rit et on sourit de nos petits travers, qui sont mis en lumière par cette écriture acidulée qui explique comment la colère contre l’autre est déclenchée par nos propres angoisses ou nous promène dans cette chronique du temps qui passe où, à tous les ages de la vie, il faut «  changer l’ampoule ».

Anne 3 (1)De ces petits séjours à l’intérieur de l’âme humaine aux grands voyages, des rues de Rennes à Barcelone et du XXe arrondissement d’Abdel à Ouagadougou, cette succession d’histoires, de tableaux peignent des tranches de vie et dépeignent l’absurdité de certaines situations : « La rumeur, la rumeur, est née au petit jour … / Aussitôt elle file et s’échappe et s’allonge / Elle grandit, vit sa vie / Elle exagère, elle dramatise /…à mesure qu’elle avance / Elle prend de l’ampleur / Du coffre de l’assurance / C’est selon les humeurs /…….. Et là, Et là / Allez savoir pourquoi / La rumeur se dilue / Se dissout, disparaît. / Il en restera une anecdote / Au mieux, un bon souvenir… »

Parmi ces chansons où l’humour et la tendresse nous mettent en joie, nous font rire et sourire, quelques perles d’émotions pures qui nous feraient plutôt verser quelques larmes, même si elles viennent de la joie d’être maman : « Dans le boeing Ouaga-Paris / Petit oiseau / Contre mon cœur, ton cœur crépite, / Et bat si haut / Je t’emmène au-delà des mers / Je suis maman / J’ai peur, j’ai froid sous mes paupières / Là mon enfant / Petit garçon burkinabais / Grand homme intègre / Fais que le territoire français / Adopte / L’homme intégré ». Émotion plus sombre dans Contrepoint, la chanson-titre de ce spectacle, qui, elle, évoque le vide laissé par la disparition d’une sœur aimée : «  Ma sœur, ma Douce, ma frangine / Ma moitié, ma silencieuse / Mon cœur troué, mon aubépine / Garde moi une place cotonneuse / La vie résonne douloureuse / La vie reprend engourdie / La vie revient, l’enjôleuse / La vie revit avertie « . D’une émotion l’autre, on accueille aussi le jardin disparu dans le trou dans le mur qu’on croyait sorti de l’imagination d’une grand-mère à la mémoire défaillante. Un clin d’oeil en hommage à une grande Dame disparue : Petit bonhomme, d’Anne Sylvestre, complète merveilleusement bien le tableau. Ce spectacle, qui nous emporte de bout en bout dans l’univers de ces artistes, est loin d’être un simple récital de chansons aussi magnifiques soient ces petits bijoux d’écritures dans leur écrin musical : il a son rythme, ses respirations et ses ponctuations qui en font un voyage nous rapprochant de notre âme.

 

Le site des Abeilles aussi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs ont déjà dit d’elles, c’est là.

 On peut écouter des chansons des Abeilles aussi, ici.

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