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Mustang avec Jean Felzine, l’impertinent pertinent

Mustang  Photo ©Alex Pilot

Mustang Photo ©Alex Pilot

Quatrième album studio pour Mustang, le groupe originaire de Clermont-Ferrand, depuis 2009, lorsque gonflés à bloc, Jean Felzine (écriture, composition, guitare, claviers, chant), avec Johan Gentile (basse, composition) et Rémi Faure (batterie) montaient à Paris par l’A71 pour conquérir le monde. Accueil mitigé qui l’a marqué assez pour qu’il l’évoque avec humour en 2021 dans son Pas de Paris : «Shalala t’es trop coincé (…) Toi tu n’es pas de Paris / Shalala t’es pas d’ici ». Clin d’œil 60′s pour la musique, et aux Shalala de Lou Reed ou à ceux des Carpenters.  Mais aussi à la mode des chalalas, ou shalalas, gosses de riches cherchant à se démarquer par leur tenue vestimentaire.
Un succès,
Anne-Sophie, très rockabilly même si Felzine s’en défend, et une chanson provoc, Le pantalon, qui signe sa réputation, le faisant passer pour réac alors qu’il se moque toujours de ces modes censées représenter une liberté de pensée « Mais moi, je-je me suis coiffé / Les cheveux en arrière / Et rentré ma chemise dedans dans mon pantalon / Tous-tous mes vieux amis / Me traitent de con / De vendu, de fasciste mais j’ai retrouvé la raison ».

Avec ce look cheveux en arrière, et la reconnaissance par la presse spécialisée, les voilà classé rock’n'roll, au mieux rock indie. Tabou en 2011, Ecran total en 2014, des EP, un disque de reprises où Brassens côtoie Bashung, Gainsbourg ou Coutin, un Live de concerts en Grande Bretagne en 2018 suite à la tournée avec Blondie en 2017. Et puis un duo pop avec sa compagne suédoise Jo Wedin, et ce cinq titres en solo qui combine chanson et pop rock-électro en une belle déclaration, Hors l’amour. C’est que Felzine se fiche des modes et a horreur des étiquettes, et aucune intention de se laisser enfermer dans un style en particulier. On dit qu’il ne faut pas faire du rock (genre qui n’intéresse plus que les boomers) et encore moins de la chanson française. Lui s’entête à écrire des textes qui se tiennent et à composer de la chanson qui s’écoute, électrique certes et un peu mixée de synthétiseurs, enregistrée dans son nouveau home-studio de Montreuil. S’il confie que cela n’a pas été sans peine, et mixé « assez vandale » par Etienne Caylou, le résultat enthousiasmant prouve que l’artisanat et la sincérité donnent de bons résultats. Les chansons les plus joyeuses ou les plus douces musicalement sont aussi les plus cyniques, et l’ensemble dans sa diversité est d’une grande cohérence et donne un effet jouissif, malgré le sujet principal, la difficulté de vivre. Ou de mourir, ce qui est du pareil au même. On ne s’ennuie jamais dans cet album, dont on peut découvrir des pépites cachées à chaque nouvelle écoute. Curieusement on n’en sort pas déprimé, même sans se noyer dans Le vin : « C’est une magie ancienne / Encore pratiquée ».

MUSTANG 2021 Memento moriTribut est rendu aux songwriters américains avec la reprise en français de Mansion on the Hill, de Hank Williams, Maison sur la colline, une chanson country sur la séparation dont il fait une ballade encore plus amère, malgré la douceur de sa voix. Reprenant pour partie des titres déjà rodés en concert, l’album mêle auto dérision désabusée (Loyal et honnête, Perdu mon temps, Pôle emploi/Gueule de bois) et attaques frontales de ses contemporains qui ne lui ont pas occasionné que des amitiés. « Fils de machin / Tu imites / Moins drôle que papa / Plus fade que maman / Tu cours après ton nom / Tu ne l’attraperas pas » décline encore le thème Fils de qui ne tire sa valeur que d’avoir plutôt que d’être. Dissident énoncé à la première personne enfonce le clou. Une inquiétude véritable face à cette fausse liberté de penser réactionnaire, menant le jeu de la haine, du mépris et du complotisme, dénonçant les moutons mais suivant des maîtres à penser qui tiennent plus du gourou que du philosophe . « Je suis dissident / On est très nombreux à présent / A penser tous différemment ».

L’album est rythmé par le cantique final, Mémento Mori que nous vous présentions récemment, slow funèbre sur la vanité de nos vies, mais le titre le plus impressionnant est sans doute à mes oreilles ce cauchemar grinçant et haletant, Pas cher de la nuit, avec son solo de guitares distordues s’amplifiant avant de mettre un point final d’alerte. Même s’il confie qu’il ne faut pas chercher de double-sens dans les pensées et les émotions qu’il exprime, chacun peut trouver ce qu’il recherche dans ses chansons, ce qui est une preuve de qualité. Et lui-même ne nous tend-il pas la perche dans la chanson bonus, Artificier, cynique rock échevelé sur ceux « Prêts pour le pire / prêts à mourir » pour des…artifices ?

Catherine LAUGIER

Mustang, Memento Mori, Close Harmonie et Prestige mondial /A+LSO, distribution Sony, 2021. Le site de Mustang, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Mustang et de Jean Felzine, là. Illustrations CD ©David Simonetta.

Pour les concerts à venir, si concerts il y a, Rémi Faure, retourné à Clermont-Ferrand, est remplacé à la batterie par Nicolas Musset. Actuellement la tournée se fait en livestream (Ils étaient à Clermont-Ferrand à la Coopérative de mai le 6 mars et  à Angers au Chabada le 9 avril)

Fils de machin Image de prévisualisation YouTube

Maison sur la colline Image de prévisualisation YouTube
Pas cher de la nuit Image de prévisualisation YouTube

 

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