Le Festival de poche de Miramas : ancrer chanson en terre de grosses machines

M.A.S.C.A. (photos Jean-Pierre Maybon)

À l’heure où les petits festivals disparaissent sans mot dire, voici qui peut nous faire plaisir : la troisième belle édition d’un petit festival chanson à taille humaine, trois beaux jours ancrés en terres de Provence, ouverts à tous jeux de lumière, à tous vents de la scène chanson.

Initié par Alain Ortéga (Alain Ortéga et le Modjo Band) et porté par l’association Musikovent et la ville de Miramas, le festival donne la part belle à coups de cœur du coin comme d’ailleurs, tant que la chanson y soit chez les artistes choisis une affaire de corps à corps qui dure, et qu’il y ait un petit gros quelque chose de touchant quelque part – dans l’énergie, la personnalité, les arrangements ou les textes.

Julie

Dans un lieu habitué plutôt des grosses scènes, le festival s’habille chaque jour habile d’une double scène, d’un mariage entre connu et inconnu, entre détente et défi pour l’oreille, entre différentes énergies et ambiances enfin, qui astucieusement séduisent le spectateur un peu fainéant ou frileux pour le sortir de ses sentiers battus (et de son canapé), tantôt l’appâtant au premier concert d’énergie et le captivant dans un deuxième d’audace, tantôt l’inverse.

Corentin Grellier

Cette année ainsi, nous avions en ouverture un Corentin Grellier, « des petits instants de poésie à se glisser dans les poches, pour avoir de quoi siffloter les jours de pluie », suivi de M.A.S.C.A, chanson spécialisée en amours vaches. En plat principal de ces trois jours, la pétillante Julie Blasco, plus nourrie au groove anglophone qu’à nos grands apôtres de la chanson ouvrait la voie à Christian Vives et une écriture écorchée, « à fleur de peau » en acoustique. Enfin clôturant le bal, Les Capsules, groupe qui charme et déride régulièrement la scène locale, donnait le pas à rien que moins que celle que l’on compare à Brel, Anne Sylvestre ou encore Barbara : Louise O’sman et son fidèle compagnon accordéon, chroniqués déjà maintes fois dans la presse chanson.

Christian Vives

Chez ces artistes qui tous se retrouvent par leur encre déposée dans la musique, un mince fil tisse le lien d’une poche à l’autre, dans ces univers que l’on penserait parfois à contrecorde : chacune des éditions rend hommage à un grand nom de la chanson qui, cette année, dans le grand bain obligé de Brassens, offrait une bouffée de nouveauté : Sieur Higelin invité, revisité et approprié selon esprit de chacun a ainsi fait résonner dans l’ancien dancing de Miramas beaucoup de ses mots d’amour Je ne peux plus dire je t’aime (Louise O’Sman) ou encore Tombé du ciel (Les Capsules) parmi d’autres.

Le public au rendez-vous malgré les aléas que l’on connaît aura certainement remporté dans sa poche des petits bouts de phrases et phrasés de ces artistes qu’« on aime », comme souligne ce généreux de chanson et créateur de ce festival, qui se revoit encore, lorsqu’il évoque ses coups de cœur, hypnotisé au concert de Allain Leprest par « les guirlandes de mots dégoulinant du pied du micro ».

[à suivre]

Le Festival de Poche a lieu chaque année aux environs du deuxième week-end d’octobre à Miramas (13). Et, chose non négligeable, tous les concerts sont gratuits. Le facebook de Christian Vives, c’est ici ; celui de Corentin Grellier, c’est là. Le facebook de Julie Blasco, c’est ici.

Christian Vives « On voulait seulement » :

Julie Blasco « Your body is a wonderland » :

Corentin Grellier « Camarade » :

Masca « Les amours vaches » :