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Nicoletta ose le piano-voix

Nicoletta (photo photos Danny Willems)

Nicoletta (photo photos Danny Willems)

Les concerts en « piano-voix » (et les disques qui souvent les accompagnent) se multiplient depuis quelques années. Parfois pour d’élémentaires raisons économiques, parfois par réelle conviction.

Dans ce nouveau format, alors débarrassé d’orchestrations variétoches datées, sirupeuses, souvent lourdingues, des chansons peuvent retrouver un intérêt qui a pu nous échapper, hors le dumping médiatique (guyluxeries et autres druckereries) dont à l’époque elles ont fait l’objet.

Nicoletta se prête bien à ce jeu, et ses chansons à ce nouvel et intéressant habillage. Mais hélas un peu tard, il me semble. Car, à 77 ans, la superbe voix de la chanteuse accuse le coup : elle se fane, n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut. C’est dans sa fraîcheur aujourd’hui révolue que nous aurions aimé, afin de la fixer pour l’éternité, la recueillir en un tel piano-voix. Mamy blues, Il est mort le soleil, Ma vie c’est un manège, La musique, Fio maravilha… certes un chapelet de tubes méritant une telle épure musicale mais qui, pour le coup, mettent cruellement en avant l’altération de l’organe vocal de la chanteuse. Car ce qui, en premier lieu, caractérise Nicoletta, c’est sa voix. Lisez son site : « Nicoletta, la seule blanche, qui a une voix de noire » (Ray Charles), « une voix incroyable, littéralement inouïe » (Guy-Pierre Bennet), « l’une des plus belles voix – sinon la plus belle – de la chanson française ! » (Jean-Louis Wachthausen/Le Figaro)… Et la voix n’y est plus vraiment. Par bonheur, sur le premier titre, Il est mort le soleil, Nicoletta bénéficie du renfort bienvenu de la chanteuse Marina Kaye. Sur le premier titre seulement…

Amours-And-PianosQue cette chronique ne soit pas mal perçue : j’aime et ai toujours aimé Nicoletta, tant le personnage que l’œuvre chantée. Mais, même avec les meilleurs ingés son, on est désarmés contre les ravages du temps. La version française de la chanson de Richard Cocciante, Il mio refugio (Mon seul refuge), est, comme d’autres titres, assez douloureuse à l’écoute, surtout comparée à l’original.

Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, si c’est cruel même, il faut s’éviter le concert de trop, le disque de trop. Il se peut que ce nouvel opus le soit.

Ce disque paraît dans une collection, Parce que, qui promeut de tels « piano-voix, sans filet, sans protection » qui revisitent leur répertoire. Nicoletta y est accompagnée sur cet album par les pianistes Johan Dalgaard sur certains titres blues et Jean-Jacques Genevard (disparu quelques semaines après les enregistrements) pour les autres. Notons que Nicoletta chante ici un inédit, écrit pour elle, de Carla Bruni, Mon Jésus-Christ, entre nous de peu d’intérêt.

Nicoletta, Amours & pianos, [Pias] 2021. Le site de Nicoletta, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

MICHEL KEMPER

 

NICOLETTA A LA PAGE

nicoletta_couv_bat_1712-28229_hd_lmresized_2Nicoletta évoque son parcours avec la collaboration de Céline Alonzo. cinquante ans d’une carrière lancée avec des titres comme « Il est mort le soleil » ou « Mamy Blue ». Avec sa voix elle se distinguerait comme le disait d’elle Ray Charles en tant que « seule blanche avec une voix de chanteuse noire ». C’est Léo Missir, le talent scout d’Eddy Barclay, qui l’accompagne pour son premier disque en 1967 (un super 45 tours avec quatre titres). Son succès marque le retour des chanteuses à voix après la séquence yéyé-yéyé.

De la Haute-Savoie natale au vaste monde le récit permet de croiser de nombreux artistes vus aux côtés de Nicoletta. Le choix de photos laisse défiler une saga vivante toute en paillettes. Dans un chapitre final la chanteuse partage son amour du gospel, une musique découverte à l’écoute… d’Elvis Presley et Mahalia Jackson. Une passion qui donne lieu depuis 1995 à une tournée en France avec une chorale de gospel. En 2000 la fédération française du gospel la remerciera officiellement d’avoir promu ce répertoire. Nicoletta n’a pas seulement du coffre, elle témoigne de ses engagements.

Nicoletta, 50 ans de scène, Soul Sister. Éditions Le Cherche Midi, 114 p., 28 €

ROBERT MIGLIORINI

 

« Il est mort le soleil » : Image de prévisualisation YouTube

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