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Jofroi : le monde d’après, c’est pour quand ?

Jofroi (photo Ghislain Debailleul)

Jofroi en concert à La Spirale (photo Ghislain Debailleul)

11 mars 2022, Centre des Métiers d’Art « La Spirale » à Natoye (Belgique),

 

Jofroi était ce vendredi à La Spirale. L’occasion idéale pour découvrir « en présentiel » (pour user du jargon actuel depuis la pandémie) quelques nouvelles chansons du dernier album « et ton rire un oiseau » chroniqué ici-même par Robert Migliorini.

Nous sortons de l’hiver et sommes à quelques jours du printemps, mais l’avenir est bien sombre et ce n’est pas sans raison que Jofroi s’interroge dans Le monde d’après : « On le dit si souvent / Ce ne s’ra plus jamais / Plus jamais comme avant / Mais le monde d’après / Dites-nous, c’est pour quand ? »

Si le décès en février 2021 de Raymond Lévesque, l’auteur de Quand les hommes vivront d’amour, a déclenché la mise en forme de C’est une idée ; c’est André Lavoie, poète québécois, qui a inspiré la chanson Est-ce qu’il neige à Montréal et qui est à l’origine de la Célébration des oiseaux. Une chanson particulièrement périlleuse à chanter sur scène avec ses litanies de noms d’oiseaux parfois peu connus. La synfaunie des animaux est un autre morceau de bravoure qui fait appel au lexique des bruits des animaux accompagné d’un orchestre symphonique au grand complet (par le truchement d’un enregistrement de Line Adam à l’origine des arrangements et de la direction musicale du dernier album). Un lexique des bruits des animaux que Gilbert Laffaille avait exploité dans un de ses sketches plein d’humour subtil comme il en a le secret L’école de la vie. L’humour est bien présent dans la chanson Désolé à laquelle il est difficile de ne pas penser, après l’avoir entendue, à chaque fois qu’on nous prend pour un con.

Le vaste répertoire de Jofroi renferme quelques belles chansons d’amour et Tes yeux y figure désormais en bonne place : « De l’eau douce de quel étang / Viennent ces lueurs émeraudes / Qui s’illuminent en m’invitant / A la pêche ou à la maraude ? »

Et puis, il nous emmène dans le Gard pour chanter son Cabiac sur terre ou pour monter un muret en pierres sèches dans Pique-nique. Jofroi aime aussi ponctuer ses chansons de quelques textes sans musique comme le très beau L’homme qui voulait peindre la mer. Il reprend enfin des chansons qui restent d’une criante actualité comme L’IndienDire qu’on a marché sur la luneFaut bâtir une terre ou encore Si ce n’était manque d’amour. Par curiosité, j’ai relu ce qu’écrivait Angèle Guller dans « Le 9e Art, pour une connaissance de la chanson française contemporaine de 1945 à nos jours » à la page 264, au sujet de Jofroi : « La parenté spirituelle avec Félix Leclerc apparaît clairement. On perçoit chez lui un accord du même ordre avec la nature et la même façon de donner aux mots usuels leur plénitude expressive et leur saveur. On entend le temps s’écouler goutte à goutte dans les chansons de cet homme qui a décidé, justement, de prendre le temps de vivre, de rêver, d’écouter le silence. Ceci ne l’empêche pas, au contraire, de donner au monde dont les rumeurs lui parviennent, la part qui lui revient ». Au-delà de la pertinence et de la finesse de cette analyse d’Angèle Guller en 1978 sur Jofroi, j’ai envie de l’écrire en 2022 sans en ajouter ni en retirer le moindre mot au sortir de son très beau récital. Un nouveau récital qui passera par le Café de la Danse à Paris le 28 mai prochain.

 

Le site de Jofroi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« L’homme qui voulait peindre la mer » : Image de prévisualisation YouTube

« Dire qu’on a marché sur la lune » : Image de prévisualisation YouTube

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