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Atomes crochus : Martin Léon, douze ans après

Martin Léon (photo non créditée tirée de son site)

Martin Léon (photo non créditée tirée de son site)

« Les atomes est pure merveille », nous disait Catherine Laugier dans la chanson du jour du 21 décembre 2018. Douze ans après sa sortie, le quatrième album de l’auteur-compositeur-interprète québécois – Les atomes – me retombe dessus dans un heureux et puissant coup de foudre, venant confirmer ces dires. Ils sont rares ceux qui me font cet effet-là, un accroc direct par les mots, par les mélodies, par les nouveaux territoires créés.

Martin Léon est plus connu, peut-être, en terre cinématographique – c’est qu’il a fait ses classes auprès d’Ennio Morricone en Italie –, récompensé maintes fois pour ses bandes originales autant au Québec qu’à l’échelle du Canada. Autant que je sache, l’artiste (et l’album) est pourtant resté inaperçu en France, malgré ce prix Charles Cros remporté en 2011 et un succès retentissant outre-Atlantique.

Serait-ce parce que Les atomes nous parlent d’invisible ? (J’en doute, mais il se trouve que oui, cette musique est à déguster dans les petits creux du temps, alors profitons-en). Les atomes, ce sont onze titres qui emportent dès les premières vagues de maracas, des mots qui sonnent autant que les arrangements – ce bijou maintes fois cité qu’est « Va savoir pourquoi », bataille amoureuse en dy et trissyllabes « T’es une brute / T’es une bête / T’es abrupte / Ça m’embête / Embrasse-moi / Embrasse-moi / Tu vois, t’as rien à dire / Mais / Va savoir pourquoi / Ce désir », écartillé d’un électrisant interlude; et bien sûr l’envoûtant et enveloppant Prends-moi tel quel qui, comme d’autres de ses titres, conjugue à merveille les sons, y réconciliant même français et anglais (c’est dire !).

60762_6Ainsi résonnent les consonnes dans La shack à Chuck, une ode à la poésie du hasard : « Heille, le chicken / Tu chock [tu te dégonfles] / Ça t’choque ? [t’es fâché ?] / Fa’qu’check / C’est pas chic chic / Mais chaque chèque / Paye le shack à chuck ». Deux hérons ensuite, perchés sur leurs octosyllabes, nous content une petite fable bien humaine à voix d’oiseau : « Viens mon frère le dossier est clos / Allons boire à même le soleil / Et profiter tant qu’il est haut/ensemble ». Puis dans les rides du « lac », voilà qu’est distillé l’instant : « Un briquet / Brise le silence  /Une réponse / Un baiser ». Et l’invisible enfin (« enfin » et surtout entre autres : il me faudrait bien un article par chanson pour vous en faire goûter toute la saveur), de ce que nous sommes, ne sommes pas, dans lequel Man Ray apparaît en filigrane : « Je suis l’océan / Et le lac et le soir / Je suis un parfum de cèdre / Et la mousson d’Asie / Je suis le jeu de mémoire / Entre l’oiseau et le nid ».

Composé d’une traite après une longue marinade effectuée en Asie (au Japon), Les atomes est un album à déguster encore et toujours – même et surtout douze ans après ! – en contemplant les tableaux de lumière du petit matin sur votre mur, les miettes d’un repas arrosé ou encore le bourdonnement des choses au-dehors.

Depuis, Martin Léon n’est pas resté invisible : il a replongé dans le film (auprès de son complice Philippe Falardeau), chanté aux côtés de Jean-Louis Cormier et co-réalisé avec Inès Talbi le spectacle La Renarde, sur les traces de Pauline Julien (2019).

 

Le site de Martin Léon, c’est ici ; ce qu’en a déjà dit Nos Enchanteurs, c’est là.

 

« Je redeviens le vent » : Image de prévisualisation YouTube

« Va savoir pourquoi » : Image de prévisualisation YouTube

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