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Barjac 2022. Emily Loizeau, terre en danger

Emily Loizeau à Barjac. Photo ©Bruno Kreiz

Emily Loizeau à Barjac. Photo ©Bruno Kreiz

3 août 2022, Barjac m’enchante, Espace Jean-Ferrat

 

La salle est pleine. Attente du début du concert égayée par des chants incongrus et beaux : c’est ici que « migrent les oiseaux »…

« Quelle est donc cette douleur étrange ? Comme un nouveau poids sur l’existence / L’insouciance était telle que nous pensions ensemble soulever de nos mains le Monde qui semblait éternel. » Nous allons constamment osciller entre l’espoir et l’inquiétude, danser sur un volcan. L’album qu’Émily Loizeau nous présente ce soir, écrit dans l’angoisse d’une pandémie, nous parle de bien pire encore, de notre terre malmenée, outragée, en dangereux sursis : tel Icare, à trop vouloir tout, l’homme s’est brûlé les ailes ; Loizeau s’inquiète, « I care ».

« Si tu vas où le soleil est trop chaud / Que la terre se ride et que craque ta peau… » C’est un tout, musical et physique, où l’artiste se donne entière, en un implacable plaidoyer, même dans cette adaptation de Dylan. L’homme saccage la Terre, la salope, la condamne, se condamne en premier.

Franco-Britannique, Emily Loizeau écrit et chante dans les deux langues. Le concert est en conséquence mi-français, mi-anglais. Difficile pour les non-anglophones qui de fait ratent la moitié du propos, du développement. Mais l’engagement et les codes sont tels qu’on en saisit l’idée, la force surtout.

Emily Loizeau est pile de pure énergie, son engagement est fait de tout son corps. Il faut voir ses bras, ses jambes en des mouvements quasi tribaux, comme si elle invitait à elle toutes les forces telluriques et ce qu’il reste d’humains sensés. « Le compte à rebours a commencé / Le Monde est comme un sablier / Sur le point de se retourner / Est-ce qu’on retombera sur nos pieds ? »

IcareTonalité très rock (servie par un trio composé de Boris Boublil à la basse, Sacha Toorop à la batterie et Csaba Palotaï à la guitare électrique) et larges plages d’Emily au piano. Ce concert est beau : ça se voit, ça s’entend. Mais il est différent : nous ne sommes plus tout à fait dans le registre du spectacle, nous le dépassons et de loin. Sans être meeting, il catalyse sur l’instant nos émotions, nos peurs et nos espoirs, les met en perspective. Fasse qu’il ne reste pas qu’un souvenir scénique mais nous renforce dans notre détermination, dans nos actions présentes et à venir. Tout raffiné et créatif qu’il soit, ce concert est activiste, engagé comme peu le sont. C’est dire si on souhaite qu’Emily Loizeau soit chaque soir en scène, devant des salles bondées comme ici, plus encore même. Et que son chant porte loin, très loin.

Dommage simplement que tout l’attirail scénique n’ait pu être installé : pas de dunes de terre avec lesquelles elle joue en temps normal, c’est en plein air et il y a un léger vent… Pas de grand soleil qui descend sur scène au contact d’Emily. Un piano un rien baroque masque la vision de la gauche pour les gens à ma droite, et vice-versa. Et, il fallait s’y attendre, chanter à moitié  en anglais sur cette scène barjacoise en indispose certains. Résultat, le lendemain, il n’y aura que vingt-et-une personnes au Rencontres de 11 heures mois 11, avec Emily Loizeau, Jeanne Rochette et Nawel Dombrowsky. Pourtant une des discussions les plus intéressantes de ce créneau horaire, même ceux ou celles qui n’ont pas été touchés par les concerts d’Emily ou de Jeanne peuvent en témoigner. 

 

Émily Loizeau, I care, Les Éditions de la dernière pluie/[Pias] 2021. Le site d’Emily Loizeau, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Le poids de l’existence, session acoustique au Cargo Image de prévisualisation YouTube

Celle qui vit vers le Sud, concert France Inter au Studio 104 Image de prévisualisation YouTube

Renversé, session acoustique au Cargo Image de prévisualisation YouTube

 

 

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