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Michel Kemper : éloge d’une Chanson politique ragaillardie

 

Michel Kemper, l'auteur (photo Patrice Deville)

Michel Kemper, l’auteur (photo Patrice Deville)

En 2016, le fondateur de NosEnchanteurs auto-éditait « Si Sarkozy m’était chanté ». Six ans après, il capture les chansons ayant trait à l’actuel président de la République. Son livre a la vigueur de ces chansons trempées de colère. Entretien à ce sujet.

 

n Pourquoi ce « Macron » ?

À l’origine c’est la proposition du directeur de collection d’un éditeur national, qui me proposait de reprendre le « Sarkozy » en le prolongeant à l’actuel président. J’ai travaillé ce livre durant des mois et n’ai reçu le contrat qu’après avoir livré mon tapuscrit. Un contrat inacceptable : à peu de choses près, tu bosses pour rien, ton travail ne vaut rien. J’ai refusé de signer. J’ai repris les cinq chapitres sur Macron, qui j’ai retravaillés encore, alimentés à nouveau (merci aux amis facebook !), amplifiés. Ça donne un livre très complet sur comment la chanson s’est emparée de Jupiter.

n Comment s’en est-elle emparée ?

Si ce n’étaient les goguettes, les parodies, qui apportent souvent un côté « humoristique » (bravo ainsi au groupe Les Goguettes en trio mais à quatre), la chanson sous Macron a une toute autre tonalité. Elle est plus grave, plus sèche, plus résolue encore que sous Sarko. Elle porte en elle une colère énorme, qui nous annonce des lendemains qui paradoxalement ne chantent pas. Bien plus qu’avec Sarko, elle est comparable avec les mazarinades, sous La Fronde : comme avec Mazarin, on souhaite pendre Macron, voir sa tête rouler dans le caniveau… Je dis souvent que si on tient la chanson pour un thermomètre de la société, force est de constater que Jupiter a largement dépassé le mercure.

Copie de COVER copie 3n Un regain de la « chanson engagée » ?

Je n’aime pas bien ce terme de « chanson engagée » : la plupart des chanteurs aimeraient être plus souvent « engagés », de 20 h 30 à 22 h ! Bernard Lavilliers (un de mes sujets de prédilection, on le sait), lui, se dit « chanteur politique » et je trouve ça plus clair. Cette « chanson politique » a toujours existé : disons qu’en certaines périodes elle se met un peu en sommeil. Mais elle est là, et relève la tête quand le besoin, l’urgence s’en font sentir. Ici, l’air vicié du temps voit la démocratie quelque peu vaciller sous le macronisme, et notre chanson reprend en conséquence du poil de la bête. La chanson sait être un média de contre-pouvoir, ce qu’elle a toujours été : c’est d’ailleurs pour ça qu’elle a toujours été combattue, parfois interdite.

n Encore une fois on trouve dans ce livre une grande diversité de chanteurs et de chansons…

De Saez à Angèle, de Balmino à Agnès Bihl, de Reno Bistan à Jean-Jacques Goldman, de Sandrine Cabadi à Debout sur le Zinc, Pierre-Paul Danzin, Rémy Tarrier, Gérard Yung, Govrache… j’ai puisé dans toute la chanson, y compris dans ces goguettes qui ont pris depuis quelques années une grande importance, ce qu’elles ont toujours eue dans l’Histoire. Y compris dans ces chansons qui, peu ou prou, n’ont existé que sur le net (je pense à ce goguettier prolifique et formidable qu’est Frédéric Mignot), parfois reprises dans les manifs, que ce soient celles contre la réforme des retraites ou lors des Gilets jaunes.

n Avec parfois des artistes qui nous sont inconnus…

Des artistes sont nés durant les Gilets jaunes, durant les confinements aussi, du fait de ces événements. D’autres se sont révélés. Cette très grande variété de la chanson montre sa vitalité.

n Des chansons « contre », certes. Des « pour » aussi ?

Oui, mais une seule : de Barbelivien, qui auparavant chantait les louanges de Sarkozy. Chantera-t-il celles de Le Pen, dans cinq ans ?

Ric Mie et Franck Lepage

Eric Mie et Franck Lepage

n Pourquoi Franck Lepage, le créateur des fameuses « conférences gesticulées », pour la préface ?

Parce que j’ai toujours tenu la chanson comme outil important, prépondérant même, de l’Éducation populaire : c’est d’ailleurs pour ça que je me suis investi dans la chanson ! Autant confier ces trois pages à celui qui est l’incontestable spécialiste de ce domaine. De plus, c’est un ancien collègue de travail et un ami. Et une des personnalités que mes fils admirent et respectent le plus.

La couverture a été conçue par le chansonnier-humoriste-dessinateur Éric Mie, à qui je voulais confier un jour un de mes bouquins. Il l’a créée en pensant à des livres des années quatre-vingt. J’aime ce côté désuet qui va si bien avec ce bonapartisme si vieillot de Macron. Et ce jaune qui fut, je crois, très en mode sur les ronds-points…

n La souscription est fructueuse ?

Plein d’embûches, dont certaines troublantes, semblent empêcher l’information d’atteindre son public : je n’ai jamais vu ça ! Et le contexte n’est guère favorable… C’est pour ça que, malgré tout et plus encore, il faut souscrire. Et faire savoir que ce livre et son financement participatif existent.

 

« Si Macron m’était dé-chanté », sortie prévue mi-décembre 2022 (si tout va bien). Hors-commerce. Pour souscrire, c’est ici.

 

Franck Lepage « Cure de désintox contre la langue de bois » : Image de prévisualisation YouTube

Clémence Savelli « Le Tricot » : Image de prévisualisation YouTube

Gaëtan Henrion « Tirer sur la corde » : Image de prévisualisation YouTube

Yoanna « Le roi » : Image de prévisualisation YouTube

Claude Semal « Les Marcheurs » : Image de prévisualisation YouTube

Didier Super « C’est vous les meilleurs » : Image de prévisualisation YouTube

 

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