CMS

Tiens, un livre sur Pierre Perret !

Pierre Perret (photo Vincent Capraro)

Pierre Perret (photo Vincent Capraro)

S’il y a des chanteurs qui ont pour eux des tonnes d’ouvrages leur étant consacrés (Brassens, Hallyday et Renaud largement sur le podium), il n’en est rien pour Pierre Perret. Faut dire que les bouquins sur sa pomme et ses hobbies c’est lui qui les a cuisinés aux petits oignons : plus d’une vingtaine de livres, c’est pas mal. Ah si, pour être honnête, il y a eu le « Pierre Perret » d’André Blanc paru en 1978 dans la collection Poésie & chansons chez Seghers : désormais introuvable, rien d’autre depuis. Est-ce les procès intentés et gagnés contre quelques journalistes (à propos de je ne sais plus qui, Léautaud ou Léotard) qui a rendu les biographes prudents, toujours est-il que c’était morne plaine du côté éditorial.

Et puis voici cet ouvrage bienvenu du journaliste et homme de radio Alain Poulanges à qui on doit une dizaine d’autres ouvrages, sur la chanson en général, sur Brassens et Boby Lapointe en particulier. C’est l’un d’eux, sur le chanteur de Pézenas, que le natif de Castelsarrasin avait d’ailleurs préfacé.

On oublie souvent – je feins de ne savoir pourquoi – de citer le nom de Pierre Perret dans les (très) grands de la chanson. C’est vrai que chanter pour faire rire ce n’est pas sérieux. Car, pour les exégèses de la chansonnette, la chose est entendue, la classification définitivement établie : Perret c’est de l’aimable gaudriole, de la chanson de cours d’école, quelques mots d’argot d’un temps largement dépassé, quelques essais poétiques. Guère plus.

Il manquait dans notre bibliothèque un ouvrage solide (et, quitte à faire, plaisant) qui se penche sur le parcours du « poète à la bouille de gamin polisson » et de ses chansons. On peut dire son « œuvre » tant celle-ci crève les yeux, mieux que le ferait un lanceur de balles par un CRS.

Alain Poulanges

Alain Poulanges

Vous allez me dire qu’il n’y a nul besoin d’un tel livre (quoique avec, c’est mieux) pour constater une œuvre foisonnante, riche, poétique, qui fait sienne du catalogue des émotions, de la beauté, de la poésie, du bon sens, du partage, de tous ces sentiments qui font que l’Homme est grand. Et, en regard, de la dénonciation de ses bassesses.

Même si ce livre consacre la plus grande partie de sa pagination à nous narrer un Pierre Perret d’il y a pas mal d’années, il en dégage ses lignes de force, ses perspectives, qui valent pour l’ensemble du parcours, de l’œuvre. Car il y a rare cohérence. Même si certains sujets que Perret chante désormais prennent le pas sur d’autres (écologie, droit des femmes, libertés…), ils n’en sont pas moins la prolongement d’un répertoire qui toujours les a contenus en son sein, parfois les deux quitte à faire.

Quand Poulanges écrit « Pierre Perret s’attaque à la communication empesée, aux expressions de bon aloi, à la politesse affectée. Il redéfinit les codes du langage, il s’amuse à déformer la réalité, à la rendre monstrueuse. L’outrance devient comique et le comique autorise à balancer quelques vérités », à votre avis, de quelle chanson parle-t-il, car beaucoup de celles de Pierrot répondent à cette définition ? (en l’occurrence, il s’agit des Jolies colonies de vacances qui, naguère, indisposa Yvonne de Colombey-les-deux-églises). La seule différence, c’est que Perret a eu moins à déformer par la suite, tant la réalité est déjà monstrueuse (Lily, La Femme grillagée, etc.). Et notre Don Quichotte de la chanson de continuer à pourfendre cette connerie humaine qui toujours mouline à grand vent…

Passionnant de bout en bout, ce livre fouille la vie et l’œuvre, comme le ferait un ami bienveillant mais non moins observateur, vigilant, soucieux.

Que ce soit la porte de la douche (celle qui est restée entrouverte) ou la porte vers la liberté, tout est Pierre Perret, raison et déraison, dignité de l’Homme, malice et poésie. Tout est bon dans le Perret : le livre de Poulanges ne me semble pas dire autre chose.

 

Alain Poulanges, Pierre Perret, la porte vers la liberté, L’Archipel 2022. 232 pages, 20 euros. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Pierre Perret, c’est ici.

« Marcel » : Image de prévisualisation YouTube

« Ouvrez la cage aux oiseaux » : Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives