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Pierre Perret : les poubelles pour aller chanter

OIFLui doit le prendre comme une nouvelle médaille arrimée à son poitrail, tant qu’il va finir par ressembler à un général russe. Et, entre nous, il doit bien en rire, de ce rire contagieux qui lui va si bien… Pierre Perret est de nouveau l’objet d’une polémique : à bien y regarder, il les collectionne. Cette fois-ci c’est à propos de sa nouvelle chanson sur la propreté un tantinet contrariée et les travaux de la Capitale. Et les médias imbéciles tout de suite d’y voir une chanson anti-Hidalgo : changez le data, vous y verrez tout aussi bien la Dati.

Bon, Paris saccagé n’est pas la meilleure des chansons du Pierrot, pas plus que Les Confinis de 2020. De là à lire à son propos que la vieillesse est un naufrage, c’est insultant. Et totalement injuste. C’est juste un des coups de gueule qui peuplent son répertoire. Le fait est que ce titre sort au moment où Paris érige de nouvelles barricades, malodorantes celles-ci, des montagnes de poubelles pas ramassées (que je sache, c’est normal, c’est la grève, comme dans d’autres professions), forcément malodorantes, où grouillent des rats, la belle aubaine : ces charmants rongeurs peuvent remercier Macron pour cette puante réforme des retraites passée au forceps. Cette chanson fut écrite, composée, produite il y a plusieurs mois, et le clip filmé bien avant cette grève. Le fait de lancer cette chanson en plein conflit peut sembler être une opportunité, c’est peut-être là où se situe le malaise.

Depuis toujours, notre Pierrot aime à soulever des faits de société. Régulièrement, ses chansons ont provoqué des réactions, adhésions comme répulsion. Les plus vieux d’entre nous se souviennent d’Yvonne De Gaulle, horrifiée qu’on puisse faire « pipi dans le lavabo », militant avec ardeur pour faire interdire Les Jolies colonies de vacances dans la radiotélé de son époux. Sachez pourtant que c’est suite à cette chanson que la législation commença à s’intéresser à l’hygiène et la sécurité dans les centres de vacances. Souvenez-vous du tollé du Zizi, « le p’tit le gros, le laid le beau / le dur le mou qu’a un grand cou… » qui amena par la suite une bien timide éducation sexuelle dans les écoles. Je ne saurais par contre vous dire les conséquences de l’œuvre de Pierre Perret sur les plombiers et les représentants en confitures, les statistiques nous manquent cruellement.

Chaque fois que je monte à Paname, j’entends les Parisiens qui fulminent et ruminent : là Perret le chante, dans une chanson de circonstance à l’humour vache.

J’aime quand une chanson fait polémique, ça me laisse alors à penser que la chanson bande encore, car ce n’est certes pas dans les playlists aseptisées que va se nicher le débat. La chanson est aussi un véhicule d’opinions : Perret le sait mieux que quiconque. Qu’on approuve ou non cette chanson-là m’importe finalement peu (je suis de la province, alors…) : par contre le fait qu’elle existe me rassure.

 

TOUJOURS EN CHANSON, TOUJOURS LES POUBELLES. Le collectif « Alternatiba Paris » a lancé une action destinée à perturber le ramassage des ordures par le personnel réquisitionné. L’objectif de cette organisation de lutte contre le réchauffement climatique est de soutenir le mouvement de grève des éboueurs parisiens, opposés à la réforme du système de retraite. L’action a été surnommée « Opération Christophe Maé » en référence à sa chanson On s’attache !

 

« Paris saccagé » : Image de prévisualisation YouTube

6 Réponses à Pierre Perret : les poubelles pour aller chanter

  1. Réjean Mourlevat 22 mars 2023 à 19 h 04 min

    Si je n’ai rien contre la chanson qui peut faire polémique, je trouve celle là particulièrement stupide. Libé l’a d’ailleurs justement noté « Paris saccagé » découle d’un mouvement politique anti Anne hidalgo. Lorsque l’ami Pierrot nous dégouline une bouillie inepte qui mêle écologistes cyclistes qui seraient cause de rats et déchets et tags, on peut difficilement trouver cela subtile. il est bien bien loin le temps de ses saillies fécondes. Dire qu’à l’époque il chantait « donnez-nous des jardins… ça vaut mieux que les oxydes de carbone »….

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  2. Christian Valmory 23 mars 2023 à 9 h 21 min

    Brassens ne se serait jamais abaissé à un tel opportunisme de mauvais goût

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  3. Tne Gllm 23 mars 2023 à 9 h 22 min

    La chanson est juste parfaite. C’est malicieux, astucieux. Ça fait du bien d’entendre des paroles de cette qualité.

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  4. babou 23 mars 2023 à 13 h 13 min

    Prenons cette chanson pour ce qu’elle est : un petit moment de rigolade Il n’y a pas de quoi fouetter un rat !!!

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  5. Jean Pierre Gleize Bourras 23 mars 2023 à 17 h 36 min

    Celui qui a écrit « Lily » et « Mon p’tit loup » et bien d’autres chefs d’oeuvre , qu’il soit âgé ou très âgé , a droit à toute notre affection et notre profond respect !
    Alors , Haro sur le Baudet ?
    N’oublions pas ce texte de Francis Blanche dans le « Carnaval des Animaux »
    « Lassé d’être une bête de somme , dont on se moque à demi mot au Carnaval des Animaux , l’âne s’est mis un bonnet d’Homme ! »

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  6. Le chameau 29 mars 2023 à 17 h 32 min

    Eh bien moi je la trouve plutôt marrante et sympa cette chanson c’est le Pierre Perret que j’aime libre penseur pas enfermé dans une doctrine
    De plus je suis plutôt d’accord avec ce qu’il décrit avec humour
    Je ne vois pas ce que ça a d’écolo de rouler sans foi ni loi en vélo ou trottinette électrique

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