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Jeanluc Épallle, côté gaga, côté mélancomique

 

Jeanluc Epallle (photo non créditée)

Jeanluc Epallle (photo non créditée)

Certes, sauf un séjour prolongé du côté des crassiers de la ville verte, sauf à pousser votre idolâtrie pour Lavilliers jusqu’à apprendre le parler de ses origines, vous ne parlez pas le gaga. Remarquez que bien que résidant en ce lieu depuis des lustres, moi non plus.

Jeanluc Épallle est un des protecteurs de cette langue propre aux Stéphanois. Plus que la défendre, il la pratique et en fait feu de tout bois. Suite à son Gaga Songs de 2020 (sous-titré On[r]ira tous aux parodies…), le taulier de L’Épallle-théâtre à La Ricamarie se plie en deux pour un double album plus luxueux et luxuriant encore : Gaga-Songs vol.2 et Un rien mélancomique. Comme on est sûr que, sauf la gazette du coin, personne n’en parlera, on en cause sur NosEnchanteurs. Faut dire qu’on est un peu gaga de ce gars-là.

Le premier disque, c’est de la goguette comme on dit. Épallle y parodie ses maîtres (et maîtresse ?) que sont Brel, Gainsbourg, Pierre Vassiliu, Cloclo, Ferré, Dutronc et Sylvie Vartan : pour Hardy il ne l’est pas assez. Dutronc avait naguère été plagié, c’était en 68 et ça donnait : « Les 403 sont renversées / La grève sauvage est générale / Les Ford finissent de brûler / Les enragés ouvrent le bal / Il est cinq heures, Paris s’éveille… »  Épallle, lui, embarque le chanteur au cigare dans l’histoire et l’intimité de La Ricamarie : « Autour d’La Ric je traîne mes groles / Le cemitière est patafiole / La grand rue est bouchonnée / Y a un badabeu qu’est mal garé / Il est point d’heure / La Ric se dépiquerle… » Car tout est ici en gaga. Joueur de blues de Jonasz devient Joueurs de boules, le Vesoul de Brel se mue en T’as voulu voir Unieux, Le Plat pays cède la place au Noir pays… Tout est à l’avenant : c’est drôle et c’est bien fait, qui plus est intimement ancré dans un territoire. Les locaux diront bravo, vous pouvez le dire aussi !

319832255_711322640235947_4338902599586590454_nL’autre disque est une suite de créations, en franco-français dans le texte. Tout acteur, fantaisiste, parodiste, chanteur ès-gaga qu’Épallle puisse être, il est aussi auteur-interprète et le prouve avant d’être gâteux. Voici quinze titres, des mélos comme des comiques que notre héros a pu commettre tout au long de son parcours. Et y’a pas de doute, il est AUSSI chanteur. Comme il est aussi peintre, décorateur, sculpteur… c’est lui qui illustre ce livre-disques, qui plus est habillement, avec humeur et humour. De Papy fait de la résidence où « Papy fait fi d’être en partance » à l’art des choix (On peut choisir), du bric-à-brac des Frasques de fresques à ces prénoms qu’il s’amuse à faire tangoter, notre diable d’homme va d’un sujet l’autre, et c’est probant. Ça l’est plus encore quand il s’adresse à Marguerite Basson, 16 mois, victime de la Fusillade du Brûlé (massacre vécu à La Ricamarie en 1869, qui a inspiré une scène du Germinal d’Émile Zola), quand il évoque les tirailleurs sénégalais traités en chair à canon ou ces « Justes » du Café de la Belote, à La Ricamarie encore, que les résistants connaîtront sous le nom de « l’auberge des musiciens », dont le rôle sera d’aider les enfants juifs persécutés et pourchassés, permettant de les exfiltrer en zones de sécurité. Des sujets graves, mélancotragiques, qui font honneur à l’artiste qu’est Jeanluc Épallle. En fait, il faudrait traiter chacun des quinze titres pour rendre justice à cet album. La place nous manque, par bonheur vous pouvez vous procurer ce bel et double album, ce superbe objet.

Pour commander ce double CD, c’est ici.

 

Jeanluc Épallle, Gaga-Songs vol.2 + Un rien mélancomique, L’Épallle Théâtre/L’Autre Lieu 2023. Le site de l’Épallle Théâtre, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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