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Ottilie [B], par instants le mot vibre bizarrement

Ottilie B en duo Photos ©Agnès André

Ottilie B en duo Photos ©Agnès André

Festival Festicule, Théâtre des Aires à Die (26), 23 novembre 2023.

 

Rendons-nous à l’évidence : écouter le Cœur ≤3 d’Ottilie [B] chez soi n’est pas connaitre le cœur d’Ottilie [B]. (Laisser couler les mots, longer les vibrations, choisir la chanson…) Eh bien non : « Engage ta langue ! » intime-t-elle. C’est posé, c’est osé, surtout dans un festival de ce nom… D’entrée de jeu nous voilà donc entre lumières qui pulsent, archet nerveux d’Olivier Koundouno, et mots qui rebondissent dans l’espace, on ne sait trop dans quelle direction, prenant le pli de faits divers, de bruits « comme à la radio », d’échos du réel. Osé ? Vous n’avez rien vu…

OTTILIE B danse 480x382IMG_3158Ottilie [B] parle pulse – « Je ne chante pas l’amour / Je crie comme tout le monde ». Pose des questions candides : « Est-ce qu’un arbre qui tombe tout seul dans la forêt fait quand même du bruit » Ottilie [B] trouvaille : « insprime, exprime ». Ottilie [B] suspend son pied (au-dessus de ses étourdissantes machines) et nous avec. Et surtout, travaille le mot comme matériau. Comme un ébéniste son bout de bois, comme un plasturgiste son bout de plastique. C’est le mot malaxé dans d’osés rapprochements, étirements et scindements : « pop ! », le voilà qui nous ravit le sens et nous ravit tout court, tantôt soulageant (à l’envers à l’envers ? Rêvons-là !) tantôt tendu (corps sage). Ou encore sulfureux — arrêt sur lettre — dans cette berceuse au désinvolte et doux charango, faite en plein public, parmi nous : « Qu’aurait-il fallu susciter pour nous ressusciter ô Jésus ? ».

Abandonnons-nous à sa malice et tentons de suivre métamorphoses du mot et contrastes : c’est dérangeant – c’est qu’on voudrait s’installer, se vautrer un peu dans la vibration ; dis, nous laisserais-tu Ottilie, baigner un peu plus dans ces sons ? C’est au cœur du concert que l’on glisse : en solo soudain, Olivier Koundouno étire le temps par l’hypnotique balancement de son archet, prélude à des titres plus resserrés. L’intensité monte sur « des kilomètres de mots/maux » (Cœur bien sûr), atteint un sommet de dressage de petits poils sur 3 x toi et redescend dans la douceur faite d’or : « Chante, tais-toi donc et chante / Là où le silence est d’or /  Dors, je veille sur ton sommeil ».

En quelques mots, Nicolas Jules aurait dit (et il l’a d’ailleurs dit) : « Elle ne se place pas. Elle se déplace. Elle passe par la soie ou l’armure. Elle a des habits de jeu. Mais elle est nue en vérité. À poil carrément. C’est son tour de force. Te montrant son crâne son cul et son cœur. Elle reste plus secrète et pudique que bien des zozos. » (Commencer d’infinir, préface, éd. Gros Textes, 2018). Sur scène, on dira « ils » : Ils, Ottilie [B] et Olivier Koundouno, sans oublier Véronique Gougat aux lumières et Clément Innocenti au son, passent par la soie ou l’armure. Et c’est leur tour de force.

 

Ottilie [B] aux multiples projets fera pulser son Cœur ≤3 encore sur quelques dates, mais la voilà qui prépare un nouveau concert – sans machines ! – En boucle, à sortir au Printival (34).

 

 Le site d’Ottilie [B], c’est ici (avec toutes ses dates de concert) ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Cœur, teaser Image de prévisualisation YouTube
  »3 x toi », audio Image de prévisualisation YouTube
Pour une idée de l’ambiance, RicOchets, voyage sonore sur l’eau à Savines-le-lac, extraits Image de prévisualisation YouTube

 

 

 

 

 

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