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Jean-Michel Brac

Jean-Michel Brac (photo Maria-José Henriques)

Jean-Michel Brac (photo Maria-José Henriques)

Les disques de Jean-Michel Brac sont comme de jolies filles bizarrement attifées : la pochette, souvent mal inspirée, cache sur le coup la qualité du dedans. Faut alors oser aller plus loin, acheter l’album et le poser sur la platine pour découvrir un ruban de belles et bonnes chansons. Je n’aime pas le visuel trop symbolique du nouveau CD, la chose est entendue. Mais, comme plein d’autres que moi je l’espère, je sais l’intérêt du bonhomme et y vais en toute confiance. J’ai encore raison.

Autres Ribines, donc. Ribines ? C’est le nom breton qui désigne les sentiers et chemins de traverse. C’est un pléonasme : la chanson de Brac s’inscrit d’elle-même dans des chemins de traverse, des sentiers peu fréquentés dont l’air pur fait la nique à la pollution des tubes autoroutiers. Sur les routes trop droites, Jean-Michel aime braquer ; ça semble être ça, la symbolique du visuel du disque.

Ce breton de la Capitale, qui doit connaître plus que d’autres la gare Montparnasse, ne mène pas carrière avec tout un staff à son service. Il déambule à sa guise. Lui égrène ses petites chansons qui souvent parlent de glaz et d’embruns, de la forêt de Helgoat et de la Rivière d’argent, des aventures du roi Arthus et de ses compagnons, de l’île de Sein aussi : « L’île de Sein n’est pas jalouse / Un peu Molène, un peu Ouessant / Très peu de peine, très peu de sang / La mer choisit ceux qu’elle épouse ». La Bretagne est inspirante à Brac. Mais pas que. Son inspiration vagabonde, même En tandem et en tendresse. Même quand ce mec se prend pour mac : « Sans êt’ le plus beau / Mes morues j’les aligne / C’est bien moi, l’roi des maqu’reaux / Elles mordent à l’ham’çon, point à la ligne ». Dame, chez-moi ce Sein que je ne saurais voir !

D01 (139x125) spine 6mm 1CDIl y a de l’énergie en ce disque, aussi des temps calmes, là où la mélancolie s’insinue, les yeux en déglingue. Comme Au Bar du bout du monde, où la musique est en mineur pour chagrin majeur. Piano et mouettes qui s’égayent… C’est presque pas là qu’on se saoule, mais à la chanson suivante, chez Les Surdoués, un titre brélien célébrant, façon de parler, les tire-au-flanc et pisse-vinaigre, tire-bouchons et porte-plumes. Intéressant. Quitte à lister, comme on le ferait pour un mariage, Brac liste encore et nous fait l’inventaire des amours : ça sent le désabusé…

Je vous laisse découvrir le reste du catalogue, bien fourni, des nouvelles chansons de Brac, qui va jusqu’à l’Alzaimer (l’oubli amoureux, on suppose), ça doit être pour ça que je ne m’en souviens plus bien.

Si, retenons encore ces Enfants conquistadors, qui elle aussi perce de regrets et appelle à un sursaut de ceux qui nous suivent, les enfants. Car « Je maudis ceux qui rampent / Les cravates en cohortes / Et je grille sous la lampe / Tous mes jours de cloporte ».

Un an après la sortie de son Chanson-Trempoline, ce huitième album (et le second qu’il propose aussi en clé USB dans un joli petit coffret) prouve que l’inspiration de Jean-Michel Brac n’expire pas, bien au contraire.

Si la musique (parfois aux notes électroniques) tient sa place, il ne sont que trois à la faire vivre : saluons Patrick Pernet au clavier, mélodica et guitare-clavier, aux arrangements aussi, Patricia Steinhoff au violon, accordéon et chœurs, et Brac.

 

Jean-Michel Brac, Autres Ribines, La Fourmi bleue 2023. Le site de Brac, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« En tandem et en tendresse » : Image de prévisualisation YouTube

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