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La Sacem en croque-morts

un-enterrement-en-alsace-dans-la-premiere-partie-du-xx-e-siecle-alors-les-ceremonies-funebres-avaient-vraiment-de-la-pompe-les-croque-morts-a-bicornes-avaient-une-allure-imperiale-dr-1596620875Ne faites pas cette gueule d’enterrement, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. La Sacem, Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique, est un grippe-sous qui taxe tant qu’elle peut, autant qu’elle veut. Elle pourrait vous faire payer ce p’tit air qui vous trotte en tête dès potron-minet ou celui que vous susurrez sous la douche qu’elle le ferait : c’est pas dit qu’elle n’arrive pas à le faire un jour. Elle taxe toute musique mais, charité bien ordonnée, ne rend vraiment une partie des espèces sonnantes et trébuchantes qu’aux gros, aux puissants.

Voici qu’elle s’est mis en tête de faire les poches des gens en peine chaque fois qu’un enterrement utilise une musique. A savoir tout le temps. A l’église, au crématorium ou au cul de la fosse, les familles éplorées ont toutes envie, comme un ultime clin d’œil au défunt, de lui passer sa chanson préférée. Ce tube de l’été où les futurs époux se sont rencontrés, la chanson que maman aimait tant fredonner, rarement cette gaudriole de papa qui faisait pourtant son effet en fin de banquet.

Il y aura des contrôles, vous vous doutez bien : peut-être être même faudra-t-il embaucher dans les rangs de la Sacem pour vérifier sur place. Avec plus de six cent trente mille macchabées par an, ça va créer de l’emploi s’il faut pointer, avec la morgue de rigueur, chaque titre diffusé : il y a vraiment de ces petits métiers de merde… De croque-morts à croque-musiques… Leur faudra-t-il du tact, de la compassion, tomber la larme de rigueur sur Les Roses blanches* à peine flétries, ou seulement posséder une redoutable culture musicale, une presque maîtrise en cantologie : savoir différencier une chanson de Clara Luciani de celle de Yelle n’est pas donné au premier fouille-dépouille venu.

En cas de poches percées, vous pourrez, à votre trépas, vous dispenser de payer à la condition de ne diffuser que des œuvres tombées dans le domaine public, pas forcément dans la fosse commune : à savoir des œuvres créées par des auteurs décédés depuis plus de soixante-dix ans. Si vous aviez l’âme quelque peu révolutionnaire, optez pour La Butte rouge, Les Canuts ou L’Internationale (surtout pour des obsèques au Père Lachaise : Eugène Pottier y repose, ça lui fera plaisir…) : ça éduquera du même coup vos héritiers ! Les défunts fachos, eux, préféreront Wagner, canon s’il en fut du IIIe Reich.

Et soyez certains que plus vous mourrez, plus nos auteurs, compositeurs et éditeurs de musiques se porteront mieux. Allons-y gaiement !

*Qui ne sera dans le domaine public qu’en juin 2048 !

 

Georges  Brassens « Les Funérailles d’antan » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à La Sacem en croque-morts

  1. Françoise Boireaud 8 février 2024 à 17 h 11 min

    la sacem est la quintessence du système capitaliste : faire payer les pauvres pour donner aux riches.
    Quand les artistes paroliers et musiciens comprendront qu’ils n’ont rien à gagner à adhérer à cet organisme, ils l’affaibliront grandement en s’en retirant.
    A partir du moment où chaque artiste est en mesure de prouver que c’est bien lui ou elle qui a créer une chanson ou un morceau grâce à l’affiche ou les billets d’un spectacle, il est protégé. Bon, c’est à lui d’aller récupérer son dû quand son œuvre est reprise. Mais par rapport au rapport coût/bénéfice de la sacem, l’opération reste rentable.
    A méditer…

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