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Julien Clerc « L’assassin assassiné »

CLERC 1980 Julien Sans entracte(…) Si je demande qu’on me permette
À la place d’une chanson
D’amour peut-être
De vous chanter un silence
C’est que ce souvenir me hante
Lorsque le couteau est tombé
Le crime a changé de côté
Ci-gît ce soir dans ma mémoire
Un assassin assassiné
Assassiné
Assassiné

Julien Clerc

Paroles Jean-Loup Dabadie, Musique Julien Clerc. Extrait de l’album « Sans entracte » 1980

Ici Julien Clerc réinterprète cette chanson en 2013 à Bruxelles. 

Ce 9 février au matin, la nouvelle résonne, Robert Badinter est décédé à l’âge de 95 ans. Ses parents avaient fui la Bessarabie, aux confins de la Russie, dès 1919 pour échapper aux persécutions et avaient  été naturalisés français avant qu’il ne naisse, le 30 mars 1928.  Plusieurs membres de sa famille, dont son père, sont arrêtés à Lyon en zone libre où ils s’étaient d’abord réfugiés, ils ne reviendront pas. Lui échappe avec sa mère et son frère à la déportation grâce à la bienveillance des habitants de Cognin, en Savoie, l’ultime refuge.

Robert Badinter, adulte, devient avocat et est confronté à la peine de mort plus personnellement deux fois : en 1972 lors de l’affaire Bontems, exécuté comme complice (de Buffet) d’une prise d’otages meurtrière mais n’ayant pas tué lui-même, qu’il ne parvient pas à sauver. Il milite alors pour l’abolition de cette peine. 
En 1977 lors de l’affaire Patrick Henry, auteur du meurtre d’un enfant après enlèvement pour en tirer une rançon. Badinter a l’intime conviction, comme Victor Hugo,  que la Société ne peut être meurtrière à son tour, que l’exécution ne dissuade d’ailleurs pas le crime, et il sauve la tête de son client en faisant le procès de la peine de mort.

C’est à cette époque que le chanteur Michel Sardou chante Je suis pour, prônant la vengeance et le refus du pardon en cas de meurtre d’un enfant. 

Ce n’est qu’en 1981, sous la présidence de François Mitterrand, que Robert Badinter, alors ministre de la justice, fait passer l’abolition de la peine de mort, le 18 septembre 1981, convaincant même le Sénat, et bien que les sondages auprès des français n’y soient pas favorables. En 1982 il fait aussi supprimer le délit d’homosexualité, et tente en vain en 1990 de créer l’exception d’inconstitutionnalité (adoptée seulement en 2008). Il reste jusqu’à sa mort militant humaniste. 

En 1978 Jean-Loup Dabadie propose les paroles de cette chanson à Julien Clerc, qui l’intègrera dans cet album de 1980 et la défendra à la télévision : « On ne peut pas répondre à la mort par la mort », revoir ce qu’en dit Julien Clerc en 2014 sur C à vous, avec l’extrait de l’époque, en présence de Robert Badinter. Dans cet album figurent des chansons de Dabadie, Gainsbourg, Plamondon, la Jungle queen de Maurice Vallet , et une reprise de La quête chantée à l’origine par Brel. 

L’hommage de Julien Clerc à Robert Badinter sur X :
« Robert Badinter était un homme de combats pour plus de justice dans la société. Parmi ceux-ci, la dépénalisation de l’homosexualité, la lutte contre l’antisémitisme et, évidemment, le plus emblématique : celui pour l’abolition de la peine de mort. J’ai pu assister à une de ses plaidoiries avant l’abolition de la peine de mort en 1981. A l’époque, il était l’avocat d’un meurtrier récidiviste à Toulouse. C’est ce procès et ma rencontre avec ce futur homme politique qui m’ont convaincu d’inclure dans mon répertoire « L’assassin assassiné », chanson écrite par Jean-Loup Dabadie et véritable plaidoyer anti-peine de mort. »
La chanson sur L’invité de FR3 en 1979, document INA.

Jean Loup Dabadie avait  su trouver les mots : « Messieurs les assassins commencent / Oui, mais la société recommence / Le sang d’un condamné à mort / C’est du sang d’homme, c’en est encore »

2 Réponses à Julien Clerc « L’assassin assassiné »

  1. Gallet 10 février 2024 à 13 h 34 min

    4 minutes 45 pour moi plus évidentes et importantes que les heures d’émission consacrées à l’avocat le plus Badinter ….

    Répondre
  2. Michel Davesnes 10 février 2024 à 23 h 10 min

    Il n’était pas si convaincu que ça, Julien Clerc. Il l’a très peu chantée, cette chanson. Il a même dit un jour, alors qu’on lui réclamait, qu’il préférait chanter des chansons d’amour et qu’il n’était pas militant. Aussi, je trouve un peu gênant cette mise en avant, au moment de la mort de Badinter, avec un texte qui doit tout à Jean-Loup Dabadie, un homme de conviction, lui.

    Répondre

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