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Célestin « Les temps passent »

CELESTIN 2024 les temps passent 500x500J’suis né un lendemain de jeudi 12, un soir d’orage en Saône-et-Loire.
J’ai perdu mon premier bras d’fer contre un forceps sans foi ni loi.
J’ai écrit dans l’livre d’or de la clinique : « Je vous préviens,
J’gagnerai le match retour et je retournerai d’où je viens. »
J’ai grandi dans un p’tit bled, tellement petit,
Qu’à moi seul j’étais 5% d’sa démographie.
Notre fric était au smic, ce que le string est au slip.
Après les repas, on faisait la vaisselle par principe.
On a été épargnés par le dictat de l’habit.
Nos cœurs avaient p’t’être juste la vision en rayon x.
C’est vrai qu’on était cons, on était jeunes oui,
Mais la récré, c’était loin d’être la fashion week.

Célestin

Paroles et Musique Sébastien Rambaud (Célestin). Monotitre 2024

Session acoustique fleurie pour nous conter ce titre inédit, quarante ans de vie entre XXeme siècle et XXIeme, et c’est là qu’on voit comme ce temps s’est tout d’un coup brutalement accéléré.  

Comme dans son second album, Deuxième acte (2022), Célestin aime nous raconter des histoires, plus, tracer des fresques. Que votre année soit bonne nous fait en quelque trois minutes le récit complet de la Vie depuis le Bing-Bang : « Si on fait tenir l’histoire de l’univers dans une année civile, le Big Bang a lieu le 1er janvier à 0h00, les premières étoiles apparaissent 3 jours plus tard, la terre se forme début septembre et l’homme apparaît sur terre le 31 décembre à 23h56 ! » Son grand souci est l’impact terrifiant de l’homme sur sa Mère la Terre, en étant débarqué si tard. Qui aboutira à l’avenir catastrophique conté avec une belle inventivité de mots  dans Bonhomme de neige : « La scène se passe en 3016… ». De sa virtuosité verbale, Le temps vous donne d’ailleurs un percutant aperçu : « Au sport extrême d’élocution, en labio-musculation / Glotte-amigdalo training, en machoiro-body-buiding », avant d’opérer un salutaire ralentissement : « c’est important d’prendre le temps / De profiter de chacun, de profiter de chaque instant ». 

Cet album est d’abord musicalement un opus dynamisant, invitant de nombreux bons musiciens et choristes, avec du rythme, des arrangements somptueux, et des variations électroniques qui font penser à Stromae, avec lequel il partage le fait d’écrire des chansons joyeuses et dansantes, mais qui s’attachent à des sujets beaucoup plus profonds qu’il n’y paraît : sens de la vie avec l’addictive Qu’est-ce qu’on fait là, ou l’encourageante Souris à la vie ; fin de vie avec l’auto biographique L’œuf au plat, racontant le dernier repas qu’il concocte en cachette avec sa sœur pour son grand-père à l’hôpital ; engagement qui ne mâche pas ses mots : « Aujourd’hui c’est  des milliards , des milliards j’ai bien dit / De quoi sortir de la rue nos trois cent mille sans abris / Qu’on donnera aux PDG  de petites multinationales / Comme Hermès, Amazon, Chanel, ou l’Oréal / C’est un vendredi noir pour nos maisons bleues » ; et plusieurs écritures originales sur l’amour et la sensualité, comme l’enivrante Tes lèvres, ou le scientifique et féministe Hommage au clitoris, finissant en l’apothéose M’aimes-tu avec le Quatuor à cordes « Arta Blarta ». 

La tête dans les étoiles, mais « Luniblement terratique », Célestin cache sous une fantaisie sans limite et une hyper activité à rendre jaloux tous les champions du Faire, une inquiétude sur l’avenir de notre société, de la poésie, de la sensibilité et de l’humour. Très présent sur les réseaux, il renouvelle sans cesse les versions de ses chansons, reprend aussi celles qui l’inspirent, comme Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre. Il n’a pas fini de nous étonner avec en vue un troisième album. En concert jeudi 25 avril 2024 à Meythet (74) à L’Ecrevis. 

 

 

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