Kate Bush, Elton John, « Snowed in at Wheeler Street »
Excuse me, I’m sorry to bother you
But don’t I know you
There’s just something about you
Haven’t we met before
We’ve been in love forever
When we got to the top of the hill
We saw Rome burning (…)
09 / 11 in New York
I took your photograph
I still have your smiling face
In a heart-shaped frame
Snowed in at Wheeler Street
Just two old flames
Keeping the fire going
We look so good together
Kate Bush, Elton John
Paroles et Musique Kate Bush. Extrait de l’album « 50 Words for snow », 2011
Dans cet album-concept de la chanteuse britannique Kate Bush, son dixième, le thème commun est la neige. Après six ans de silence (l’album précédent, Aerial, date de 2005), elle enchaîne en mai 2011 un album de rééditions, Director’s book, de ses albums de 1989 et 1993, la plupart réenregistrés, et cet album en novembre.
Certains ont trouvé long cet album. Normal, on y entend vraiment tomber la neige, dans une lente danse des flocons que nous suggère la pochette de Robert Alisopp. Les notes du piano, la batterie balayée légèrement, la voix lente et douce qui soudain s’élève, tout nous enveloppe de flocons qui montent et qui descendent en tourbillons légers. C’est un album à écouter dans un bon fauteuil-club en cuir, un plaid sur les genoux, devant un feu de bois, en regardant voleter des flocons dans la campagne brumeuse…
Chacun de ses sept titres dépasse les six minutes, de Among Angels, le dernier – dont le thème peut rappeler l’inspiration récurrente de Nougaro quand il écrivait Les anges, « en hiver les anges les anges bâillent » ou encore le conte Plume d’ange « de l’accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait / Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là », et bien sûr La neige, elle-même - à Misty, où un être mystérieux, fantôme peut-être, se dissout dans la brume pendant treize minutes trente-deux. Et puis la chanson-titre, qui s’amuse à trouver 50 mots pour figurer la neige.
Mais c’est à ce conte, cette fable fantastique que nous nous intéressons aujourd’hui, ce couple interprété par Kate Bush et Elton John, qui se retrouve à travers les siècles, toujours pris dans une catastrophe, traverse les temps sans jamais pouvoir se retrouver, au bord du gouffre, témoin de la folie des hommes : ils ont vu Rome brûler, se sont rencontrés en 1942, perdus dans les brouillards de Londres… 11 septembre à New-York, le souvenir de cette photo souriante dans ce cadre en forme de cœur. Là les flocons de neige, ce sont les cendres qui envahissent tout, peut-être. Par contre, bloqués tous deux par la neige dans Wheeler Street ( c’est à Cambridge) c’est auprès des dernières flammes d’un foyer qu’ils se retrouvent si bien ensemble… ne voulant jamais se séparer… « I don’t want to lose you again » Je ne veux plus vous perdre… La musique qui balance, tout en tension, cet espèce de suspens…
En souvenir du 11 septembre 2001, rappelez-vous ces flocons de poussière qui s’insinuaient partout… pour que plus jamais nous perdre… Et là encore, nous ne pouvons que citer Nougaro : « Assez ! »


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