Ange éternel, Ange radieux
Ange à Verviers Photos ©Yann Pichon
Verviers, le Spirit of 66, 9 octobre 2025
Les 31 janvier et 1er février 2025, Christian Décamps, maître d’œuvre d’Ange depuis le début, mettait un terme à son aventure scénique, lors de deux mémorables concerts à l’Olympia. Ce retrait allait-il marquer la fin de l’histoire pour le groupe, après 55 ans de bons et loyaux services ? C’est heureusement loin d’être le cas.
A peine 10 mois plus tard, le voilà en effet reparti pour une longue tournée, intitulée Quitter la meute. Juste après la parution d’un nouvel album, Cunégonde, venu s’ajouter à leur impressionnante discographie d’une cinquantaine d’opus, disque live et studio confondus. Ange n’est pas mort et bande encore, qu’on se le dise donc !
A la tête du groupe désormais, le fiston du patriarche retraité : Tristan Décamps. Bien connu des amateurs évidemment, puisqu’il était titulaire des claviers au sein de la formation depuis 1995 et en concert, remplaçait déjà son père depuis des années le temps de l’une ou l’autre chanson. Nul autre que lui n’était plus légitime à reprendre le flambeau. Il a bien fallu engager un nouveau claviériste pour le remplacer, Séraphin Palmieri, mais le reste du personnel reste inchangé : l’incroyable Hassan Hajdi officie toujours à la guitare, Thierry Sidhoum à la basse et Benoît Cazzulini à la batterie.
Rien ne change alors ? Oui et non.
L’ouverture du show ravit d’aise le public. Une ancienne chanson, Je travaille sans filet, interprétée d’une voix puissante par Tristan, avec la réjouissante théâtralité héritée de son paternel, allongée comme il se doit pour atteindre les 10 bonnes minutes. C’est bien le rock dit « progressif » d’Ange qui vient nous cueillir, avec les envolées de claviers et les solos de guitares qu’on aime. Le morceau suivant, le bretonnant Adrénaline estampillé 2000, vient nous conforter dans notre sentiment : ouf, la machine fonctionne toujours à plein régime !
Hélas, cela va légèrement se gâter dans la demi-heure qui suit. Place en effet à 5 nouvelles chansons (même si certaines étaient déjà chantées sur scène depuis quelques années). Sont-elles objectivement moins réussies ou leur résistons-nous par réflexe, juste parce que l’on a avant tout envie d’entendre Ange nous interpréter ses titres de gloire ? Seul le temps jugera de leur persistance dans l’oreille des fans. Toujours est-il que ce passage à la nouveauté fait sérieusement chuter l’ambiance, même si le nerveux Quitter la meute ne démérite pas.
Probablement conscient de l’attente du public, Tristan le rassure en annonçant que la suite du concert puiserait dans le patrimoine du groupe. Et de l’envoyer tout de suite dans le Moyen Age avec Camelote et Godevin le vilain. Le reste ne sera que bonheur pour les fans, avec (entre autres) Le soir du diable et un vigoureux Quasimodo en point d’orgue.
Ange 2025 reste donc un groupe de haut niveau. Les musiciens sont aguerris et impressionnants de technique. La cohésion du groupe est intacte. Tristan Décamps assure la relève avec brio. Tout fonctionne très bien et il serait malhonnête de prétendre au sortir de la salle avoir passé une mauvaise soirée. Il aura juste manqué une petite étincelle durant le concert, celle qui transforme le bon moment en souvenir inoubliable.
Il reste cependant au groupe new look à accomplir le plus dur : faire oublier Christian Décamps ! Mission quasi impossible, tant le personnage en imposait, fût-ce d’un point de vue physique. On n’écarte pas une telle aura et un tel charisme d’un revers de main… Mais mission nécessaire, si l’Ange du fiston ne veut pas être considéré comme un simple – et très doué – groupe « tribute », semblable à ces formations que l’on croise au détour de chaque scène. Il lui faut pour cela affirmer une nouvelle personnalité, sans pourtant trahir son modèle, au risque de se faire lâcher par son public de fidèles. Le chemin est pris : la set-list a ainsi occulté certains morceaux a priori incontournables, dont le Ces gens-là, qui clôturait systématiquement les prestations depuis toujours (ou presque). On ne peut qu’y voir une volonté de se démarquer.
Ne doutons pas qu’une telle somme de talents relèvera le défi. Laissons-leur juste le temps nécessaire. Le nouvel Ange est en marche, rien ne l’arrêtera.
Le site de Ange, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit du groupe, c’est là
« Je travaille sans filet » Florange octobre 2025 
« Un diamant dans le cœur/Quitter la meute » Café de la danse octobre 2025 
« Le soir du diable » Café de la danse octobre 2025 


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