Oldelaf fait rien qu’à chroniquer la vie
Oldelaf (photo de presse non créditée)
« Vous les afghans, vous vous plaignez tout’ le temps / Vous les afghans vous êtes jamais contents / Cette année encore vous ne pensez qu’à vous / Et vos petits problèmes / Vous êtes autocentrés / Mais savez-vous seulement ce qu’on vit par chez nous / Les factures EDF les grèves et c’est pas tout / Les retours de vacances y’a eu plein de bouchons / Le pouvoir s’en balance / Aucune aide de Macron / Alors soyez plus humbles, faites pas vot’cinéma… »
Avant de chanter sur France-Inter, dans La Bande originale de Nagui, Oldelaf exerçait cette identique fonction d’amuseur-chanteur-chroniqueur sur Rire et Chansons, dans la matinale de Bruno Roblès. Il y aurait même créé cent-cinquante chansons : des décalées, des tendres, absurdes, satiriques. Toutes profondément humaines, même quand ça raille et déraille, suffit de les écouter pour s’en convaincre. En voici douze, arrangées et produites, rendues totalement sexy, gravées pour la postérité. Voyez cependant la déperdition, le manque-à-écouter : cent-trente-huit disparaissent de facto de notre mémoire.
Ceci dit, il fut un temps où de tels titres nous auraient semblé trop faciles, d’une écriture un peu légère, juste bonnes à égayer un après-midi pluvieux en centre de vacances ou un petit-goûter à l’Ehpad du coin. Mais vu ce que programment désormais les radios, y compris (et surtout ?) Inter, vu comment on dézingue la chanson, ces petites chansonnettes en général pas bien farouches (elles avaient toutes la particularité d’être fraîches pondues du jour ou de la veille, et c’est pas rien) changent de statut, gagnant l’enviable rang de perles. Considérez donc que ce recueil de douze titres est un somptueux collier.
C’est de l’Oldelaf bon teint, qui pète la forme, qui malaxe pas mal de mélancolie, d’émotions, de tendresses et de parfums (dans Chanel n°5, c’est évident), des gesticulations adolescentes, de caricatures bienveillantes (sur Les Groupes de jeunes, notamment : on s’y reconnaîtra forcément ; sur eux qui ont opté pour Allemand en première langue aussi…). C’est essentiellement drôle (désopilant même avec T’es qui toi ?, scène de la vie quotidienne à l’institut Alzheimer) et ça nous ramène à de vieux souvenirs souvent enfouis, de ceux qu’on retrouve avec surprise en regardant de vielles photos en partie jaunies, en se remémorant les années collège et lycée. Même ce qui semble dérisoire est de fait important : c’est une part de lui et, en ricochet comme en miroir, un peu de nous. Et que dire de ce « J’suis prof de natation / Pour les migrants » qui devrait faire un tube du côté de Boulogne…
Ça nous fera parfois songer à du Richard Gotainer par ce côté tout fou tout flamme, ce p’tit côté débile mais pas trop qui les anime toutes. Ces « délires chroniques » peuvent vous devenir indispensables si vous vous mettez sur la fréquence Oldelaf. Vous verrez, c’est fastoche autant que plaisant.
Oldelaf, Délires chroniques, at(h)ome 2025. Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.



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