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Le chant profond de Moran

moranLe Bijou, jeudi 27 mars 2014,

Pour évoquer ce concert, on aurait pu tout aussi bien s’en remettre à la poésie, à Verlaine par exemple, et pour cela se souvenir : « Je suis venu calme orphelin / Riche de mes seuls yeux tranquilles »… Et l’on aurait eu en écho douloureux : « Je ne suis pas d’un temps où il fait bon de n’être / Que l’ombre d’un printemps aux carreaux des fenêtres… Je ne suis pas d’ici je ne suis pas d’ailleurs / On ne m’a pas construit la maison du bonheur » (Sans Abri, chanson-titre du troisième album).

Avec Moran, il ne fait aucun doute que l’on est en terre familière pour peu que la fréquentation des poètes d’hier et d’aujourd’hui nous ait laissé au cœur son poudroiement incandescent. On aime ses mots qui heurtent, bousculent, caressent et susurrent le doute et le désir, la peur et l’amour. On aime retrouver les frissons sur la peau à leur envolée lyrique.

Depuis que cet auteur a trouvé la barque des mélodies pour porter haut ses vers – rencontre assez tardive, à plus de trente ans – depuis que son visage nous est apparu en 2007 sur les affiches des Déferlantes francophones de Capbreton où il remporta le Tremplin Découvertes, la venue en France de ce Québécois ne passe pas inaperçue. Et pourtant, soulignons que c’est une première fois à Toulouse.

S’il est vrai que la rencontre est incontestablement celle d’une écriture, ce concert est un spectacle total. D’abord il y a l’artiste, un homme de scène qui sait d’un sourire (magnifique !) d’une répartie, d’une galéjade maintenir le lien constant avec son public, auquel il accorde ainsi quelques respirations entre deux textes profonds, souvent bouleversants. Il y a sa voix, au grain si singulier, « lointaine et calme, et grave elle a / L’inflexion des voix chères qui se sont tues » (Verlaine encore !) Il y aussi la parfaite osmose du trio : ses deux musiciens, ses amis (c’est incontestable à les voir) et compositeurs, Thomas Carbou (Guitares baryton et 8 cordes) et Sylvain Coulombe, (batterie et percussions) qui mêlent aussi leur voix à la sienne. Il y a les éclairages qui vous plongent dans un clair obscur intimiste et auréolent leur silhouette d’un fil doré se détachant sur les images qui défilent en fond. Le spectacle s’ouvre ainsi sur une pluie d’étoiles, à moins qu’il ne s’agisse d’oiseaux pour accompagner Dans ma Tête : « Si tout est calme/ La fleur et la peau/ Se Marieront peut-être / Au parfum des bateaux / Juste avant la tempête/ Quelque part dans ma tête / Dans ma tête ». Et puis bien sûr, il y a la musique qui vous embarque, vous transporte et vous surprend en train de la suivre, d’un battement de pied, d’un balancement de tête. Car le corps prend sa part dans les envolées des guitares qui se répondent, le jeu subtil du batteur, jamais dans la force gratuite.

On sort de la salle, un peu ivre de tant d’émotions, un peu fragile mais riche de cette échappée « Là où la voix a feu et lieu / Là où les sons sont des ballons » (Mêmes Animaux).

Le site de Moran c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Le chant profond de Moran

  1. Patrick MILIQUE 29 mars 2014 à 13 h 14 min

    Grosse intensité ce soir-là, oui…

    Moran est de ces poètes tricoteurs de mots dévorés par la flamme.
    Son écriture ciselée de fines arabesques épèlent la vie de cicatrices entrelacées et frémissantes. Ondes persistantes inscrites dans la permanence d’une musique de l’âme qui aurait du vague au cœur.
    Voyage-parenthèse qui imprègne l’atmosphère de ces ivresses secrètes.

    Mais je dis ça, je ne dis rien!
    Car enfin, qu’ajouter vraiment?
    Que faire d’autre Claude que me joindre aux éloges tombés en partage de votre plume inspirée?

    Répondre
  2. Danièle Sala 29 mars 2014 à 15 h 53 min

    Rien à ajouter , je souscris à ces éloges, le frisson qui ouvre les blessures de l’âme, on l’a à l’écouter ,  » ivres d’émotions » .

    Répondre

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