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Gérard Pierron au fil de l’eau

Gérard Pierron (saisie d'écran du film)

Gérard Pierron (saisie d’écran du film)

Il y a dans ce titre, Sillons Sillages, comme le rappel d’une de ses chansons de derrière les fagots, Falot Falotte. Il y a, premières images, la mer, souvenirs de quand il s’est fait embarquer, en 1969, sur un Terre-Neuvas, comme électricien, son roman de Melville à lui « J’avais vingt-quatre ans, j’en paraissais dix-sept, et les marins disaient : qu’est-ce qu’il vient faire ce gamin sur le bateau ? » Il adorait plus que tout changer les lampes en haut des mats…

Il a sa rivière, il a la Loire et la mer. Et ses rêves. Gérard Pierron est un grand voyageur mais à contre-courant. En ce film de Paul Champart, il se livre, un peu. Ce n’est pas une biographie filmée, non, la modestie de Gérard Pierron en eût souffert. Ce sont bribes arrachées au quotidien de Pierron, prélevées à la vie. Ici en haute mer, là sur le terrain de la boule de fort, cet étonnant jeu qui suscita en lui le besoin d’y consacrer tout un disque (Chansons en charentaises, poésie et magie de la boule de fort). Une heure dix hors des tourbillons et des tourments du monde, faite de paysages, de bouts de Loire, d’arbres, de verdures et de fontaines. D’un moulin à eau. De confidences, de choses de bons sens. Et de chansons. Des siennes et de poètes (Louis Brauquier, Emile Joulain, Allain Leprest, Gaston Couté…) aux mots déjà musicaux que Pierron a surlignés de ses mélodies, toutes simples et si belles.

Des moments de vie, de préparation à des récitals, avec ses complices Nathalie Fortin, Clémence Mesnil, Vincent Pierron, Patrick Reboud, Marie Mazille, Yves Perrin. Et Allain Leprest.

pochette DVD vignetteC’est un film qui tranquillement s’écoule. On prend le temps d’y voir la boule de fort tailler sa route, se jouer de la piste incurvée et se placer si près ou mourir plus loin. Un film qui ne se hâte pas, foulant à petits pas les chemins de traverse, les sentiers chansonniers. On se trouve chez Pierron, on y parle, on y mange, on y verse du sel. Les enfants jouent les œuvres du papa. On y cause de la musicalité des mots, de la phonétique des langues. Des grands poètes du dictionnaire et d’autres, tout aussi intéressants mais inconnus, de proximité, parfois de la rue ou du bourg d’à côté. Nathalie Fortin tente une explication sur les mélodies de Gérard, comment elles naissent de la délicatesse de l’image…

Ce film est d’autant plus précieux qu’on ne l’attendait pas. Cadeau. Toute discrétion qu’il est, Gérard Pierron s’y confie, raconte quelques anecdotes. Pas de scoops, rien que des choses simples, comme ce vélo offert à Leprest qui lui valut tant de chutes… Chut.

Soixante-dix minutes dans la vie de Gérard Pierron, c’est à la fois exceptionnel et bien court. Ça donne surtout envie de remettre sur la platine tous ses disques (par bonheur l’éditeur Frémeaux & associés devrait rééditer sous peu les disques épuisés, le Chante vigne chante vin de 2000 est déjà à son catalogue) ; ça ne donne pas forcément envie d’aimer plus encore Pierron : ça nous dit seulement pourquoi on l’aime, pourquoi cet homme si simple, à l’exact opposé des trompettes de la renommée, nous est tellement indispensable.

 

Paul Champart, Sillons Sillages, Inthemood/ Le p’tit chariot 2015. Le site de Gérard Pierron, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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9 Réponses à Gérard Pierron au fil de l’eau

  1. Albert Weber 20 septembre 2015 à 21 h 42 min

    Superbe documentaire à découvrir sans tarder…. Je l’ai vu à Barjac et m’en suis offert un exemplaire.

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  2. Daniel Des Bois 20 septembre 2015 à 21 h 43 min

    Vu à Barjac et acheté ensuite… une merveille ! vraiment le reflet de la personnalité de Gérard.

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  3. Marc Gicquel 20 septembre 2015 à 21 h 46 min

    Déjà vu 2 fois, à Blanzat et ensuite chez moi… L’univers de Gérard qui fait corps avec son oeuvre

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  4. Odile 21 septembre 2015 à 13 h 55 min

    Après tout ces éloges, je vais de ce pas, commander ce film, qui peut que me plaire.
    Moi qui aurait tant voulu le voir en spectacle, mais pas de Pierron dans les environs…

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  5. Danièle Sala 21 septembre 2015 à 18 h 02 min

    Un terrien voyageur poète et musicien, un Virgile des temps modernes, un humain avec qui on se sent bien . Et je remercie la dame qui m’a mise en contact avec lui, à Blanzat, en juillet dernier, il s’est souvenu de notre première rencontre poésies et chansons autour de Gaston Couté .

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  6. Roger Mare 21 septembre 2015 à 20 h 10 min

    Mon premier disque de Gérard Pierron ? « La chanson du gars qu’a mal tourné », en 1978 je crois. La librairie où je me fournissais en bons bouquins a organisé la venue de Pierron au théâtre du coin. Un beau moment. C’était il y a longtemps mais Pierron n’a pas changé, c’est le même petit bonheur, toujours recommencé.

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  7. pommier marc 22 septembre 2015 à 10 h 13 min

    Ma consolation de n’avoir pu le voir pendant les festivals ! ce DVD m’ a été offert, je l’ai apprécié et pris le temps de respirer à chaque image !

    j’aime la famille PIERRON pour son côté fraternel et accueillant !

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  8. Gallet 23 septembre 2015 à 9 h 37 min

    « Nathalie tente une explication… » Cela me semble un peu réducteur… non ? Tout le film, pour moi, réussit à montrer les beaux humains de la famille ! Et à nous les faire aimer encore plus ! Si, si !
    JPaul Gallet

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  9. Odile 3 octobre 2015 à 11 h 39 min

    Je me suis offert ce DVD, un très beau cadeau!
    Je n’ai pas vu passer le temps , un documentaire vraiment magnifique.
    Son amour de l’eau, du matelot et son bateau, et surtout de la Loire.
    Un homme simple, passionnant et passionné de musique et de poésie.
    Et cette fraternité autour de la table, ou de la boule de fort!
    Bravo!

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