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La Cigale à tire d’Elles

Les Elles (photos XXX)

Les Elles (photos DR)

Louis Ville et Les Elles, 10 novembre 2015, La Cigale à Paris,

 

C’est peu dire que ce superbe écrin qu’est la Cigale était l’endroit rêvé pour accueillir dignement la reformation inespérée des Elles, ce petit bijou éthéré de folie et de sensibilité mêlées… Signé à ses tous débuts dans les années 90 sur le mythique label Chantons sous la truie de Boucherie Productions, le groupe s’était séparé il y a quelques années au grand dam de leurs nombreux admirateurs… C’est grâce aux (excellentes) Éditions Balandras que cette reformation a pu voir le jour, couplée avec la sortie d’un Best of  Meilleur du…, agrémenté de quelques inédits, album dont votre site préféré vous a déjà entretenu, heureux Enlecteurs que vous êtes.

Louis Ville

Louis Ville

En première partie, superbe prestation solo de l’envoutant bonimenteur Louis Ville, dont la grosse voix ample fait taire les bruissements du public, emplissant la Cigale soudainement silencieuse. Pour autant que l’on puisse en juger depuis le premier balcon, c’est harnaché d’une superbe Gretsch érubescente qu’il nous emporte sans coup férir les cheveux au vent sur son petit vélo (il nous corrigera si ma vue m’a trompé…). Un très beau set bien trop court, marqué par le magnifique Hôtel pourri qui file des frissons à tous et achève d’emporter le morceau…

Le grand moment est venu… Ellegiaques, ellectriques, ellegantes, elliptiques, elliquibristes (si je veux… !), ellaborées et elloquantes, les Elles sont avant tout de satanés ellectrons libres ! Les Elles, c’est surtout, sans barguigner, la présence exceptionnelle de Pascaline Herveet, la charismatique chanteuse déjantée, mix improbable entre Clarika, Bjork et Brigitte Fontaine (vous imaginez.. ?). Fièrement plantée au beau milieu de la scène telle une sage écolière psychotique, vêtue d’une robe blanche très sage en apparence, elle arbore crânement une divine paire d’escarpins andrinoples. Les talons hauts, ça fait sourire les fesses, ce n’est pas moi qui le dis (qui a dit « pour une fois… » ?). Et même que des fois, le sourire, il prend l’ascenseur le long de la colonne vertébrale, il remonte jusqu’à la bouche, c’est incroyable… Tragédienne ingénue, sa conséquente tignasse de jais encadre un visage délicieusement mutin, tout à tour guilleret ou inquiétant, comme lors de ce mantra schizophrénique « J’aimerais bien avoir des ciseaux avec des bouts pointus… »  Grinçante ou légère, elle nous emporte bien vite dans cet univers halluciné, sa petite voix insidieuse tournant et retournant dans nos têtes sans pouvoir s’échapper totalement, se cognant follement à nos synapses affolées… Est-ce réellement un hasard si ses initiales font HP ?                                                                        

Elles 2La belle n’est cependant pas seule, loin de là, elle est même extrêmement bien entourée, puisque nous retrouvons à ses côtés Sophie Henry petit elfe touche à tout (piano, accordéon, harmonium). Discrète mais omniprésente, son harmonium apporte une touche musicale fascinante, capable d’une grande finesse harmonique comme de gros sons saturés façon électro, saturant l’espace et faisant littéralement vibrer l’air de la salle. Et nous voici submergés de vagues oniriques et délicieusement inquiétantes, nappes hypnotiques et funèbres façon films de la Hammer… La voici maintenant se livrant à de bien étranges percussions sur une étonnante cage à oiseaux transformée en washboard d’un soir… Sur Orthopedia (jambe de bois), elle se livre à un jeu percussif troublant, marquant une martiale rythmique claudicante de ses grosses socques à semelles de bois. Et puis, quel fascinant ballet un peu plus tard que ces pieds nus courant sur le pédalier de bois de l’harmonium tels des chatons joueurs… C’est avec grand plaisir que nous retrouvons également sur scène Sarah Auvray, prêtant sa superbe voix claire aux chœurs éthérés et renvoyant la balle avec brio à une Pascaline décidément très en verve ce soir…

A ses côtés, Elodie Fourré colore ce cas barré surréaliste de son violoncelle hiératique, instrument que sur un autre titre, elle empoigne gaillardement à bras-le-corps telle une basse électrique, slappant les cordes en démiurge impassible, tandis que Ronan Berthou, le seul garçon ayant rejoint le groupe, ponctue finement les morceaux, installés derrière une curieuse table d’école en bois truffée de wood-blocks, gongs et autres cymbales… En grande forme, les donzelles régalent le public autant qu’elles se régalent de ces belles retrouvailles, enquillant les titres mythiques : Dans les water-closets des dames, Nouche, Krik Manivelle, La chatte de monsieur Clock, Tonton Amedé, le roi incontesté du batifolage libidineux. Et puis, et puis, l’incontournable Miss Alzheimer, dont on peut légitimement se demander si elle se souviendra seulement de ces si beaux moments, de ce si beau concert dans cette si belle salle ?

Mais demain est un autre jour…

3 Réponses à La Cigale à tire d’Elles

  1. Norbert Gabriel 14 novembre 2015 à 17 h 06 min

    Salut,
    Tout est dit, et bien dit, j’ajoute que Louis Ville a aussi épinglé les bla-bla-bla des prédicateurs, (son nouvel album était enfin disponible « Louis Ville et les prédicateurs »… sous titré « Le bal des fous »…

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    • Norbert Gabriel 14 novembre 2015 à 22 h 17 min

      Patriiiick, rien sur la pharamineuse interprétation avec chorégraphie décalée (!) de « Made in Normandie » qui atteint avec Les Elles un sommet de la re-création ébouriffante??

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  2. Loula Burger 16 novembre 2015 à 15 h 48 min

    Tout à fait d’accord avec le regard de Mister Engel sur la prestation des Elles. Pascaline Hervet est une véritable comédienne interprète et Il faut avoir son joli grain de voix et de folie pour dire ou chanter des mots si espiègles, crus ou cyniques…. Et j’aimerai en savoir plus sur les instruments des gros bras qui était installés derrière son banc d’école au fond de la scène…. C’était une véritable performance et l’énergie nous a bel et bien été transmis. Des retrouvailles émues. Seul bémol : j’aurais aimé que Pascaline nous parle davantage, qu,elle nous présente ses musiciens, qu’elle nous évoque le choix de ce retour, qu’elle nous raconte la cobstruction des chansons par de petites anecdotes. Elle nous a remercié c’est déjà ça.

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