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Menelik connaît ses Qlassiks sur le bout de la voix

268x0wCe n’est pas tous les jours qu’un rappeur se voit chroniquer ici, dans ces pages aux enchanteurs dédiées. Voici Menelik, tout sauf un inconnu dans le genre. Remarqué dès 1991 dans le sillage de MC Solaar et d’une compilation produite alors par Jimmy Jay (Un petit rien de jazz y fait son effet), il publie son premier album, Phénoménélik, en 1995. Succès et d’emblée deux tubes, Tout baigne et Quelle aventure, qui lui valent les premières parties des concerts de MC Solaar, alors au mieux de sa forme, et une Victoire de la musique au titre de « révélation de l’année ». Si l’album suivant, en 1997, est un demi-succès, il en est tiré un single, Bye bye, qui lui fera un carton. Deux autres albums encore (en 2000 puis 2001) avant de se retirer de la musique et de tenter une carrière de producteur audiovisuel, pause interrompue furtivement en 2008 où, sous le nom de MNLK, il sort un album sous un label indépendant. En en cet automne 2017 où il nous sort Qlassiks, un album qui sincèrement mérite l’écoute et quelques bravos.

Menelik coule ici son art dans le creuset de grands classiques. Son rap ? Pour ma part je n’y entends que de la chanson avec, certes, quelques intonations qu’on prête au rap. Au slam aussi. Et un liant audacieux : celui du flamenco qui, contre toute attente, affirme sa parenté avec le beat. Deux possibles réactions, tout l’un ou tout m’autre. Ou vous jetez cette proposition musicale ou vous vous laissez pénétrer par ce cocktail ma foi séduisant qui, on l’imagine, pourrait pour une partie du public être sa première visite dans le monde de la musique classique. Et du rap, il s’entend.

En cette drôle d’année où les anciens du rap tentent quasi tous leur come-back, les IAM comme Doc Gynéco, JoeyStarr et d’autres encore, ce retour de Menelik (qui durant son absence faisait des affaires hors musique, en restauration comme en tenues sportives) est une bonne nouvelle. D’autant qu’il s’agit d’un rap de mots, de richesse de mots, d’habiles constructions, pas de faux-semblants, de postures et d’impostures, et que l’exercice qui est d’écrire des textes sur des airs archi-connus (de Litz, Bethoveen, Purcell, Saint-Saëns, Pachelbel, Chopin…) sans les altérer malgré son flow coutumier, n’est, en vérité, pas si simple que ça.

Sans caricaturer plus que ça, le rap a depuis longtemps oublié ses origines et sa colère pour que plus être qu’affaire de biznesse : la langue chargée y a fait place à la mauvaise haleine. Menelik participe par ce singulier album à redonner de la vigueur et du sens aux textes : « On m’avait dit d’aller voter / Et de mettre mon cerveau de côté / Choisir de quel côté me faire enfler » sur l’air de L’arnaque est réjouissant. Rien que pour ça, en fait pour tout l’album, on vous le recommande.

 

Le site de Menelik, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

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