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Emanuel Bémer, géographe des rapports hommes-femmes

La Scène, lieu de la grande réconciliation (texte extrait du projet du spectacle musical « Je est une autre ») Loin de vouloir imposer un avis, l’objectif de ce projet est de réfléchir et de faire réfléchir autour des relations entre garçons et filles – qui bien entendu vont préfigurer les rapports homme-femme - car si les méridiens bougent très vite dans cette grande et complexe géographie, c’est souvent à l’insu de chacun de nous et les ressorts à l’œuvre sont inconscients, tant chez la fille que chez le garçon, tous deux légataires d’une forme de domination, subie ou infligée. (…)Encore une fois le projet n’entend défendre aucune cause, pas plus celle des féministes, que des hommes – d’ailleurs nous n’entendons jamais le néologisme « masculinistes ». Car à force de parler de l’évolution de la place de la Femme, du continent noir de sa sexualité (rappelons que la première planche anatomique précise du clitoris date de 1998 quand l’appareil sexuel masculin nous est connu depuis la nuit des temps !) on met sous le boisseau l’évolution de la place de l’homme. Celui-ci se retrouve seul, perdu, sans repères. L’un dans l’autre, on parle de l’homme, de la femme, mais jamais des deux en même temps, jamais de l’entité à l’œuvre dans toute histoire d’amour et d’enfantement !

La Scène, lieu de la grande réconciliation
(texte extrait du projet du spectacle musical Je est une autre)
Loin de vouloir imposer un avis, l’objectif de ce projet est de réfléchir et de faire réfléchir autour des relations entre garçons et filles – qui bien entendu vont préfigurer les rapports homme-femme – car si les méridiens bougent très vite dans cette grande et complexe géographie, c’est souvent à l’insu de chacun de nous et les ressorts à l’œuvre sont inconscients, tant chez la fille que chez le garçon, tous deux légataires d’une forme de domination, subie ou infligée.
(…)Encore une fois le projet n’entend défendre aucune cause, pas plus celle des féministes, que des hommes – d’ailleurs nous n’entendons jamais le néologisme « masculinistes ». Car à force de parler de l’évolution de la place de la Femme, du continent noir de sa sexualité (rappelons que la première planche anatomique précise du clitoris date de 1998 quand l’appareil sexuel masculin nous est connu depuis la nuit des temps !) on met sous le boisseau l’évolution de la place de l’homme.
Celui-ci se retrouve seul, perdu, sans repères.
L’un dans l’autre, on parle de l’homme, de la femme, mais jamais des deux en même temps, jamais de l’entité à l’œuvre dans toute histoire d’amour et d’enfantement !

Parfois la chanson s’insinue aux débats. Plus rarement elle les anticipe, les amène ; souvent elle les prolonge, apporte ses arguments, témoigne, ajoute ses rimes à la prose publique. A ce titre, pour douze titres, le Je est une autre d’Emanuel Bémer pourrait ne pas passer inaperçu dans les actuelles joutes féministes qui se jouent à travers les grands médias. Lui porte sur scène sinon une réflexion au moins un constat. Sur scène et par un disque vers lequel tout amateur de chanson se devrait de tendre l’oreille, ne serait-ce parce que Bémer est un artiste de premier plan, méconnu mais c’est fréquent, qui s’inscrit dans la tradition d’une chanson où la qualité de l’écriture et de l’interprétation est primordiale. Sa voix, mais pas qu’elle, vous fera songer à Reggiani. Et, parfois, des intonations à la Guidoni, qui font chorus à sa théâtralité.

C’est un chanteur non qui change de sexe mais tente de se mettre dans la peau, dans le chromosome de l’autre, d’elle. « Tu mets une jupe t’es une pute / Tu mets un fut t’es une slut / Tu mets un perf’ t’es un mec / Un caraco t’es une bimbo / Un short léopard une cougar / Un décolleté une tassepé / Tu mets un jogging t’es une gouine / Tu mets un jean t’es une gouine… » Et, par là, porte aussi un regard sur la condition masculine, sur la place de l’homme avec un petit « h ».

Bémer est en recherche, en questionnements. Sur l’homme, sur la femme, leur place respective, sur ce chamboulement de leurs relations, plaques techtoniques mouvantes, émouvantes. Sur ces droits acquis par les femmes, si fragiles toutefois, qui à chaque instant peuvent être remis en questions.

Ce disque est étape d’un projet. Un projet scénique, certes, mais pas que. Prélude à des actions culturelles, ici et là : ateliers théâtre, ateliers chanson, ateliers d’écriture, ateliers voix, ateliers musicaux, rencontres-débat : « l’idée de ce projet est aussi de lancer un grand débat d’idées qui dépasse les frontières du théâtre ou du lieu qui l’accueille. De retrouver la qualité des forum romains ou des agora grecques ».

C’est par une saisissante supplique à son (futur) papa, recommandations et liste de commissions, que Bémer entame ce nouvel album – son cinquième -, album au long cours de plus d’une heure. « Tu sais bien les bébés savent tout / Avant d’arriver dans votre monde de fous / Un monde qui rendrait n’importe qui chèvre ». Une demande à papa, une question à maman, deux chansons déjà. Et cette autre, qui s’inscrit si bien dans un des actuels débats, Imagine être une femme : des risques de l’être actuellement « et ce que ça requiert comme part d’inconscience / et ce que ça recèle comme dose d’insouciance ». On ne dissertera pas ici sur chacun des textes, souvent superbes textes, qui chaque fois explorent un aspect de la féminité, inclus celle d’Un mec qui en a. Des avantages d’être femme, de l’handicap de l’être quand « On les lapide / On les défigure / On les brûle à l’acide / On les couvre d’injures / On les voile / On les viole / Comme des étoiles / Qu’on étiole ». On notera aussi une ode au clitoris, comme rarement la chanson a su en faire, par C’est une petite planète : « C’est la ruée vers l’or / La ruée dès l’aurore / Ma petite pépite… »

Ce disque est parmi ce que la chanson sait faire de plus intelligent. Ecoutez-le, faites-le savoir, faites-le entendre.

 

Emanuel Bémer, Je est un autre, autoproduit 2018. Le site d’Emanuel Bémer, c’est ici ; le projet intégral « Je est une autre », c’est là en pd . Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’Emanuel Bémer, c’est ici

Une réponse à Emanuel Bémer, géographe des rapports hommes-femmes

  1. Marie GUYOT 23 janvier 2018 à 22 h 44 min

    On a envie de le connaître encore mieux…et de l’écouter… Un article passionnant!

    Répondre

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