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Tout Caradec, sans dec !

37388351_1969248173113372_3224027225196068864_n5 CD. 117 chansons. L’intégralité de ses 8 albums et une poignée de raretés et d’inédits. Un livret regroupant témoignages, biographie et crédits. Vendu à un prix qui fait rire, voilà un magnifique coffret, à même de ravir tous les amoureux de la chanson telle qu’on la pratiquait dans les années 70.

L’artiste ainsi mis en valeur, c’est Jean-Michel Caradec. Les anciens se souviennent de lui pour quelques grands succès : Ma petite fille de rêve, Île ou La ballade de Mac Donald. Ajoutons-y La colline aux coralines, devenue un classique des cours d’école. Sans oublier la chanson qui l’a fait devenir (à son corps défendant ?) barde emblématique de sa contrée natale : Ma Bretagne quand elle pleut, encore reprise il y a quelques années par Nolwenn Leroy. Nul doute que d’autres titres seraient venus s’ajouter à cette courte liste si un tragique accident de voiture en juillet 1981 n’en avait décidé autrement.

La publication de cette intégrale tombe à pic pour permettre la (re)découverte de son œuvre foisonnante. Car bien que de brève durée (premiers 45 tours en 1969, à 23 ans), sa carrière fut dense, avec un album par an entre 1973 et 1981. De quoi nous en mettre plein les oreilles. L’occasion d’apprécier des morceaux dont le temps n’a guère altéré la qualité et de nous replonger dans cette époque dorée où naissait « la nouvelle chanson française ». On s’amusera d’ailleurs des similitudes avec d’autres artistes majeurs apparus à la même période. Avec Maxime Le Forestier, bien évidemment, dont le cousinage musical allait de pair avec l’amitié profonde qui les unissait (Jean-Michel Caradec a assumé nombre de ses premières parties de concert et l’on peut retrouver son Mai 68 sur l’album live de Maxime Olympia 73). Mais aussi avec Francis Cabrel (Le fil du funambule semble avoir été écrit par lui) ou Yves Duteil. Tous artistes venus à la chanson par la guitare folk de Dylan et la plume de Brassens.

On papillonnera à loisir parmi la centaine de chansons rassemblées là, goûtant à l’intemporalité de quelques-unes, se souvenant de certaines pour les avoir entendues jadis à la radio, et appréciant les autres comme des chansons neuves… Des chansons anciennes, parfois un brin démodées (l’anticonformisme soixante-huitard de Elle m’a dit non) mais dont les thèmes nous parlent toujours aujourd’hui : pollution des mers (Portsall, écrite après le naufrage de l’Amoco Cadiz), angoisse paternelle (Celui qui volera sa poupée), magie du spectacle (Le montreur d’ours), amours adolescentes (Dix ans de plus que moi), nostalgie de l’enfance (Qu’est-ce qui va rester)…

Musicalement, avouons toutefois notre préférence pour ses premiers disques, dont le folk flirtant avec la variété (arrangements de Jean Musy) est bien moins daté que le son pop-rock-synthés adopté pour les derniers disques.

Cette intégrale nous permet d’approfondir notre connaissance d’un artiste attachant et sincère, qui a su toucher les cœurs par une poésie simple mais pas simpliste, un romantisme naïf mais jamais mièvre, une fantaisie légère aux accents surréalistes… Lui qui nous a quittés bien trop vite, laissons-lui le mot de la fin, avec ce conseil de 1973 toujours d’actualité aujourd’hui : Mords la vie à pleines dents / Comme la pomme d’Adam / Le paradis n’existe pas / C’est toi qui le fera. Caradec éternel.

 

Jean-Michel Caradec, L’intégrale, EPM, 2018. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est ici.

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