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Francis Cabrel, amour… encore et encore

Francis Cabrel (photo Claude Gassian)

Francis Cabrel (photo Claude Gassian)

Treize chansons pour ce quatorzième album studio où Cabrel mène une forme d’introspection, associant veine intimiste, orchestrations justes, évocatrices, et défiance vis-à-vis d’une notoriété factice. Comme dans ces Bougies fondues où résonne un air de mélancolie, celle de l’amateur de blues qu’il est : « Si un jour je croisais au hasard d’un visage / Le chanteur que j’étais dans les bals de village / On se regarderait comme deux inconnus, la poésie / Il me dirait sûrement t’as dû en voir du monde / Il se pourrait pourtant qu’à la fin je réponde / C’est celui que j’étais qui me manque le plus ». Au son du bandonéon, associé aux guitares virtuoses.

Un album qui dit souvent une reconnaissance, des filiations. Pour un père, journalier devenu ouvrier, avec la chanson Te ressembler (où la trompette est de bonne compagnie). Pour Dutronc, « vieille canaille » embusquée en Corse, par cette chanson inattendue : « Les soucis / Les problèmes / N’en jetez plus la cour est pleine / On n’a rien à déclarer / Juste envie de se marrer ». Et toujours des chansons d’amour, la veine Cabrel depuis Petite Marie. Avec un surplus de sensualité, avec élégance.

Ne pas se fier surtout au premier extrait ("Te ressembler"), qui est le titre le moins bon de l'album et dont la musique ne met pas le texte en valeur. De belles chansons, qui abordent de vrais sujets. Rien d'anecdotique. Des traces d'humour, mais pas de dérision à tout prix. Ça fait du bien d'avoir de nouvelles chansons profondes à se mettre sous l'oreille, ça devient denrée rare. POL DE GROEVE

Ne pas se fier surtout au premier extrait (Te ressembler), qui est le titre le moins bon de l’album et dont la musique ne met pas le texte en valeur. De belles chansons, qui abordent de vrais sujets. Rien d’anecdotique. Des traces d’humour, mais pas de dérision à tout prix. Ça fait du bien d’avoir de nouvelles chansons profondes à se mettre sous l’oreille, ça devient denrée rare.
POL DE GROEVE

Cabrel convoque les poètes occitans qui inspirent pas moins de cinq titres. Depuis le temps qu’on le tient pour le « troubadour d’Astaffort », neuf siècles après les pionniers, Francis Cabrel rejoint et enrichit la tradition de l’amour courtois. Ouvert par un élégant quatuor à cordes, Rockstars du Moyen Âge, titre  inspiré par une expression de Claude Sicre (des Fabulous Trobadors), trace la route d’un album parsemé des nuances et richesses du Sud, de la grande Occitanie, de sa culture, de ses poètes. Et Cabrel de les citer, d’oser chanter en occitan : « Rockstars del Medio d’Atge / S’endavalèm de vos * (…) Jaufré Rudel, Guillaume, Bernard de Ventadour, Pèire, Bertran de Born / Cent autres troubadours / On veille à l’héritage / Guitare autour du cou »Formidable exemple de transposition contemporaine du mythe du pur amour, tout en tension avec la réponse des chœurs féminins, dans ce jeu Fort Alamour / Fort Alamo. 

Les sentiments font aussi de bonnes chansons… À l’image de cet À l’aube revenant, intense photographie apte à rendre le monde supportable, de Les beaux moments sont trop courts où les choristes donnent chair à la fugacité inspirante d’instants précieux.

Ça et le monde tel qu’il va. Avec un regard lucide mais tent[é] par l’esquive sur l’écologie (Jusqu’aux pôles) ou encore ce Parlons-nous, comme un manifeste pour l’art des balivernes bienfaisantes. En ce temps de confinement et de fermeture des libraires, comment ne pas saluer ce Difficile à croire où l’homme d’Astaffort dit son amour de la lecture. Et l’hommage au folk-singer James Taylor, par son J’écoutais Sweet Baby James, seul titre ici proposé en solo guitare. Cet album enregistré juste avant le premier confinement arrive à point nommé pour nous offrir sa poésie. Pour renouer avec l’optimisme. Malgré tout. ROBERT MIGLIORINI

Francis Cabrel, A l’aube revenant, Chandelle/Columbia/Sony Music 2020. Le site de Francis Cabrel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 * Nous descendons de vous

AVEC OU SANS L’ACCENT

Francis-Cabrel-Une-vie-en-chansonsAdmirateur des chansons de Cabrel, Thomas Chaline raconte les secrets de création d’une cinquantaine d’entre elles. Où l’œuvre raconte l’homme, le citoyen. « Je n’ai rien inventé ! déclarait modestement Cabrel sur M 6, C’est piqué à plein de monde. Je suis un petit-fils d’immigrés italiens, vivant en Occitanie, chantant en français des chansons américaines ». Façon de parler pour un timide. Cette plongée passionnante dans le répertoire Cabrel commence avec la chronique de Petite Marie. Chanson enregistrée deux fois. D’abord en 1977 avec l’accent du Sud. « Trop criant, trop sonore » jugent les programmateurs radios d’alors. Cette version ne passera jamais à l’antenne. Le chanteur accepte alors de réenregistrer en prononçant « à la parisienne ». Première étape d’un long chemin vers la reconnaissance. En 1991, Cabrel alors artiste confirmé, Petite Marie sort dans une version acoustique guitares-chœurs-percussions légères. Avec l’accent. Elle entre alors au top 50 et y reste durant quatorze semaines. RM

Thomas Chaline, Cabrel, une vie en chansons, éditions Hugo/Doc. 264 p., 16,95 euros

Te ressembler

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