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Henri Valette, 1952-2021

Henri Valette (photo Michel Pabiou)

Henri Valette (photo Michel Pabiou)

C’est l’histoire d’un type sympa, entier, résolu. Qui a toujours eu pour seconde compagne la chanson, même s’il a passé toute sa vie professionnelle aux télécoms, à poser des lignes, à les entretenir, en chantonnant il va de soi. A voir sa silhouette on savait qu’il gardait la ligne. Aux télécoms, il fut de surcroît syndicaliste CGT, représentant du personnel, très impliqué dans la défense de ses collègues. Un militant, dévoué et chaleureux.

Chaque week-end, il se muait en champion de boule lyonnaise. Savez-vous que l’équipe d’Ardèche est parmi les plus redoutées ? A la troisième mi-temps, c’est Henri qui de tous chantait le plus fort. Du Ferrat, du Brel, du Brassens…

A aimer à ce point la chanson, à fréquenter aussi les soirées et La Chansonnade de Pourchères, il s’est mis à chanter, d’abord en scènes ouvertes. Il devint vraiment chanteur, il y a sept ans, quand on lui décela le crabe. Du cancer au concert, il franchit le pas, réalise ce rêve. La chanson pour thérapie, la chanson plus forte que le cancer, qui lui donna comme un bonus, du rab de vie… De Pourchères à Viricelles, on l’a vu, avec ce physique de baladin aux cheveux fous.Et ce répertoire fait du meilleur de la chanson. Pensez, du Henri Tachan, du François Béranger, de l’Allain Leprest. Et Michèle Bernard, Anne Sylvestre, Marie Zambon, Michel Bühler, Jean-Louis Blaire, Yves Jamait, Éric Frasiak, Claude Semal, Rémo Gary, Frédéric Bobin, François Buffaud, Pierre Louki… Et un peu de ses propres chansons. Tous ces artistes il les a gravés dans son seul et unique disque, L’imprévu, sorti en début 2019, qu’il présenta entre autres à La Ferme-Théâtre, à Lablachère, lors de son ultime récital en fin août 2019, avec ses deux complices musiciens de scène que furent Jean-Marc Boucherie et François Buffaud. Cette Ferme-Théâtre dont il était un des fidèles, comme on le lit encore sur le site de cette place forte de la chanson ardéchoise : « Il est sur scène comme chez lui, forcément le public est comme chez soi. Il a toujours ce qu’il faut de poésie, coups de gueule, humour et tendresse pour nous émouvoir ». Un autre ultime concert était prévu en fin juillet 2020 mais n’a pu se tenir, compte-tenu de l’état de santé de l’artiste.

Henri Valette peuplait le quotidien de ceux qui, entre la Loire (il est natif de Saint-Étienne) et l’Ardèche où il résidait, étaient de toutes les soirées chanson ou presque, en spectateur, parfois en artiste où faisait montre d’un répertoire immense, immensément beau.

Après quinze jours sur son lit de mort, il a finalement cédé aux assauts du crabe. Ses copains, nombreux à son chevet, dont des artistes venus l’enchanter encore, ont depuis ce matin les yeux tout rouges, qui ruissellent d’une infinie tristesse.

 

« L’espoir » de Michel Bühler : Image de prévisualisation YouTube

« Singapour » de Frédéric Bobin : Image de prévisualisation YouTube

11 Réponses à Henri Valette, 1952-2021

  1. Marc Gicquel 3 février 2021 à 9 h 46 min

    Je ne l’ai jamais vu en spectacle mais sur scène ouverte à Barjac… Un type au visage souriant, doux… Nous communiquions un peu sur facebook, j’adorais son humanité… Je lui ai dit l’an passé « j’attends ton prochain spectacle et j’accours »…
    « L’espoir » qu’il chante si bien (de Bubu) nous fait vivre

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  2. Serge JOSEPH (Les Baladins) 3 février 2021 à 10 h 37 min

    Lorsque j’ai rencontré Henri, j’ai tout de suite apprécié l’homme, sa sympathie… On se croisait chaque année à Barjac, et à l’occasion, sous le chapiteau, au camping chez lui ou ailleurs, il poussait la chansonnette comme on dit, mais c’était de la grande chanson, celle que nous apprécions tous, et nous passions ainsi de bien agréables moments, l’amitié en bandoulière… Toutes mes condoléances à sa compagne et à ses proches…

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  3. Bernie Moës 3 février 2021 à 11 h 58 min

    Merci Michel pour cet hommage. Henri, un homme exceptionnel, on ne pouvait que l’aimer.

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  4. Pascal Guyot 3 février 2021 à 12 h 00 min

    Merci pour cet hommage… Il le mérite…

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  5. Cendrine Guinard 3 février 2021 à 12 h 01 min

    Merci Michel pour ce beau papier sur Henri… oui on a les yeux rouges et le cœur gros…

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  6. Hélène Piris 3 février 2021 à 12 h 02 min

    Merci pour lui Michel pour ce très bel article !!

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  7. Juton 3 février 2021 à 12 h 36 min

    Un artiste de talent, un homme de vie et de valeurs. . Apres Morice, voilà Henri quelques jours après. La « Grande Faucheuse » pourrait un peu oublier les poètes chanteurs.
    Amitiés aux « siens »

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  8. Nathalie Lillo 3 février 2021 à 15 h 27 min

    Merci Michel. Henri était un homme bon et lumineux. Je l’ai connu de loin, voici ce que je retiens de lui. Son sourire va manquer.

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  9. Sanlaville 3 février 2021 à 17 h 15 min

    Salut Henri
    On s’est peu connu. Mais je garde ton Sourire. Merci…!

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  10. Catherine Laugier 3 février 2021 à 19 h 27 min

    Quelle tristesse. Un bel interprète, avec un répertoire de tout ce qu’il y a de plus beau et humain dans la chanson française, pour lui amateur avait vraiment le sens de qui aime. J’espère que ses dernières heures auront été adoucies par la présence de ses nombreux amis dont des artistes qui avaient fait le déplacement de loin. Pensées très sincères pour tous ses proches.

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  11. NosEnchanteurs 4 février 2021 à 10 h 55 min

    Lu sur facebook, cet hommage de Frédéric Bobin :

    Mon ami, mon camarade, mon frangin…
    Tu sais, c’est dur d’écrire ces lignes, c’est dur de savoir que t’es parti.
    Ta voix va me manquer, à moi et à toutes celles et tous ceux qui ont la chance de te croiser un jour…
    Ta voix et ton sourire de gosse, tes yeux rieurs. Non mais quel sourire, quand même !
    Parfois tu prenais ton air bougon derrière lequel tu n’arrivais pas tout à fait à dissimuler ton immense sensibilité, ton infinie tendresse.
    Merci pour l’amitié, merci pour la pudeur.
    Merci pour les moments de partage, les duos improvisés.
    Merci pour cette fameuse soirée ardéchoise, « Chez Christiane » à Bise, en octobre 2014, où tu m’avais invité à chanter pour Evelyne et toi, et où j’avais eu la chance de rencontrer un certain François Buffaud.
    Merci pour ta version de « L’Espoir » de Michel Bühler et toutes les autres.
    Merci de m’avoir fait le cadeau d’interpréter ma chanson sur scène et sur ton album. Merci pour ton poing levé, aussi.
    Merci pour ton émotion à fleur de peau, merci (encore) pour ta voix et ton humanité.
    Quelle chance d’avoir pu croiser ta route…
    Tu vas nous manquer.
    Bon voyage, mon pote.
    Evelyne, je pense à toi et je t’embrasse très fort.

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