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Chants Ouverts 2023 : L’étonnant festival ! [1/3]

Pascal Mary (photo Karen Pringot)

Pascal Mary (photo Karen Pringot)

Saint-Vincent-de-Durfort, 24 & 25 mars 2023,

Que Ferrat ne cache pas sa montagne : l’Ardèche est terre d’artistes, et bien évidemment de chanteurs. Ils sont légions ceux qui ont fait le choix d’y demeurer. Terre de festivals aussi, tant qu’on se sait plus où donner de l’oreille. Le p’tit dernier mérite toute notre attention : celui de Saint-Vincent-de-Durfort : déjà une programmation de très haut niveau. Pour le public, il faudra encore travailler pour le faire venir plus nombreux.

En une journée et demi, huit concerts et une conférence. Laissons cette dernière, je n’aime pas me mettre en scène mais ce fut, ma foi, un bien joli moment. Je la redonne chez vous quand vous voulez.

Pour le premier regard sur les artistes de cette première édition, soyons rebelles, c’est un festival de chanson engagée après tout : commençons dans le plus parfait désordre, ça fera plaisir à Cardioïde Productions et à son animatrice, la chanteuse Robinsonne.

 

Pascal Mary and family

« La vie c’est beau, la vie c’est moche » : à peu de choses près, tel peut être le résumé de ce tour de chant de Pascal Mary. Aussi beau que la famille, aussi moche qu’elle. En la chantant, au passé comme au présent, Mary semble chanter la vôtre, la mienne, tant que c’en est confondant. C’est la tendresse et la cruauté intimement mêlées, émotions et corvées qui reviennent en nous, avec de vrais morceaux d’amour et de sincèrement bouleversant, des souvenirs qui nous envahissent, lui, nous. Lui le raconte avec talent et dérision ; nous, nous retenons ou non nos madeleines et nos pleurs, plus encore quand il chante Maman.

De son rire cruel (un mix d’Idées noires et de Fluide glacial si vous voyez…), Mary nous balance d’horribles vérités avec un naturel déconcertant. C’est un condensé de philosophie en rafales, formules qui tant mouche que nuées de mouches, trucs aussi ahurissants que vrais. Des moments de vie saisis au vol et restitués avec ce regard d’enfant qu’il est toujours.

Vous ne pouvez pas résister à Pascal Mary : il est imparable, il est trop bon, d’une voix si douce qui vous met en confiance, en confidence. Il vous tient par la barbichette, le premier qui chialera ou rira aura une tapette. De fait, on rit comme on pleure. Les deux sont de pur bonheur.

 

Matildy, qui vaut ce qu’elle veut

Mathildy (photo Karen Pringot)

Matildy (photo Karen Pringot)

Comment est-il possible qu’une telle chanteuse soit si peu connue, quasi inédite au générique des festivals chanson, alors que, d’évidence, elle est d’une prodigieuse puissance, d’un talent rarement égalé ? Matildy sera sans conteste la plus belle, la plus gigantesque prestation de ce festival.

Bien que j’en sois absent (dommage), elle égrène sa liste à la Prévert « des hommes que j’veux me faire / une liste pas ordinaire pour une drôle de ménagère ». C’est une gourmande, tentée par les promesses de septième ciel, qui « en veut encore », ogresse de la chose : que je sache, elle en a le physique (mais pourquoi donc n’a-t-elle pas chanté en co-plateau avec le Morel de la veille, rien que le plaisir de l’historique et hystérique photo des deux Shrek et la pertinence de leurs désirables propos ?). Car la dame a La Tête pied nu et « crâne dans [sa] nudité » : de fait, de toutes elle est identifiable, pelée qu’elle est comme un œuf, mais surtout en raison de son art où elle fonce tête baissée, à bousculer, malmener les convenances, constamment rechercher le désir et oser dire haut ce que taisent les autres. Avec naturel et froide détermination, surtout quand il s’agit d’abattre celui qui la bat. « Je suis solide c’est écrit sur mon front / Je suis lucide je sais faire le dos rond / J’n’ai peur de rien en tous cas je veux croire / Qu’même pas chagrin me met au désespoir ».

Matildy est une tornade, tant qu’on se demande si elle ne serait pas en parenté avec Juliette la Toulousaine. Elle n’a a priori besoin que d’un clavier et d’un ukulélé : en elle-même elle est orchestre et fanfare à tout va, elle est monumentale. « J’en veux encore, de la chaleur / J’en veux encore, de la douleur / J’en veux encore, d’la vibration / J’en veux encore, d’la sensation » chante-t-elle encore. Ça tombe bien, nous aussi nous en voulons encore, d’la Matildy. S’il vous plaît, mettez-là au cœur de vos prochains festivals où j’y viens plus !

La transition entre Matildy et Pascal Mary (deux voisins qui se produisent là en circuit court) s’est faite d’un duo entre eux sur Une sorcière comme les autres, sans doute le plus grand moment de ce festival. Que celui qui n’a pas pleuré à cet instant précis lève le doigt, les autres sont des menteurs !

 

Le site de Matildy, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Le site de Pascal Mary, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

Matildy « Solide » : Image de prévisualisation YouTube

Pascal Mary « Du vide plein les poches » : Image de prévisualisation YouTube

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