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Mouhet 2023. Mèche, c’est de l’or !

Mèche à Mouhet (photo Nadine Le Roscouet)

Mèche à Mouhet (photo Nadine Le Roscouet)

 

28 mai 2023, Festiv’en marche, Grange Fernand-Maillaud à Mouhet,

 

Concert un dimanche après-midi avec un peu moins de public que celui de la veille, de celui de ce soir. C’est dommage car ce fut un des grands moments de ce Festiv’en marche : tout en grâce. Total engagement, l’intonation, le geste, tout participe à donner vie aux textes. Dire ça peut paraître banal mais ça m’a été rarement aussi vrai qu’avec Mèche.

« Est-ce que tu l’entends cette bête / Celle qui se blesse et qui reste muette / Je ne suis qu’un corps qui crie / C’est un ventre qui commande ma vie ». Toutes ses chansons sont à la premier personne, le « je » est son implication, il est sa confession. Elle ne triche pas et ça se sent. « C’est de l’or » chante-t-elle. C’en est effectivement. C’est une artiste au terme de son apprentissage, en pleine possession désormais de son art, elle et entière, qui est là devant nous. Osons sans risque affirmer que nous avons là une chanteuse qui va compter. « C’est de l’or / Qui s’est installé dans mes mains / C’est de l’or / C’est une pépite que je tiens. »

Un seul titre reprise à un répertoire autre, un des très grands moments de ce festival : Une sorcière comme les autres. C’est beau, beau… Puisqu’elle la chante, Mèche parle de cet atelier sur « l’invisibilité des femmes » initié et animé par Anne Sylvestre. Et de cette chanson qui est née sous sa plume : « Qu’on ne parle plus d’elles / Qu’il n’y en ait plus une trace / …et qu’on m’apporte le pastis ! » Quand vous écoutez ça et que vous êtes mec, vous ne mouftez pas, au mieux je me rassure de n’être que buveur de muscat.

MICHEL KEMPER

 

D’un nouvel album de Mèche, de ce concert et d’un autre, nous en avons tiré ce « dossier Mèche ». Elle mérite. Vous la retrouverez en ouverture de festival Barjac m’en chante.

 

Mèche l’album, la glace et le feu

CD mecheQuatorze titres pour le nouvel album de Mèche, qui dans ses textes se met à nu. La chanson quasi éponyme est tout un programme, un aveu douloureux « Je deviens l’inconnue / Qu’il est grand ce désert / Et que cette fièvre me tue ».
Si beaucoup de chansons poignantes parlent d’amours qui ne durent pas, avec une urgence absolue
« Couler couler je le fais bien… Et si tu ne me tends plus la main… Je nagerai pas longtemps », Mèche équilibre l’album avec des ballades plus sereines, quasi lyriques, comme C’est de l’or, La maison et son arc-en-ciel, ou cet ange passe, avec son injonction troublante, « Tais-toi si t’es un homme ». Et, se faisant plus légère, l’humour bienvenu de ses jeux de mots, sers-moi – serre-moi.
C’est que tout
en adoptant une posture rock, avec aux guitares Jeff Kellner et Abdella Souni (à la direction artistique, et également à l’orgue), à la batterie Jean-Michel Pires, elle n’abandonne pas le piano, tenu par Nathalie Fortin, ni le violoncelle (Isabelle Vuarnesson) qui replacent l’ensemble dans la chanson française, en rajoutant rondeur et émotion à l’énergie rock. Le roi des menteurs est particulièrement significatif à ce sujet, avec son jeu pourtant de jolis cœurs. Mèche est aussi habile à nous faire entrer dans ces relations toxiques, qu’à manier les mots et les métaphores dans un sens inattendu avec ce Bleu qui, loin d’être signe de paix, s’accorde au bruit des bottes. Les ballades les plus calmes sont des combats, de la gâchette sur laquelle appuyer, « animée de rage », à cette prière grinçante à la lune « Première dent contre le monde ».
Avec force, avec émotion, Mèche a trouvé les mots qui s’accordent à sa voix si émouvante, pour hurler la souffrance de son âme, de son corps
« Une vague, un océan / Une houle de larmes et de sang », pour aussi célébrer la vie, sa beauté si fragile dans le magnifique poème qu’est Ce qui est éphémère, comme un chant de la nuit des temps, et les mots pour le dire « Je me souviens d’être tombée à la renverse / Moi qui croyais être là entre deux averses / Assommée par un soleil blond de sa lumière ».
On ne sort pas intact de cet album puissant et tendre qui vous prend littéralement au cœur pour vous amener Droit devant. Plus loin, sans regarder derrière.

Mèche, Rêver, EPM 2023.

CATHERINE LAUGIER

 

Mèche, concert de pré-album

Aix-en-Provence, le Petit Duc le 26 janvier 2023,

Mèche à Aix-en-Provence (photo Catherine Laugier)

Mèche à Aix-en-Provence (photo Catherine Laugier)

Après beaucoup d’épreuves, la perte de son frère qui l’accompagnait souvent en concert à la guitare, victime de la barbarie au Bataclan, celle de sa grand-mère fin 2020, et dont elle défend maintenant la mémoire, et en parallèle la longue parenthèse du covid, il a fallu beaucoup d’énergie à Clémence Chevreau pour remonter la pente, retrouver l’envie et la force d’écrire, composer, chanter. C’est Abdella Souni qui l’a aidée à revenir à la chanson, en préparant son premier album long dans une version plus rock, tempérée par le piano et le violoncelle.

Pour présenter en avant-première son album qui sortira en juin, Mèche était en trio, elle à la guitare avec Abdella Souni aux guitares additionnelles et Jean-Michel Pires à la batterie, dans une version plus rock que l’album lui-même. Sur scène elle a réussi à affronter ses cauchemars, en commençant ce Rêver par La maison « Comme une couronne là posée sur la peau les frissons », suivie d’une chanson plus légère, Garçon : « Sers-moi n’importe quoi mais dépêche / C’est trop long / Vite de l’eau pour rafraîchir la mèche / Un glaçon ».

Suivront des chansons de fin d’amour, amours flouées ou ignorées, et cette plainte qui vous prend littéralement aux tripes « Je ne suis qu’un corps qui crie / C’est un ventre qui commande ma vie / Et chaque fois chaque fois et chaque mois / Il y a une autre moi qui s’empare de moi ». De ce cri on sort pratiquement en état de sidération. Pourtant elle finira sa session sur un chant modulé, avec de doux passages de guitare, une voix qui alterne le parlé, le chanté, des vocalises, et de furieux solos de batterie. Comme la vie entre douceur et fureur, entre rêve et cauchemar « Dans le doute je vais garder mes yeux fermés / Peut-être que le ciel s’est effacé depuis ».

Les prémices d’un album fort, à régler pour que la configuration rock empiète moins sur la voix de Mèche, si bouleversante. Encore quelques mois et l’équilibre sera parfait.

CATHERINE LAUGIER

 

Le facebook de Mèche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle.

 

« Nage », Montcuq 2018 : Image de prévisualisation YouTube

Extraits du spectacle « Rêver » en public au Petit-Duc à Aix-en-Provence, 2023 : Image de prévisualisation YouTube

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