Un kilo de Leprest pour ses soixante-dix piges
C’est un bien beau cadeau d’anniversaire, pour les soixante-dix piges du bonhomme : il soufflera ses bougies par les racines, qu’importe. Ce livre est un vieux projet du tenace Didier Pascalis, ce monsieur qui ne ménage aucun effort pour que son ami Leprest soit toujours à la une, tentant sans repos ni répit « de lui faire une place dans la mémoire collective ». On sait que, longtemps Gérard Meys, l’éditeur des premières chansons de l’Allain (les deux premiers albums), rechignait à un tel projet… Qui, finalement, existe.
Toutes chapelles de la chanson confondues, on tient l’intégrale des textes de Brassens pour être « la bible ». En voici une autre, aussi indispensable, qui vient de sortir chez L’Archipel : l’intégrale des chansons d’Allain Leprest. Avec en couverture la célèbre photo au coquelicot d’Isabelle Labat-Castaing qui avait déjà fait la pochette du double CD-DVD Chez Leprest volume 2. Entre nous, ce livre est un trésor.
De son premier titre enregistré, Mec, en 1986, au dernier, Les Rues du monde, gravé par Jehan en 2023, tout y est, qu’on peut lire sur papier, sans musique, et constater que les paroles toutes tiennent la route.
Car l’éditeur et Didier Pascalis ont fait de concert le choix de ne rassembler dans cet ouvrage de plus de six cent pages que des chansons gravées sur disque, par Leprest ou par ses interprètes, ce qui nous prive de pas mal de textes : ne dit-on pas qu’il aurait écrit près de mille chansons ? Cela nous vaudra-t-il, un jour, un autre tome ? « Peut-être ceux qui les possèdent accepteront-ils un jour que tout le monde puisse y accéder » espère Pascalis.
Toujours est-il qu’on peut enfin soupeser notre bonheur : le bébé fait 995 grammes ! Un kilo de talent surnuméraire, un kilo qui pèse dans l’Histoire de la chanson française même s’il ne fait pas grand poids dans les choix discutables car franchement médiocres et serviles des programmateurs radios et télé.
Maquette sobre, irréprochable, digne d’un classique de l’édition (visiblement, l’éditeur L’Archipel a mis ses habits du dimanche pour l’occasion).
Et pas mal de préambules. Pas de verbiages inutiles, oh non. Mais des contributions précieuses et érudites : du producteur Didier Pascalis qui s’est consacré entièrement au développement de la carrière d’Allain Leprest, de la sociologue-musicologue Cécile Prévost Thomas, du musicologue Pascal Pistone et de la maîtresse de conférences Céline Pruvost. Que des regards bienveillants, précis et pertinents, savants même, qui apportent à ce déjà remarquable ouvrage un plus non négligeable.
Discours de Claude Lemesle à l’enterrement de Leprest en guise de postface, repères biographiques, discographie complète, repères bibliographiques et « quelques raretés » complètent cette édition.
Robert Migliorini, de NosEnchanteurs, reviendra dans la semaine sur ce livre par un entretien avec Didier Pascalis.
Allain Leprest, Donne-moi de mes nouvelles, L’Archipel 2024, 612 pages, 28 euros. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Leprest, c’est là.
Récentes publications aux éditions de L’Archipel, nous vous suggérons particulièrement le « Alain Souchon, La vie, c’est du souvenir et du théâtre » de Jean-Dominique Brière, le « Michel Polnareff, Un prince en otage » de Ludovic Perrin et, même si elle remonte à il y a quelques mois, la pertinente réédition du passionnant « Jane Birkin, A fleur de peau » de Frédéric Quinonéro.
« Donne-moi de mes nouvelles » :
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