Barjac 2024 : Barcella, plus haut, plus beau
Sauvé dans En scène, Festivals
Tags: Barcella, Barjac 2024, Nouvelles
1er août 2024, Barjac m’en chante, Esplanade Jean-Ferrat,
« Sur tous les chemins de traverse / Dans toutes les larmes de l’automne / J’ai cherché la perle dans le cœur des hommes… » C’est un grand enfant, un tendre utopiste, d’un univers qu’il gravit chaque fois du haut de ses cubes, de ses promontoires, jeux de construction qui appelle la grandiloquence autant que l’éloquence, comme pour mieux voir venir, pour mieux dire. Lui c’est Barcella qui, certes avec appréhension, depuis longtemps guettait, scrutait Barjac, comme un sensuel et périlleux objectif, une famille à rejoindre. Il y est, qui plus est sur la grande scène pour en faire la clôture, où comme partout il prend de la hauteur. C’est plus qu’un honneur pour lui ; ça l’est tout autant pour nous. On ne l’y connaît pas plus que ça : à lui de se surpasser, de mettre la barre haute, un cube de plus sans doute.
La teneur de son nouvel album est cependant bien plus douce que les précédents. Pas de faste cette fois, beaucoup de retenue : c’est un poète lunaire qui s’expose à nous. Le ciel est grandement étoilé, la toile de fond est raccord, la canicule a la politesse de se faire moins oppressante : « Et crois en ton étoile / Passés les nuages le soleil t’attend mets les voiles ».
Devant nous, le clown est radieux, sympa, prévenant, précieux même, à l’adresse du public, les mots courtois et, même susurrés, bien articulés, ce qui est autre forme d’infinie politesse. Si l’artiste qui l’a précédé a laissé ses marques, lui est dépositaire d’un tout autre univers, presque à l’autre bout, fait de poussières d’étoiles : à l’issue de ce tour de chant, nous en aurons plein les yeux. Et la tête remplie de vers, d’onomatopées, de gimmick à vertu pédagogique, de choses oh combien pétillantes et piquantes (eh, un chanteur à barbe, ça pique !).
« Combien de rêves faudra-t-il planter ? / Le jour se lève et je ne trouve pas / Combien de mers faudra-t-il traverser ? / Mauvais élève, je reste planté là ». Le phrasé, le grain si particulier de sa voix, l’empathie, tout par cet artiste est différent, qui occupe dans la chanson une niche pas ou peu fréquentée. Comme une fragrance encore inconnue ici, qui manquait au paysage. « Donne / C’est là tout ce qu’il nous reste / Donne pour la beauté du geste / Donne aux rêveurs alentours / Touche les cœurs par amour » : c’est une ode à la tolérance, au vivre-ensemble aussi, soit l’exact opposé de son presque homonyme (je le dis à l’intention de mon correcteur automatique qui, bordel, souvent me propose le nom du sinistre facho en lieu et place de celui du poète). Barcella est un lutin bondissant et facétieux, humaniste et amoureux, entre tous lumineux. Un chanteur pas comme les autres qui s’apparente aux magiciens, tirant de sa casquette des mots plus gros, plus beaux. Idéal pour clore un tel festival où chaque fusée a semblé plus belle que la précédente.
Le site de Barcella, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Oui, effectivement, Barcella a donné le meilleur de lui-même avec talent, délicatesse dans un bel écrin de tendresse