Soham, traits de vérité

Soham : Christian Laborde et Dalila Azzouz Laborde (photo non créditée)
Leur précédent album remonte à il y a plus de douze ans (qu’ils avaient doublé d’un autre enregistré en public pour mieux fêter alors leurs vingt ans d’activité). Revoici le duo Soham, à savoir Dalila Azzouz-Laborde (au chant) et Christian Laborde (guitares, guitalele, résonateur et bouzouki) dans un délectable album dont les douze titres tiennent au hasard de l’existence, relatés ici comme on le ferait sur un journal de bord, consignant tant des chroniques vécues ou non, des émotions, colère, impressions… Avec pour dénominateur commun unies la voix franche, mélodieuse et parfois haut perchée de Dalila, sur des paroles partagées entre elle, François Ayres, Jean-Pierre Lacombe, André Calvet, Martine Amaudruz, Marcel Cassoudebat et Hélène Cadou (1). Beaucoup de plumes et une tonalité presque commune, sincère, vivifiante.
Pour premier titre et loin de ceux d’antan, Dalila nous entretient des vampires de maintenant, « des personnes aux piètres manières / qui manipulent leurs congénères », ceux qui profitent de nos faiblesses, de notre distraction : un miroir dans lequel, victimes, nous nous reconnaîtrons.
Au second, un voisin et quelques affidés font grand saccage dans une ferme. Puis c’est un gamin affublé d’un vélo qui évoque des souvenirs surgis du passé (« Tourne, tourne, tourne, tourne minot / Tournent les roues de ton vélo / C’est l’horloge du temps qui nous met chaos / Au rayon de l’antan, le compteur à zéro »). Autant de titres, autant de pages, et pas que du papier jauni.
Chapitre émotion, on retiendra plus particulièrement Le Ballon rouge qui évoque la disparition d’Allain Leprest : « Il s’envole, le ballon rouge / Tout au dessus des rouges toits / Et si tu m’offres un dernier rouge / Je reste avec toi ». Il faudrait songer à recenser les chansons qui lui ont déjà été consacré, ça doit en faire pas mal, toutes puissantes, comme celle-ci…
Tout ici est douceur dans l’interprétation, souvent dans les textes, telle une marque de fabrique de Soham. Comme ce délicieux Éphémère qui s’écoute sans fin, sans faim non plus : « Caresse de l’aube, un murmure / Une étreinte tendre, un souffle / La lumière embrasse tout l’univers / Éphémère ». Dans cette chaleur, j’allais dire cette foi : « L’essentiel c’est la flamme que tu portes tout en toi ». C’est peut être d’ailleurs dans le presque indéfinissable, le sensible, que Dalida et Christian excellent le plus, dans ces chagrins infinis ou routes indéfinies, quand leur chant, leurs notes s’étirent, qu’ils nous font les plus beaux des rendus. Tout ici est palpable, tout sent le vrai : « Dis-moi, sage Sophie / Pourquoi a-t-on perdu / Fil du temps, pli à pli / Langage vrai, langage nu / Sans manteau ni parure / Ni caresse ni dorure / Ce trait de vérité / Dis-le moi s’il te plaît ».
(1) Et des musiques partagées entre Dalila Azzouz Laborde, Christian Laborde, François Ayres, Jean-Pierre Lacombe, Hervé Dessaux et Martine Caplanne.
Soham, Toi que le hasard, Macca Music 2024. Le site de Soham, c’est ici.
Cet album est un petit joyau.